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veau qu’on avoit consumé dans le feu & de tiges de feves. On purifioit aussi les bergeries & les troupeaux avec de la fumée de sabine & de soufre ; ensuite on offroit en sacrifice à la déesse du lait, du vin cuit & du millet. La fête se terminoit par des feux de paille, & les jeunes gens sautoient par-dessus au son des flûtes, des timbales & des tambours. Ovide qui décrit au long toutes ces cérémonies, liv. IV. des fastes, ajoute qu’à pareil jour, Remus & Romulus avoient jetté les premiers fondemens de Rome. Cependant Manilius & Solin assurent que la premiere construction de cette ville se fit en automne. Quoi qu’il en soit, les palilies étoient fixées au mois d’Avril, & l’on en faisoit aussi la solemnité dans les villes, mais avec moins d’appareil qu’à la campagne, où on les croyoit très-salutaires pour écarter loin des bestiaux les loups & les maladies.

PALILICIUM, s. m. (Astronom.) est le nom d’une étoile fixe de la premiere grandeur dans l’œil du taureau. On l’appelle aussi aldebaran, & ce dernier nom est aujourd’hui plus en usage. Voyez Aldebaran & Taureau. Voyez aussi Ascension & Déclinaison, vous y trouverez l’ascension droite & la déclinaison de cette étoile pour le milieu de ce siecle.

Pline donne le nom de palilicium aux hyades, dont palilicium est une étoile. Voyez Hyades. Chambers. (O)

PALIMBUAN, ou PALEMBAN, (Géograph. mod.) ville capitale d’un royaume de même nom, dans l’île de Sumatra, sur sa côte orientale. Long. 122. 45. lat. mérid. 3. 8.

PALINDROME, s. m. (Belles Lettres.) sorte de vers ou de discours qui se trouve toujours le même, soit qu’on le lise de gauche à droite, soit qu’on le lise de droite à gauche. Voyez Retrograde.

Ce mot est grec, παλίνδρομος, retro currens, courant en arriere, formé des mots πάλιν, de nouveau, & δρόμος, course.

On en cite pour exemple un vers attribué au diable.

Signa te, signa temerè me tangis & angis
Roma tibi subitò motibus ibit amor.

Mais des gens oisifs ont rafiné sur lui en composant des vers dont les mots séparés, & sans enjamber les uns sur les autres, sont toujours les mêmes de gauche à droite, ou de droite à gauche. Tel est l’exemple que nous en fournit Cambden.

Odo tenet mulum, madidam mappam tenet anna,
Anna tenet mappam madidam, mulum tenet odo.

PALINDROMIE, s. f. (Médec. anc.) παλινδρομία, de πάλιν, de rechef, & δρέμω, courir, terme employé par Hippocrate & autres médecins grecs, pour signifier le retour ou reflux contre nature, des humeurs morbifiques, vers les parties intérieures & nobles du corps. Le remede est de les attirer de nouveau aux parties extérieures, d’en corriger la nature, & de les évacuer. (D. J.)

PALINGENESE, secret pour ramener des choses détruites à leur premier état ; on s’en sert non-seulement à l’égard des corps destitués d’organes, mais encore à l’égard des plantes, & même des animaux.

A l’égard des corps destitués d’organes, les Chimistes prétendent que par leur art, on peut faire revenir un corps qu’on a détruit par le feu, & lui rendre sa premiere forme. Olaüs Borrichius dit que du vif-argent, qu’il avoit tourmenté durant un an entier par plusieurs feux, jusqu’à le réduire en eau, turbith, cendre, reprit sa premiere forme par l’attraction du sel de tartre. Il assure encore que le plomb étant reverberé en mercure, fondu en verre, réduit en ceruse, brûlé en litarge, reprend pareillement sa premiere forme dans un moment, quand on lui applique

avec adresse un sel lixiviel. Cela ne peut se faire par ce moyen, mais bien par toute matiere grasse. M. Boyle a reconnu que le nitre se restitue, & se révivifie de maniere qu’après l’avoir fait passer par une longue suite d’opérations, il s’est à la fin retrouvé en son entier poids pour poids.

