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chose que la nymphæa, qui est fort commune dans les campagnes arrosées par le Nil. La fleur de cette plante est de toutes ses parties celle qui se remarque le plus ordinairement sur les monumens égyptiens, ce qui vient du rapport que ces peuples croyoient qu’elle avoit avec le soleil, à l’apparition duquel elle se montroit d’abord sur la surface de l’eau, & s’y replongeoit dès qu’il étoit couché ; phénomene commun à toutes les especes de nymphæa.

C’étoit là l’origine de la consécration que les Egyptiens avoient faite de cette fleur à cet astre, le premier & le plus grand des dieux qu’ils aient adorés. Delà vient la coutume de la représenter sur la tête de leur Osiris, sur celle de leurs autres dieux, sur celle même des prêtres qui étoient à leur service. Les rois d’Egypte affectant les symboles de la divinité, se sont fait des couronnes de cette fleur ; elle est aussi représentée sur leurs monnoies, tantôt naissante, tantôt épanouie & environnant son fruit : on voit avec la tige comme un sceptre royal dans la main de quelques idoles. (D. J.)

Nénuphar, (Pharm. & Mat. med.) la racine & les fleurs du nénuphar sont les seules parties de cette plante qui soient en usage en Medecine : on y emploie indifféremment la racine du nénuphar à fleurs blanches ou nénuphar blanc, & celles de nénuphar jaune ; mais on ne se sert presqu’absolument que des fleurs du nénuphar blanc.

La racine du nénuphar est mucilagineuse, gluante, amere ; les fleurs contiennent à-peu-près les mêmes substances, mais en beaucoup moins grande quantité.

La racine de nénuphar fait là base des tisanes regardées comme éminemment rafraîchissantes, adoucissantes, relâchantes, qui s’ordonnent communément dans l’ardeur d’urine, sur-tout celle qui accompagne les gonorrhées virulentes ; dans les affections inflammatoires des intestins, des reins & des voies urinaires. L’infusion des fleurs est ordonnée plus rarement dans les mêmes cas, & est aussi très-inférieure en vertu à la décoction de la racine. Cette infusion est regardée comme légerement narcotique ; mais cette vertu, presque généralement avouée, n’est rien moins que démontrée.

Le sirop de nénuphar qui se prépare avec l’infusion des fleurs, est plus usité que cette infusion, & contient les principes médicamenteux de ces fleurs en moindre quantité encore. On peut avancer que c’est-là un assez pauvre remede. On prépare aussi dans quelques boutiques un sirop de nénuphar avec la décoction de la racine : celui-ci est plus chargé de parties mucilagineuses, & c’est apparemment à cause de cela qu’on le prépare moins communément, parce que les mucilages sont éminemment sujets à s’altérer, à moisir dans toutes les préparations liquides, même malgré la cuite & l’assaisonnement du sucre. Voyez Mucilage. Le sirop de nénuphar ordinaire, c’est-à-dire préparé avec les fleurs, n’est pas exempt de cette altération ; pour la prévenir autant qu’il est possible, il faut, si l’on n’aime mieux bannir ce remede des boutiques, lui donner une forte cuite, & la renouveller de tems en tems.

Tous ces remedes tirés du nénuphar ont l’inconvénient grave d’affadir, de refroidir, d’embourber l’estomac, & par-là de faire perdre l’appétit & d’abattre les forces, & cela d’autant plus qu’ils sont plus mucilagineux. La tisane ou décoction des racines, qui est le plus ordinaire de ce remede, est aussi le plus mauvais.

Nous n’avons guere meilleure opinion d’une conserve qu’on prépare avec les fleurs, & qu’heureusement on emploie rarement pour elle-même, mais seulement pour servir d’excipient dans les opiates & les bols narcotiques.

On garde dans les boutiques une eau distilée des fleurs de nénuphar qui n’est bonne à rien, & une huile par infusion & par décoction de ces mêmes fleurs, qui ne vaut pas davantage.

