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pour-lors à recevoir sur ses branches, & sur les embryons de ses fruits, la poussiere des étamines, que le vent enlevoit de dessus le palmier mâle. Voilà la seule explication tolérable d’un phénomene qui a bien embarrassé les anciens. Ils ne comprenoient point comment le palmier femelle pouvoit être fécondé par le palmier mâle : ils en attribuoient la cause à la sympathie de ces arbres, sans expliquer comment cette sympathie produisoit des fruits. La Fontaine eût dit aux anciens :

Les mystères de leur amour
Sont des objets d’expérience,
Ce n’est pas l’ouvrage d’un jour
Que d’épuiser cette science.

(D. J.)

PALMIPEDE, s. m. (Ornitholog.) on appelle ainsi dans l’Ornithologie tout oiseau à pié plat, dont les doigts sont joints par une membrane, comme dans les oies. C’est un genre d’oiseaux qui vivent dans l’eau, & dont les pattes sont faites par la nature pour nager. Les caracteres génériques de ce genre d’oiseaux, sont les suivans : outre la membrane dont je viens de parler, ils ont presque tous les jambes courtes, les cuisses couvertes de plumes à la jointure, les orteils de derriere courts, le croupion moins élevé que les autres oiseaux, le bec large avec une espece d’appendice qui pend par-dessous. (D. J.)

PALMISTE, s. m. (Botan.) c’est le nom que les Américains des îles Antilles donnent au palmier dont le pays produit différentes especes, parmi lesquelles sont compris le cocotier, le grougrou, le grigri, le dattier & le latanier. On peut consulter sur cette matiere l’ouvrage du pere Plumier minime, qui traite des plantes d’Amérique. Le plus grand & le plus fort de tous les palmiers s’appelle palmiste franc ; il s’éleve droit comme un mât de vaisseau jusqu’à la hauteur de plus de 40 piés, ayant une racine médiocre, peu profonde en terre, mais fortifiée par une multitude de filamens entrelacés les uns dans les autres, formant une motte élevée comme un gros bourrelet au-tour du pié de l’arbre. Le bois du palmiste est brun, pesant, compacte, plus dur que de l’ébene : il se fend aisément dans sa longueur ; mais ce n’est pas sans rompre des outils qu’on parvient à le couper en-travers. Cette extrème dureté n’existe qu’extérieurement d’environ un pouce & demi dans toute la circonférence de l’arbre, dont l’intérieur n’est qu’un tissu grossier de longues fibres, fermes, souples, serrées & mêlées comme de la filasse, parmi une sorte de moëlle coriace, fort humide, qui devient plus tendre & même très-délicate en s’éloignant du pié de la tige.

Le sommet du palmiste se termine par un faisceau de branches, ou plutôt de fortes côtes disposées en gerbe épanouie, longues de dix à onze piés, diminuant insensiblement de grosseur jusqu’à leur extrémité, un peu courbées en arc, & couvertes d’une pellicule très-lisse ; elles sont soutenues à leur naissance par une espece de réseau composé de longs filets croisés en forme de gros canevas, qu’on croiroit être tissu de mains d’homme ; ces longues côtes sont garnies sur leurs c ôtés d’un grand nombre de feuilles vertes, longue s d’environ deux piés, fort étroites, pointues, partagées d’une seule nervure, & ressemblant à des grandes lames d’épée.

Du milieu des branches & du réseau dont elles sont enacées, sort une très-grosse & longue gaîne pointuel & renflée dans son milieu comme un fuseau, laquelle venant à s’ouvrir, laisse paroître une parfaitement belle gerbe d’une extrème blancheur, composée de plusieurs branches déliées, assez fortes, & chargées de petites fleurs de même couleur, auxquelles succedent des fruits durs de la grosseur d’une

noix, & rassemblés en grappe : on n’en fait point d’usage dans les îles.

Le cœur du palmiste renferme dans sa partie la plus voisine des branches, une substance d’une extrème blancheur, tendre, délicate, composée de feuillets minces, plissés comme les plis d’un éventail ; c’est ce qu’on appelle le chou du palmiste, dont les amateurs de bonne-chere font beaucoup de cas ; ce chou peut se manger crud, comme les artichaux à la poivrade, ou cuit à la fausse blanche, ou au jus ; on le préfere au cardon d’Espagne, & étant frit à la poêle, on en fait des baignets délicieux. Voyez Chou palmiste.

Le tronc du palmiste étant fendu en six ou huit parties, & l’intérieur étant bien nettoyé, on en forme des planches grossieres, un peu convexes d’un côté, servant à faire des fortes palissades, à clorre des engards, des magasins & des cases ; & si l’on a besoin de longues gouttieres pour conduire de l’eau, on fend un palmiste en deux, on en sépare avec un outil la partie mollasse, & l’ouvrage se trouve fait.

Les feuilles du palmier s’emploient à couvrir les cases, à faire des nattes, des sacs, des especes de paniers & d’autres petites commodités de ménage.

L’espece de palmier dont on tire une liqueur appellée vin de palme, est particuliere à la côte d’Afrique ; on en trouve cependant quelques arbres dans les îles de l’Amérique.

L’arbre qu’on appelle palmiste épineux, croît beaucoup moins haut que le précédent ; il est aussi plus renflé à son sommet vers la naissance des branches : cette partie & l’entre-deux des feuilles, sont hérissés d’épines longues de trois ou quatre pouces, déliées comme de grosses aiguilles, noires & très-lisses. Le chou que produit ce palmiste est d’une couleur un peu jaune, appétissante ; il a le goût de noisette, & est incomparablement meilleur que celui du palmiste franc.

Presque tous ces arbres, lorsqu’ils sont abattus, attirent de fort loin une multitude de gros scarabés noirs qui s’introduisent sous l’écorce dans la partie la moins dure, y déposent leurs œufs, & produisent des vers gros comme le pouce, dont les créols & les habitans se régalent, après les avoir fait rôtir dans des brochettes de bois. Voyez Ver palmiste.

PALMULAIRES, ou plutôt PARMULAIRES, s. m. (Hist. anc.) parmularii ; espece de gladiateurs, ainsi nommés, parce qu’outre le poignard dont ils étoient armés, ils portoient au bras gauche un petit bouclier rond, appellé par les Latins parma. Voyez Gladiateurs & Parma.

PALMYRE, (Géog. anc. & mod.) ville de Syrie dans un désert de la Syrie, sur les confins de l’Arabie déserte en tirant vers l’Euphrate. Son nom hébreu est Tadmor, Thamor, ou Tedmor, selon Josephe, antiq. liv. VIII. ch. ij. qui la place à deux journées de la haute Syrie, à un jour de l’Euphrate, & à six de Babylone.

Ptolomée, liv. V. ch. xv. la met dans la Palmyrene, province de Syrie, & Procope ædif. liv. II. ch. xj. la place dans la Phénicie ; ce qui revient au même : car il parle de la Phénicie proche du Liban, qui est plus à l’orient que la Phénicie maritime. Il ajoute que Palmyre, qui avoit autrefois été bâtie dans un désert, se trouvant dans une situation fort commode pour observer les Sarrasins, & pour découvrir les courses qu’ils faisoient sur les terres de l’empire, Justinien la répara, y mit une puissante garnison, la pourvut d’eau, & réprima par ce moyen les irruptions de ces peuples. Cette ville eut le titre de colonie romaine, & Etienne le géographe dit qu’on la nomma quelquefois Hadrianopolis.

Il reste encore de superbes racines de cette ville, élevée dans un désert, possédée par les rois de Ba-