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PALLIO ou PAILLO, s. m. (Marine.) la chambre d’un écrivain sur une galere.

PALLIOLUM, s. m. (Littérat.) étoit proprement un capuchon qui couvroit la tête & toutes les épaules jusqu’au coude. C’étoit l’ornement des efféminés & des débauchés, comme de Trimalcion dans Pétrone : adrasum pallio incluserat caput. Rutulius Lupus a dit, dans le caractere qu’il a fait d’un homme ivre : palliolo à capite defendens. Il couvre sa tête d’un capuchon pour se garantir du froid. Les malades s’en servoient aussi ordinairement : c’est pourquoi Séneque écrit à la fin du IV. liv. des questions naturelles : Videbis quosdam graciles, & palliolo focalique circundatos, &c. Vous verrez des gens maigres & exténués de maladies qui portent le capuchon, & qui ont le cou environné de linges, &c.

PALLITRUM, s. m. (Astron.) étoile de la premiere grandeur, qu’on appelle autrement l’œil du taureau ou aldebaran. Voyez ces mots.

PALLIUM, s. m. (Hist. ecclésiast. Jurisprud.) terme emprunté du latin, qui signifie ordinairement un manteau ; il signifie en matiere canonique un ornement que certain prélats ont droits de porter, & qui a probablement pris la place d’un manteau qu’on leur donnoit en cérémonie. C’est apparemment aussi de-là qu’il a conservé le nom de pallium.

Cet ornement est formé de deux bandes larges chacune de trois doigts, pendantes devant & derriere les épaules jusqu’à la ceinture, en forme de cercle, enchâssées par les extrémités en des lames de plomb, & tissue avec du fil & de la laine de deux agneaux blancs qui sont bénis sur l’autel dans l’église de sainte Agnès de Rome, le jour de la fête de cette sainte ; il est posé pendant une nuit sur les châsses de S. Pierre & S. Paul, & consacré ensuite sur l’autel de S. Pierre, où les métropolitains, & ceux des évêques qui en ont le privilége doivent le prendre, en prétant le serment accoutumé.

Le pallium est regardé communément comme la marque de la dignité archiépiscopale ; & en effet, le pape Innocent III. dit que le nom d’archevêque est conféré par le pallium, dans le chapitre nisi aux decretales, de autoritate & usu pallii : non tamen, dit-il, deberet se archiepiscopum appellare priusquam à nobis pallium suscepisset, in quo pontificalis officii plenitudo cum archiepiscopalis nominis appellatione confertur.

Le pape Grégoire VII. dans une lettre à l’archevêque de Rouen, se plaint de ce qu’il ne demande pas le pallium ; lui représentant que les archevêques, trois mois après leur consécration, sont obligés, selon le droit, d’en faire la réquisition au saint siege, & leur enjoint que dans la suite il n’ordonne plus d’évêques ni de prêtres, & qu’il n’entreprenne point de consacrer des églises jusqu’à ce qu’il ait obtenu du saint siege le pallium.

Ce même pape écrivant à un évêque de Vérone, qui lui avoit demandé le pallium, déclare qu’il ne pouvoit lui accorder sa requête, parce que les decrets de ses prédécesseurs papes vouloient que les archevêques allassent en personne à Rome recevoir cet honneur.

Enfin, le concile tenu à Tours en 1583, défend aux archevêques l’administration de leur évêché, avant d’avoir demandé ou obtenu le pallium.

Cependant M. l’archevêque d’Ausch dans l’assemblée du clergé en 1665, au sujet du différend qu’il eut avec M. de Perefixe, archevêque de Paris, prouve, par beaucoup de raisons, que le pallium n’est point la marque essentielle de l’archiépiscopat, qu’il ne distingue point les rangs entre les métropolitains, & ne donne point la perfection ni la derniere main à leur autorité : le pallium, dit ce prélat, n’appartenoit originairement qu’au pape seul ; selon plusieurs auteurs, il a pris son origine des empereurs ;

il n’étoit point en usage avant le jv. siecle : il y a six cens ans & plus, que tous les évêques grecs en usent communément en tous les offices de l’église, comme d’un autre ornement.

Les papes en ont accordé l’usage & l’honneur à quelques évêques ; savoir, au cardinal évêque d’Ostie, parce que c’est lui qui consacre le pape élu ; à celui de Pavie, en Lombardie ; à celui de Lucques, en Toscane ; à celui de Bamberg, en Allemagne ; aux évêques de cinq églises de Hongrie, & à celui de Messine, en Sicile ; & en France aux évêques d’Autun & du Puy en Auvergne : ce dernier est appellé en latin Aniciensis episcopus, ce qui a fait croire à quelques-uns, que c’étoit un évêque d’Annecy.

A la fin d’un consistoire tenu par le pape, S. S. par une grace particuliere accorda le pallium à l’évêque de Marseille, le 3 Septembre 1731.

Baronius rapporte, qu’en l’an 893, le pape Formosus fut admonesté par Foulques, archevêque de Reims, de ne plus ravilir l’honneur & la dignité du pallium, en le communiquant trop librement non seulement aux primats & archevêques, mais aux premiers évêques qui le lui demandoient.

Le concile de Basle & la pragmatique-sanction défendent aux papes de rien prendre pour le manteau ou pallium, qu’ils avoient coutume de vendre bien chérement aux archevêques métropolitains, ce que quelques-uns n’ont pas laissé de faire encore nonobstant ces decrets.

Le premier évêque de France qui eut le pallium fut Vigile, archevêque d’Arles ; il lui fut accordé par saint Grégoire, à la priere de Childeberg ; le pape n’envoyoit alors le pallium aux archevêques du royaume de Bourgogne, que du consentement des empereurs d’Orient ; c’est ce que l’on apprend d’une lettre du pape Vigile à Auxone, archevêque d’Arles, auquel il dit qu’il doit en informer l’empereur, ainsi que la raison, la fidélité & le respect qu’il lui doit le demandent. Mém. m. s. de Dombes par M. Aubret.

Le pape n’accorde pas l’usage du pallium à tous les archevêques ; Alexandre VII. ne voulut jamais accorder cet honneur au cardinal Antoine Barberin, neveu d’Urbain VIII. qui étoit archevêque de Reims, & qui ne l’eut que du tems de Clément IX. aussi n’a-t-il jamais fait aucune consécration d’aucun évêque son suffragant.

Le droit de pallium n’est pas réel, mais personnel ; un archevêque ou évêque ne peut le céder à un autre, tellement que le pallium doit être enseveli à la mort du prélat qui en jouissoit.

Le pape peut porter le pallium dans toutes les églises où il se trouve.

Il n’en est pas de même des autres évêques ; les primats ne reçoivent le pallium que comme métropolitains, & non comme primats, c’est pourquoi ils ne peuvent porter le pallium hors de leur diocèse, de même que les métropolitains ou autres évêques qui ont droit de pallium par privilege ; ils ne peuvent le porter dans la province d’un autre évêque, à moins que ce ne soit de son consentement.

Le pape peut porter le pallium tous les jours, au-lieu que les archevêques & évêques qui ont l’usage du pallium n’en peuvent user qu’en certain jours de l’année ; savoir les jours de Noël & de S. Jean, de S. Etienne, de la Circoncision, de l’Epiphanie, le jour des Rameaux, le Jeudi-saint in cœna Domini, le Samedi-saint, les trois fêtes de Pâques & de la Pentecôte, le jour de S. Jean-Baptiste & de tous les apôtres, les trois fêtes de la Vierge, le jour de la Toussaints, celui de la dédicace de l’église, & les principales fêtes propres à chaque église, les jours de l’or-