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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/783

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projettant les siecles les uns sur les autres, réduisant à rien la distance qui les sépare, le nom célebre d’un homme de bien se trouve deshonoré par la multitude des méchans qui l’ont osé prendre après lui ; un seul homme est chargé de l’iniquité d’une infinité d’autres. Les rois de Perse s’appelloient palibotres, comme les rois d’Egypte Pharaon, comme les rois de France aujourd’hui Louis.

PALICA, (Géogr. anc.) ville de Sicile selon Diodore & Etienne le Géographe. On en voit les ruines sur une hauteur au nord oriental du lac appellé Palicinus Fons, & Palicorum lacus ; c’est ce lac que les anciens nommoient stagnum Palicorum ; ils éprouvoient la vérité des sermens, en jettant dans ce lac des tablettes sur lesquelles le serment de celui qui juroit, étoit écrit ; si les tablettes s’enfonçoient, on le regardoit comme un parjure ; & si elles surnageoient, son serment passoit pour véritable. La ville Palica prit son nom d’un temple bâti dans le voisinage, & dans lequel on rendoit un culte aux dieux Palices.

PALICE, la (Géogr. mod.) petite ville de France dans le Bourbonnois, sur la Besbre, entre Paris & Lyon. Il s’y tient plusieurs foires & marchés ; mais on n’y compte pas 400 habitans. Long. 20. 57. lat. 46. 33.

Palices, Dieux, (Mythol.) Palici dii, ces dieux Palices sont fort inconnus. Ils étoient fils de Jupiter & de la nymphe Thalie. Ce maître des dieux, dit la fable, craignant tout des emportemens de Junon, cacha sous terre son amante pendant le tems de sa grossesse. Elle ne reparut qu’après l’avoir fait pere de deux jumeaux. Dans la suite, les habitans de la Sicile les choisirent pour leurs dieux, & leur bâtirent auprès de la ville de Palica un temple magnifique qui en avoit pris son nom. Leur autel devint l’asyle des malheureux, & en particulier des esclaves fugitifs.

Diodore dit que dans le temple de ces dieux, on prêtoit les sermens qui regardoient les affaires les plus importantes, & que la punition suivoit toujours le parjure. La persuasion, ajoute-t-il, où l’on est de la sévérité des divinités qui l’habitent, fait qu’on termine les plus grands procès par la voie seule du serment, & qu’il n’y a point d’exemple que ces sermens aient été violés. Quelquefois on écrivoit son serment, qu’on jettoit dans un bassin d’eau, & le serment surnageant, l’accusé étoit absous. Il y avoit dans le voisinage de Palice, un lac appellé Palicorum stagnum, où l’on imagina d’éprouver de la même maniere la vérité des sermens. Le temple de Trézoene étoit aussi fameux par de pareilles épreuves. On trouve encore au bout de l’orient, dans le Japon, des usages semblables, fondés sur la simplicité des premiers tems, & sur la superstition commune à tous les peuples.

Enfin on juroit en Sicile, le long du fleuve Simethe, par les dieux Palices.

Simætheia circùm,
Flumina, pinguis ubi & placabilis ara Palici.

Æneid. lib. IX. v. 584.

PALICOURS, les (Géogr. mod.) peuples sauvages de la France équinoxiale, entre les rivieres Epicouli & Agairi. Ils sont bien faits & affables envers les étrangers, que la traite du Lamentin attire chez eux.

PALICOT, ou PETIT PALET, s. m. terme de pêche, usité dans le ressort de l’amirauté de Bordeaux, est proprement une espece de cibaudiere, ou bas parcs. Voyez Cibaudiere, Bas Parcs, & Palet.

La pêche du palicot est la diminutive de celle du palet, dont on a fait la description à l’article Palet ; elle n’en differe qu’en ce que les lieux & les fonds du terrein où les pêcheurs la pratiquent, sont va-

riables, & que ceux qui la font, plantent leurs petits

pieux à chaque fois qu’ils veulent tendre leurs filets ; pour cet effet, ils embarquent dans une tillolle ou pinasse, avec les filets qui doivent servir à la tessure du palicot, les pieux qui leur sont nécessaires. Cette petite tente se fait le long des bords des canaux ou cheneaux, dans les crassats ou petites gorges, dont la baie est toute bordée. Quand les pêcheurs ont reconnu par les traces du poisson, les lieux qu’il fréquente, ils plantent leurs pieux ou petits paux en demi-cercle ; & comme c’est toujours dans des lieux unis & plats, ils forment aux bouts de la tente plusieurs tours de rets qui sont amarés à la tête des pieux, & arrêtés par le bas avec des crochets de bois de distance en distance, comme le filet du grand palet ; le poisson qui s’en retourneroit par les bouts de la tente se trouve ainsi retenu, parce qu’en suivant toujours le filet pour sortir & rencontrer un passage, il y est insensiblement arrêté jusqu’à la basse mer, qu’il reste alors à sec dans la pêcherie.

Cette pêche avec des rets d’une maille de deux pouces en quarré, ne pourroit faire aucun tort ; mais avec de petites mailles & très-serrées, il est certain qu’elle sera du-moins aussi nuisible que la seine & le coleret. Comme elle se fait sur les fonds plats, soit de sable, soit de vase, qui sont dans les fonds des gorges & des canaux, elle y détruit tout le fretin & le poisson du premier âge qui y éclôt & s’y multiplie d’autant mieux, que les côtes de la grande mer & de la baie ont les bords en talus, & les eaux si profondes, que le petit poisson n’y peut sejourner, en est même chassé & contraint de se réfugier dans le fond du bassin, où les vents ne levent jamais les lames, comme à la côte & à l’entrée des passes, où les tentes du palicot ne se peuvent aucunement pratiquer.

La tente du palicot est la même que les cibaudieres non flotées, ou montées sur piquets des pêcheurs flamands & picards, & les tessures & tessons des pêcheurs bretons. Les uns & les autres font à peu-près leurs pêches de même, à la différence que les premiers ne se servent point de bateaux, qu’ils font pêche à pié, & qu’ils ne tendent leurs rets qu’aux bords de la grande côte, & souvent même plus à la basse eau, que ne sont placées les pêcheries exclusives construites sur les greves & les sables de la mer.

PALIER, ou REPOS, s. m. (Archit.) c’est une espace ou une sorte de grande marche entre les rampes & aux tournans d’un escalier. Les paliers doivent avoir au moins la largeur de deux marches dans les grands perrons, & ils doivent être aussi longs que larges, quand ils sont dans le retour des rampes des escaliers.

On appelle demi-palier, un palier qui est quarré sur la longueur des marches. Philibert Delorme nomme double marche, un palier triangulaire dans un escalier à vis.

Palier de communication ; on appelle ainsi le palier qui sépare & communique deux appartemens de plein pié.

Palier circulaire ; c’est le palier de la cage ronde ou ovale, d’un escalier en limace.

PALIFICATION, s. f. (Archit. hydraul.) c’est l’action de fortifier un sol avec des pilotis. Dans les endroits humides ou marécageux ; on enfonce ces pilotis avec un mouton, afin qu’on puisse bâtir dessus en toute sureté.

PALILIES, s. f. (Mythol.) fêtes célébrées en l’honneur de la déesse Pales, que les bergers prenoient pour leur divinité tutelaire, & celle de leurs troupeaux chez les Romains. On célébroit tous les ans le 19 Avril ces fêtes dans les campagnes. Ce jour-là les paysans avoient soin de se purifier avec des parfums mélés de sang de cheval, de cendres d’un jeune