Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/863

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

supérieure qui est hors de terre séchant d’abord, ils poussent plusieurs jeunes jets qui deviennent propres à être coupés vers la fin de l’année, lorsqu’ils sont parvenus à la longueur d’une brasse & demie, & à la grosseur du bras d’un homme médiocre. Il y a aussi une sorte de kaadsi ou arbre de papier sauvage, qui vient sur les montagnes désertes & incultes ; mais outre qu’il est rare, il n’est pas propre à faire du papier ; c’est pourquoi on ne s’en sert jamais.

2°. Le faux arbre à papier, que les Japonnois nomment katsi kadsira, est appellé par Kæmpfer en latin, papyrus procumbens, lactescens, folio longo lanceato, cortice chartaceo.

Cet arbrisseau a une racine épaisse, unique, longue, d’un blanc jaunâtre, étroite & forte, couverte d’une écorce grasse, unie, charnue & douçâtre, entremêlée de fibres étroites. Les branches sont nombreuses & rampantes, assez longues, simples, nues, étendues & flexibles, avec une fort grande moëlle entourée de peu de bois. Des rejettons fort déliés, simples, bruns & velus aux extrémités sortent des branches ; les feuilles y sont attachées à un pouce de distance plus ou moins l’une de l’autre alternativement : elles tiennent à des pédicules petits & minces, & leur figure ne ressemble pas mal au fer d’une lance s’élargissant sur une base étroite, & finissant en pointe, longue, étroite & aiguë. Elles sont de différente grandeur, les plus basses étant quelquefois longues d’un empan, larges de deux pouces ; tandis que celles du haut de l’arbrisseau sont à peine un quart si grandes. Elles ressemblent aux feuilles du véritable arbre à papier en substance, couleur & superficie, sont profondément & également dentées, avec des veines déliées au dos, dont les plus grandes s’étendent depuis la base de la feuille jusqu’à la pointe, partageant la feuille en deux parties égales. Elles produisent plusieurs veines traversieres, qui sont croisées encore par de plus petites veines. Je ne puis rien dire des fleurs ni des fruits, n’ayant pu les voir.

3°. La plante que les Japonnois appellent l’oreni, est nommée par Kæmpfer alua, radice viscosa, flore ephemero, magno, punico.

D’une racine blanche, grasse, charnue & fort fibreuse, pleine d’un jus visqueux, transparent comme le crystal, sort une tige de la hauteur d’une brasse ou environ, qui est ordinairement simple & ne dure qu’un an. Les nouveaux jets, s’il en vient, après un an sortent des aisselles des feuilles ; la moëlle en est molle, spongieuse & blanche, pleine d’un jus visqueux. La tige est entourée à distance irrégulieres de feuilles qui ont quatre à cinq pouces de longueur, cambrée, d’un pourpre détrempé : les pédicules en sont ordinairement creux, charnus & pleins d’humeur.

Les feuilles ressemblent assez à l’alua de Mathiole, tirant sur le rond, d’environ un empan de diametre, composées de sept lobes divisés par des anses profondes, mais inégalement dentées aux bords, excepté entre les anses : les creneaux ou dents sont grands, en petit nombre, & à une moyenne distance l’une de l’autre. Les feuilles sont d’une substance charnue, pleines de jus ; elles paroissent raboteuses à l’œil, & sont rudes au toucher, d’un verd obscur. Elles ont des nerfs forts qui partagent chaque lobe également, courant jusqu’aux extrémités en plusieurs veines traversieres, roides & cassantes, recourbées en arriere vers le bord de la feuille.

