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pays qui est le long du Parana, au S. O. du Brésil. Une partie de leurs terres & de leurs bourgades ayant été comprise dans les limites fixées en 1756 par les rois d’Espagne & de Portugal, ils ont refusé de se soumettre à la fixation de ces limites. De-là est venue la guerre qui est entre ces indiens du Paraguay, & la couronne de Portugal. (D. J.)

Parana, (Géog. mod.) grande riviere de l’Amérique méridionale ; elle prend sa source au Brésil, dans un pays qui est fort peu connu, & se joint finalement à la riviere de Paraguay, près la ville de Corrientes. Voyez Rio de Plata.

PARANETE, s. f. en Musique, est le nom que plusieurs anciens ont donné à la troisieme corde de chacun des tétracordes, synnemenon, diezeugmenon, & hyperboleon, laquelle d’autres ne distinguoient que par le nom du genre où ces tétracordes étoient employés. Ainsi la troisieme corde du tétracorde hyperboleon, qu’Aristoxène & Alypius appellent, par exemple, hyperboleon diatonos, Euclide l’appelle paranete hyperboleon. (S)

PARANGON, s. m. (Gram.) vieux mot qui signifioit autrefois comparaison, patron, modele ; parangon de beauté, parangon de chevalerie.

Parangon, (Architecture.) on dit du marbre parangon, pour du marbre noir.

Parangon gros, (Fondeur de caracteres d’Imprimerie.) est le treizieme des corps sur lesquels on fond les caracteres d’Imprimerie. Sa proportion est de trois lignes quatre points mesure de l’échelle ; il est le corps double de celui de la philosophie. Voyez proportion des caracteres, & l’exemple, à l’article Caractere.

Parangon petit, (Fondeur de caracteres d’Imprimerie.) dixieme corps des caracteres d’Imprimerie ; sa proportion est de trois lignes deux points, mesure de l’échelle. Voyez proportions des caracteres d’Imprimerie, & l’exemple, à l’article Caractere.

Parangon, (Bijoutier.) ce mot se dit chez les Lapidaires des pierres précieuses, excellentes, & c’est une espece d’adjectif qui ne change point de genre. Un diamant parangon, une perle parangon.

Parangon, Parangoine, (Jardinage.) est une fleur qui revient toujours de la même beauté chaque année sans dégénérer.

Parangon, (Soyerie.) c’est ainsi qu’on nomme à Smirne, quelques-unes des plus belles étoffes qui y sont apportées de Venise.

PARANITES, (Hist. nat.) nom dont les anciens naturalistes se sont servi pour désigner une améthyste d’un violet très-clair, & presque insensible.

PARANOMASIE, s. f. (Gramm.) similitude de mots. La paranomasie est fréquente dans les langues qui ont une même origine, ou quelqu’autre affinité entre elles.

PARANYMPHAIRE, s. m. (Belles-Lettres.) personnage chargé de faire les discours des paranymphes. C’est ainsi qu’on le nomme en Angleterre ; en France nous l’appellons paranymphe. Voyez Paranymphe.

Dans l’université de Cambridge, il y a une cérémonie pareille à celle qu’on appelle ailleurs paranymphe, & le paranymphaire s’y nomme prévaricateur.

PARANYMPHE, (Hist. grec. & rom.) les Grecs appellent paranymphes, ceux qui selon la coutume, conduisoient l’épouse dans la maison de son mari ; ils donnoient le nom de nymphes aux épousées. Les Romains qui observoient la même cérémonie dans la conduite de l’épousée, appelloient pronubus, le conducteur, & pronuba, si c’étoit une femme qui eût cet emploi. Festus a dit, pronubæ adhibebantur nuptiis quæ semel nupserunt causa auspicii, ut singulare perseveret matrimonium. Et Isidore, liv. IX. pronuba dicta est eo quod nubentibus præest, quæque nubantem

viro conjungit, ipsa est & paranympha. Cette conduite se faisoit avec des circonstances singulieres.