A l’égard des Plantes, écoutons M. Digby, (De la végét. des Plantes, part. II. p. 64.) grand admirateur des miracles de la palingénésie. « Nous pouvons, dit-il, ressusciter une plante morte, la rendre immortelle, & en la faisant revivre du milieu de ses cendres, lui donner une espece de corps glorifié, & tel, pour ainsi dire, que nous espérons voir le nôtre après la résurrection. Quercetan, médecin du roi Henri IV. nous raconte une histoire admirable d’un certain polonois, qui lui faisoit voir douze vaisseaux de verre, scellés hermétiquement, dans chacun desquels étoit contenue la substance d’une plante différente ; savoir dans l’un étoit une rose ; dans l’autre une tulipe, & ainsi du reste. Or il faut observer qu’en montrant chaque vaisseau, on n’y pouvoit remarquer autre chose, sinon un petit amas de cendres qui se voyoit dans le fond ; mais aussitôt qu’il l’exposoit sur une douce & médiocre chaleur, à cet instant même il apparoissoit peu-à-peu l’image d’une plante qui sortoit de son tombeau ou de sa cendre ; & dans chaque vaisseau les plantes & les fleurs se voyoient ressuscitées en leur entier, selon la nature de la cendre, dans laquelle leur image étoit invisiblement ensevelie. Chaque plante ou fleur croissoit de toutes parts en une juste & invisible grandeur, sur laquelle étoient dépeintes ombratiquement leurs propres couleurs, figures, grandeurs, & autres accidens pareils ; mais avec telle exactitude & naïveté, que le sens auroit pû ici tromper la raison, pour croire que c’étoit des plantes & des fleurs substantielles & véritables. Or dès qu’il venoit à retirer le vaisseau de la chaleur, & qu’il l’exposoit à l’air, il arrivoit que la matiere & le vaisseau venant à se refroidir, l’on voyoit sensiblement que ces plantes ou fleurs commençoient à diminuer peu-à-peu, tellement que leur teint éclatant & vif, venant à pâlir, leur figure alors n’étoit plus qu’une ombre de la mort, qui disparoissoit soudain, & s’enveloppoit de rechef sous les cendres. Tout cela, quand il vouloit approcher les vaisseaux, se réitéroit avec les mêmes circonstances. Athanase Kircher à Rome m’a souvent assuré pour certain qu’il avoit fait cette même expérience, & me communiqua le secret de la faire, quoique je n’aye jamais pû y parvenir, après beaucoup de travail ». Voici ce secret, qu’on nomme secret impérial, à cause que l’empereur Ferdinand III. qui l’avoit acheté d’un chimiste, le donna au P. Kircher, qui en a publié le procédé dans son mundus subterraneus. Lib. XII. sect. 4. c. v. exper. 1.

1. Prenez quatre livres de graines de la plante que vous desirez faire renaître de ses cendres ; cette graine doit être bien mûre. Pilez-la dans un mortier ; mettez le tout dans un vaisseau de verre, qui soit bien propre, & de la hauteur de la plante dont vous avez pris la graine ; bouchez exactement le vaisseau, & le gardez dans un lieu tempéré.

2. Choisissez un soir, où le ciel soit bien pur & bien serain, & exposez votre graine pilée à la rosée de la nuit dans un large plat, afin que la graine s’impregne fortement de la vertu vivifiante qui est dans la rosée.

3. Avec un grand linge bien net, attaché à quatre pieux dans un pré, ramassez huit pintes de cette même rosée, & la versez dans un vaisseau de verre qui soit propre.

4. Remettez vos graines imbibées de la rosée dans leur vaisseau, avant que le soleil se leve, parce qu’il