Les fleurs sont à l’extrémité de la tige & des rejettons, & sont d’un pouce & demi de longueur, portées par des pédicules velus & épais, dont la largeur augmente à mesure qu’ils finissent en calice. Les fleurs sont posées sur un calice composé de cinq pétales ou feuilles verdâtres, avec des lignes d’un pourpre brun & velues d’un bord : les fleurs sont aussi

composées de cinq pétales ou feuilles d’un pourpré clair, tirant sur le blanc ; elles sont grandes comme la main, & souvent plus grandes : le fond en est fort grand, d’un pourpre plus chargé & plus rouge. Les feuilles des fleurs sont, comme on l’a dit, grandes, rondes & rayées : elles sont étroites & courtes au fond du calice qui est étroit, court & charnu ; le pistil est long d’un pouce, gras, uni & doux, couvert d’une poussiere couleur de chair, jaunâtre, couché sur le pistil comme si c’étoit de petites bossettes ; le pistil finit par cinq caroncules couvertes d’un duvet rouge, & arrondies en forme de globe.

Les feuilles ne durent qu’un jour, & se fanent à la nuit ; elles sont remplacées peu de jours après par cinq capsules séminaires pentagones, faisant ensemble la forme d’une toupie, qui ont deux pouces de longueur, un pouce & demi de largeur, membraneuses, épaisses, tirant sur le noir au tems de leur maturité, que l’on distingue les cinq capsules où sont contenues un nombre incertain de graines, dix ou quinze dans chacune, d’un brun fort obscur, raboteuses, plus petites que des grains de poivre, un peu comprimées & se détachant aisément.

4°. Le futo-kadsura des Japonnois est nommée par Kæmpfer, frutex viscosus, procumbens, folio telephii vulgaris æmulo, fructu racemoso.

C’est un petit arbrisseau garni irrégulierement de plusieurs branches de la grosseur du doigt, d’où sortent des rejettons sans ordre, raboteux, pleins de verrues, gersés & d’une couleur brune. L’arbrisseau est couvert d’une écorce épaisse, charnue & visqueuse, composée d’un petit nombre de fibres déliées qui s’étendent en longueur. Si peu qu’on mâche de cette écorce, elle remplit la bouche d’une substance mucilagineuse. Les feuilles sont épaisses, & attachées une à une à des pédicules minces, cambrés, de couleur de pourpre, elles sont placées sans ordre, & ressemblent aux feuilles du telephium vulgare : étroites au fond, elles s’élargissent, finissent en pointe, & sont de deux, trois ou quatre pouces de longueur, un pouce de largeur au milieu au plus ; un peu roides, quoique grasses ; quelquefois pliées vers le dos, ondées, douces au toucher, d’un verd pâle, avec un petit nombre de pointes, en forme de dents de scie à leur bord ; coupées sur la longueur par un nerf traversé de beaucoup d’autres d’une petitesse presque imperceptibles.

Les fruits pendent à des queues d’un pouce & demi de longueur, vertes & déliées : ils sont en forme de grappe, composée de plusieurs baies (quelquefois trente ou quarante) disposées en rond, sur un corps tirant sur le rond qui leur sert de base. Les baies ressemblent parfaitement aux grains de raisin, tirant sur le pourpre en hiver lorsqu’elles sont mûres. Leur membrane qui est mince contient un jus épais, quasi sans goût & insipide ; dans chaque baie on trouve deux graines, dont la figure ressemble à un oignon, un peu comprimées là où elles se touchent réciproquement. Elles sont de la grosseur des pepins des raisins ordinaires, couverte d’une membrane mince & grisâtre ; leur substance est dure, blanchâtre, d’un goût âpre & pourri, très-désagréable au palais. Les baies sont disposées autour d’une base, tirant sur le rond ou ovale, d’une substance charnue, spongieuse & molle, d’environ un pouce de diametre, ressemblant assez à une fraise, rougeâtre, d’une rayure, relevée en forme de retre, dont les niches paroissent moyennement profondes quand les baies en sont détachées. (D. J.)

Papier de linge, c’est là le papier européen, il est nommé papier de linge, parce qu’il se fabrique avec de vieux linge qu’on a porté, qu’on ramasse même dans les rues, & que par cette raison les François appellent vulgairement chiffons ; les manufactu-