Je suppose les cérémonies usitées dans les fiançailles, & les sacrifices accomplis suivant la coutume ; le jour ayant cédé la place à la nuit, on se mettoit en état de conduire l’épousée chez son mari, & l’on commençoit par mettre les hardes de l’épousée dans un panier d’osier, que Festus appelle cumerum ; le porteur étoit suivi de plusieurs femmes tenant dans leurs mains une quenouille avec le lin, qu’elles mettoient sur un fuseau ; les parens, les amis, & l’époux, marchoient ensuite, suivis de trois jeunes garçons, vétus d’une robe blanche bordée de pourpre, que l’on appelloit patrini & matrini ; l’un des trois portoit un flambeau allumé, & qui étoit fait d’une branche d’épine blanche, parce que, selon le témoignage de Varron & de Festus, cette espece de bois étoit heureuse, & chassoit les enchantemens que les Romains craignoient beaucoup dans cette occasion.

Si nous en croyons Pline, liv. XVI. chap. xviij. on portoit plusieurs flambeaux, que les amis communs tâchoient d’enlever, de crainte que les mariés n’en fissent un usage de mauvais augure, & qui présageoit la mort prochaine de l’un ou l’autre.

Ce n’est pas encore tout ce que l’on pratiquoit. Pline & Virgile nous apprennent que l’épouse étant arrivée à la porte de la maison, les parens & le mari jettoient des noix aux enfans qui accouroient dans la rue.

Tibi ducitur uxor ; Sparge, marite, nuces.

C’est Virgile qui le recommande dans son éclogue huitieme, dont Servius a donné plusieurs raisons : les noix, dit-il, étoient consacrées à Jupiter ; on en jettoit aux enfans, pour marquer que le mari abandonnoit les jeux enfantins, pour s’appliquer aux affaires sérieuses. (D. J.)

Paranymphe, chez les Hébreux, étoit l’ami de l’époux, celui qui faisoit les honneurs de la noce, & qui conduisoit l’épouse chez l’époux.

Les rabbins disent que le principal devoir du paranymphe parmi les Israélites, étoit d’observer que l’époux & l’épouse ne se fissent aucune fraude dans ce qui regarde le sang qui étoit la marque de la virginité de l’épouse, & dont parle Moïse, Deuteronom. chap. xxij. 14. & 15. de peur que l’époux ne supprimât le linge où ce sang paroissoit, ou que l’épouse n’en supposât de faux. Parmi les Grecs, le paranymphe gardoit la porte du lit nuptial, & avoit soin de l’économie du repas & des autres réjouissances. Quelques-uns ont crû qu’il en étoit de même chez les Hébreux, & que l’architriclinus, dont il est parlé dans l’Evangile à l’occasion des noces de Cana, & que nous traduisons par intendant ou maître d’hôtel, n’étoit autre que le paranymphe. S. Gaudence de Bresse assure, sur la tradition des anciens, que pour l’ordinaire ce président ou ordonnateur du festin nuptial étoit pris du nombre des prêtres, afin qu’il eût soin qu’il ne s’y commît rien de contraire aux regles de la religion & à la bienséance. C’étoit lui qui régloit les fonctions des officiers, & la disposition du repas. Il est quelquefois désigné dans l’Ecriture sous le nom d’ami de l’époux, amicus sponsi, Joann. I I I. V. 29. Calmet, Dictionn. de la Bible.

Le nom de paranymphe est commun dans l’histoire bysantine, pour signifier l’officier chargé par l’empereur de conduire & remettre les princesses impériales mariées à quelque prince étranger, sur les terres ou entre les mains de leur époux, & Grégoire de Tours, liv. VI. chap. xlv. donne le nom de paranymphe au duc Bobon, qui fut chargé de conduire en Espagne la princesse Rigunthe, fille de Chilpéric I. mariée au roi des Visigoths.