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à l’autre par deux petites courroies. Cette jarretiere est de cuir de roussi, & est garnie intérieurement de chamois.

Au milieu de la partie extérieure du circulaire inférieur de la jarretiere, il y a un passant de cuir pour contenir la courroie attachée par un bout au talon de la pantoufle.

Sur le milieu de la partie extérieure du circulaire supérieur de cette jarretiere, est attachée fixement une platine de cuivre, de laquelle s’élevent parallelement deux montans, terminés par deux plaques circulaires, percées pour laisser passer l’essieu d’un treuil. Il y a sur le milieu de ce treuil deux crochets ou boutons, pour retenir l’extrémité libre de la courroie cousue au talon de la pantoufle. Ce treuil a une roue à rochet, dont les dents sont arrêtées par un petit ressort à cri ou à clapette, fig. 3 & 4. On peut, au moyen d’un petit mentonnet, dégager le ressort d’avec les dents de la roue, lorsqu’il est nécessaire de relâcher le pié. Le treuil est percé quarrément dans toute son étendue. En conséquence la manivelle, fig. 5. qui le fait mouvoir, est une tige d’acier quarrée, terminée par une plaque ou tête applatie ; c’est en quelque sorte la clé de l’instrument. Cette clé est mobile & ne reste point à l’instrument.

La fig. 1. Pl. XXXIII. montre cette machine en situation. Son usage est de tenir le pié en extension & la jambe en flexion au degré qu’on le juge convenable. Le circulaire inférieur de la jarretiere, en comprimant les têtes des muscles auxquels le tendon d’Achille appartient, empêche la retraction de ces muscles ; ce qui est important pour la cure. De plus, ce bandage en contenant de la maniere la plus efficace la jambe fléchie & le pié étendu pour les raisons que nous avons déduites en parlant de la rupture du tendon ; ce bandage, dis-je, a l’avantage de laisser la jambe & le talon libres, ensorte qu’on peut appliquer les compresses & autres pieces d’appareil convenables aux accidens & complications de cette rupture, & panser journellement le malade, si le cas le requiert, sans causer le moindre dérangement à la machine contentive : ce qu’on ne peut obtenir dans l’usage du bandage décrit au mot Rupture. Quoique quelques personnes s’obstinent à le préférer à la pantoufle, on peut consulter à ce sujet le Traité des maladies des os de feu M. Petit, & le Discours préliminaire de la derniere édition, publiée en 1758, chez Cavelier. (Y)

Pantoufle, fer à pantoufle, (Maréchallerie.) espece de fer à cheval, forgé de façon qu’il est beaucoup plus épais en-dedans des éponges qu’en-dehors, & qu’il va en talus du côté qu’il s’applique contre la corne, afin que son épaisseur en-dedans chasse le talon & le pousse en-dehors. Il sert à rétablir les talons serrés & encastelés. La ferrure à pantoufle est bonne aussi pour les chevaux qui ont les seimes. Voyez Seime.

PANTOUFLIER, s. m. nom que l’on donne en Amérique au marteau. Voyez Marteau.

PANT-SÉE, (Hist. des supplices.) nom de l’instrument dont on punit les coupables à la Chine. C’est une grosse canne de bambou, bois dur & massif, fendue à-demi, plate, & de quelques piés de longueur. Elle a par le bas la largeur de la main, & est par le haut polie & déliée. Lorsque le mandarin tient son audience, il est assis gravement devant une table, sur laquelle est un étui rempli de petits bâtons longs d’un demi-pié, & larges de deux doigts. Plusieurs huissiers armés de pant-sée l’environnent. Au signe qu’il donne, en tirant & jettant ces bâtons, on saisit le coupable, on l’étend ventre contre terre, on lui abaisse le haut-de-chausse jusqu’aux talons ; & autant de petits bâtons que le mandarin tire de son étui, & qu’il jette par terre,

autant d’huissiers se succedent, qui appliquent les uns après les autres chacun cinq coups de pant-sée sur la chair nue du coupable. On change l’exécuteur de cinq coups en cinq coups, ou plutôt deux exécuteurs frappent alternativement chacun cinq coups, afin qu’ils soient plus pesans & que le châtiment soit plus rude. Il faut néanmoins remarquer que quatre coups sont réputés cinq ; & c’est ce qu’on appelle la grace de l’empereur, qui comme pere, par compassion pour son peuple, diminue toujours quelque chose de la peine.

Ce n’est pas seulement en siégeant au tribunal qu’un mandarin a le droit de faire donner la bastonade, il a le même privilege en quelque endroit qu’il se trouve, même hors de son district : c’est pourquoi quand il sort, il est toujours accompagné d’officiers de justice qui portent des pant-sée. Il suffit à un homme du petit peuple qui est à cheval, de n’avoir pas mis pié à terre, ou d’avoir traversé la rue en présence d’un mandarin, pour recevoir quatre coups de bâton par son ordre. L’exécution est si prompte, qu’elle est souvent faite avant que ceux qui sont présens s’en soient apperçus. Les maîtres usent du même châtiment envers leurs disciples, les peres envers leurs enfans, & les seigneurs envers leurs domestiques ; avec cette différence, que le pant-sée dont ils se servent, est moins long, & moins large, que celui des huissiers d’un mandarin. (D. J.)

PANTUN, voyez PENTUN.

PANUCO, (Géog. mod.) grande province de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne, au nord de Mexico, avec un évêché suffragant de Mexico. On y trouve des veines d’or & des salines ; Panuco, sa capitale, est à quelques lieues du golfe du Mexique. Long. 277. 30. lat. 24. (D. J.)

PANUNGIAN, (Hist. nat.) grand arbre des îles Philippines. Il produit un fruit rouge de la grosseur d’un œuf de pigeon ; il a la forme d’une pomme de pin ; sa chair est transparente & fort saine.

PANYASUS, (Géog. anc.) fleuve de la Macédoine. Ptolomée en place l’embouchure chez les Tulantii, entre Dyrrachium & l’embouchure du fleuveApsus. Le Panyasus des anciens, est le Siomini d’aujourd’hui ; & l’Apsus, est le Chrevesta des modernes.

PANYSUS, (Géog. anc.) fleuve de la basse-Mœsie, dont le nom moderne est Laniza, selon Niger. (D. J.)

PAON, s. m. (Hist. nat. Ornith.) pavo, oiseau très-beau par ses couleurs : on dit qu’il a été apporté de la Chine en Europe où il est très-commun ; il égale en grosseur un dindon de six mois, il a trois piés huit pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue, & deux piés onze pouces jusqu’au bout des ongles. Les paons, & sur-tout les mâles, ont un caractere qui les distingue de tous les autres oiseaux ; c’est la longueur des plumes qui recouvrent la queue ; elles sont beaucoup plus longues que les plumes de la queue, même celles du milieu, c’est-à-dire, les plus grandes, ont quatre piés quatre pouces de longueur ; les autres de chaque côté diminuent successivement de longueur jusqu’à la derniere qui est la plus courte ; elles forment plusieurs rangées, & elles sont couchées les unes sur les autres ; celles du milieu de chaque rangée ont toujours plus de longueur que les autres. Le tuyau de toutes ces plumes est blanc, & garni dans toute sa longueur de longues barbes détachées les unes des autres, qui sont d’un beau verd doré, cette couleur change à différens aspects. Les barbes de l’extrémité de ces plumes sont réunies les unes contre les autres, & ont une grande tache que l’on a appellée œil ; ces taches sont arrondies & ont de très-belles couleurs ; le centre est d’un beau noir luisant, en forme de cœur, entouré d’une couleur verte changeante, qui, à certains aspects, paroît être