Les fleurs de nénuphar entrent dans le sirop de tortue, la poudre diamargariti frigidi ; le sirop entre dans les pilules hypnotiques, & l’huile dans le baume hypnotique.

On prépare un miel de nénuphar avec les fleurs non mondées, ou même avec les calices & les étamines dont on a mondé les fleurs destinées à la préparation du sirop. Le miel de nénuphar s’ordonne depuis deux jusqu’à quatre onces dans les lavemens rafraîchissans & relâchans. (b)

NÉOCASTRO, (Géog.) forteresse de la Romanie, à trois lieues au nord de Constantinople, sur le promontoire Hermœus, dans l’endroit le plus étroit du Bosphore. Il y a une bonne garnison, & les Turcs y tiennent les prisonniers de conséquence qu’ils font sur les chrétiens pendant la guerre. Voyez Gyllius de Bosphore Thracico. Long. 46. 30. lat. 41. 16.

NÉOCESARÉE, (Géogr. anc.) ville de la province de Pont, comprise assez souvent dans la Cappadoce, située sur la riviere de Lyque, & appellée par divers auteurs Hadrianopolis. Les Grecs la nomment aujourd’hui Nixar, & les Turcs Tocat. Elle fut érigée en évêché en 240, à ce que dit Baillet.

Les Auteurs parlent encore d’une Néocésarée, ville de la Bithynie ; 2°. d’une Néocésarée, ville de Syrie, sur le bord de l’Euphrate ; 3°. d’une Néocésarée, ville de Mauritanie. (D. J.)

NÉOCORAT, s. m. ou NÉOCORIE, (Art. numismatique.) époque qu’on trouve sur les médailles des villes greques soumises à l’empire Romain. Ces villes étoient jalouses de l’honneur d’avoir été qualifiées néocores, ou si l’on veut du titre de néocorat, c’est-à-dire d’avoir eu des temples où s’étoient faits les sacrifices solemnels d’une province en l’honneur des dieux ou des empereurs. Cette qualification étoit en même tems accompagnée de plusieurs priviléges, & c’étoit là vraissemblablement ce qui les touchoit davantage.

En effet, le néocorat des empereurs étoit accordé aux villes par un decret du sénat. On lit sur les marbres d’Oxford que la ville de Smyrne avoit été trois fois néocore des empereurs par les decrets du sacré senat ; & sur un médaillon, les Laodicéens de Phrygie se disent néocores de Commode & de Caracalla, par decret du sénat. Le néocorat étoit donc une grace & un titre honorifique. Les Smyrnéens rappellent sur un monument le bienfait de l’empereur Adrien, qui leur avoit accordé par un sénatus-consulte le second néocorat. Aussi les villes marquoient avec soin les néocorats qu’elles avoient obtenues : Δίς, τρίς, τετράκις, νεωκόρων. Elles se glorifioient même d’en avoir obtenu le plus grand nombre. Voyez Néocore. (D. J.)

NÉOCORE, s. m. (Antiq. grecq.) Peu de gens de lettres ignorent qu’on appelloit néocores chez les Grecs ceux qui étoient chargés de la garde & surtout de la propreté des temples, comme l’explique le nom même de νεωκόρος, composé de νέως, templum, & de κορέω, verro. On sait encore que cet emploi bas & servile dans son origine, se releva insensiblement & devint enfin très-considérable, lorsque la richesse des offrandes demanda des dépositaires distingués ; que la dépense des fêtes & des jeux publics intéressa des nations entieres, & que l’adulation des Crecs pour les empereurs romains leurs nouveaux maîtres, les porta à leur élever des temples & à s’honorer du titre de néocores de ces mêmes temples. Ils ne furent plus de simples valets des temples, ou même des sacristains ordinaires, on en fit des ministres du premier ordre, à qui seul appartenoit le droit d’offrir