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tillon, celui qui est de grandeur ordinaire, selon la coutume de Paris.

Le pavé de grès est le meilleur : l’usage en a été introduit à Paris & aux environs par le roi Philippe Auguste, l’an 1184.

Pavé de marbre, pavé qui est fait de grands carreaux de marbre en compartimens, qui répondent aux corps d’architecture & aux voûtes des bâtimens ; tel est le pavé des belles églises nouvelles.

Il y a aussi du pavé de cette espece qui est fait de petites pieces de rapport de marbre précieux, en maniere de mosaïque. On voit de ce pavé dans l’église de S. Marc de Venise.

Pavé de moilon, pavé fait de moilons de meuliere posés de champ, pour affermir le fond de quelque grand bassin ou piece d’eau.

Pavé de pierre, pavé qui est fait de dales de pierre dure à joints quarrés, posés d’équerre ou en losanges, à carreaux égaux avec platebandes, comme le pavé de l’église des Invalides ; ou de quartiers tracés à la sauterelle, & posés à joints incertains, ainsi qu’étoient les pavés des voies Flaminienne, Emilienne, &c. à Rome.

Pavé de terrasse, pavé qui sert de couverture en plateforme, soit sur une voûte ou sur un plancher de bois. Les pavés qui sont sur les voûtes sont ordinairement de dales de pierre à joints quarrés, qui doivent être coulés en plomb ; & ceux qui sont sur le bois sont de grès avec couchis pour les ponts, de carreaux pour les planches, & enfin d’aires ou couchis de mortier, fait de ciment & de chaux, avec cailloux & briques posés de plat, comme les Orientaux & les Méridionaux le pratiquent sur leurs maisons.

Pavé poli ; nom général qu’on donne à tout pavé bien assis, bien dressé de niveau, cimenté, mastiqué, & poli avec le grès. Daviler. (D. J.)

Pavé, s. m. (Terme générique.) Ce mot se dit des marbres, pierres de liais, pierres communes, ardoises, carreaux de fayance & de terre ; enfin de toutes les matieres semblables propres à cet usage qu’on emploie avec le plâtre & le ciment, pour couvrir & rendre unis & solides les planchers du bâtiment, soit du rez-de-chaussée, soit des étages d’en haut, ou sur les toîts plats & les terrasses.

Pavé des géans, (Hist. nat. Minér.) en anglois giants causeway, en latin basaltes, vel basanos maximus hibernicus. C’est ainsi qu’on nomme un amas prodigieux de pierres noires très-dures qui toutes affectent la forme de colonnes ou de prismes à plusieurs côtés. Ces colonnes sont formées par l’assemblage de plusieurs pierres jointes les unes aux autres par des especes d’articulations, qui font que les différens morceaux dont une colonne est composée s’emboîtent les uns dans les autres.

Ces pierres ainsi formées par la nature, présentent aux Naturalistes un phénomene des plus curieux : on peut en juger par la description que nous allons donner d’après les auteurs anglois & irlandois qui en ont parlé ; & pour la rendre plus sensible, on a cru devoir mettre sous les yeux du lecteur une planche dans laquelle on peut voir l’aspect général que présente l’amas singulier de ces pierres, & les détails de chaque colonne. Voyez la suite des Pl. d’Hist. nat.

Le pavé des géants, ou l’assemblage de ces colonnes prismatiques dont nous parlons, se voit en Irlande, dans le comté d’Antrim, au nord de ce royaume, à environ huit milles au nord-est de la ville de Coleraine ; il y forme une espece de triangle irrégulier, dont un des côtés a environ 120 yards ou aunes d’Angleterre de longueur ; le second peut avoir 220 aunes ; le troisieme côté de ce triangle a près de 300 aunes. Cette espece de pavé va se perdre en pente douce dans la mer, sans qu’on sache jusqu’où il s’étend. Dans le tems des hautes marées cet amas de

colonnes est couvert d’eau à la hauteur de 60 piés ; les eaux en se retirant forment une espece de cascade très-agréable à la vûe, & laissent voir à découvert les sommets des colonnes, qui étant à-peu-près de niveau, présentent le coup-d’œil d’un pavé.

Les côtes de la mer dans ces environs sont fort escarpées ; jusqu’à une très-grande distance elles paroissent composées d’un assemblage de colonnes pareilles à celles qui forment le pavé des géans : on en trouve aussi à plusieurs milles en avant dans les terres en différens endroits, & en général les rochers qu’on y trouve, ainsi que sur le bord de la mer, paroissent avoir de la disposition à prendre une forme prismatique ou de colonne ; mais ces roches grossieres n’ont point la perfection & le poli des colonnes qui composent le pavé des géants, cependant elles offrent un coup-d’œil semblable à celui de vieux portiques, ou d’un assemblage de pilastres gothiques.

On rencontre en plusieurs endroits des amas ou des grouppes de ces colonnes, placées à côté les unes des autres perpendiculairement à l’horison ; l’amas le plus remarquable est celui que les gens du pays nomment les orgues : ce nom lui a été donné à cause du coup-d’œil qu’il présente. C’est une rangée de 60 colonnes sur une file ; quelques-unes sont tombées, & en laissent voir d’autres derriere elles. La plus élevée de ces colonnes a environ 40 piés de hauteur ; ce sont des prismes héxagones dont les côtés sont inégaux, & dont le diametre est d’environ deux piés. Les jointures ou articulations dont chaque colonne est composée, sont à environ 9 pouces les unes des autres, & chaque colonne avoit 40 à 50 de ces jointures.

La partie de cet endroit singulier à qui l’on donne proprement le nom de pavé des géans, est un amas de plusieurs milliers de prismes ou de colonnes de différentes grandeurs : on y en compte jusqu’à 30 mille ; la plûpart sont perpendiculaires à l’horison. Toutes ces colonnes sont anguleuses, mais elles n’ont point le même nombre de côtés, & les côtés d’une même colonne n’ont point les mêmes dimensions. Toutes les colonnes sont jointes exactement les unes aux autres, & se touchent par leurs côtés, sans laisser d’intervalles vuides entr’elles. La distance qui est entre les grandes est entierement remplie par de plus petites, dont les côtés sont plus étroits. Quelques-unes de ces colonnes sont plus élevées que les autres, d’autres sont plus courtes & comme rompues ; cependant il y a des endroits où toutes les colonnes étant égales, forment, lorsqu’on les regarde, un aspect uni comme celui d’un pavé. En creusant on a trouvé qu’elles sont en terre précisément de même que hors de la terre.

Ces colonnes sont entierement unies, lisses, & comme polies à leur surface extérieure ; elles sont de différentes hauteurs : leurs diametres ont depuis 15 jusqu’à 26 pouces, & mesure commune, environ 20 pouces ; cependant chaque colonne conserve le même diametre & les mêmes angles dans toute sa longueur. Toutes les colonnes sont prismatiques, mais ces prismes n’ont point les mêmes figures ; il y en a de triangulaires, de quadrangulaires, de pentagones, d’exagones, d’éptagones, d’octogones, & de neuf côtés. Les prismes de trois, de quatre, de huit & neuf côtés sont rares ; mais ceux de sept côtés sont les moins communs de tous : les pentagones sont les plus ordinaires. Les côtés par lesquels les colonnes ou prismes se touchent ou se joignent les uns aux autres, sont égaux, c’est-à-dire, ces côtes ont la même largeur ; & chaque prisme est environné d’autant de prismes qu’il a lui-même de côtés, excepté pourtant ceux qui sont sur les bords, qui ont plusieurs côtés à nud Jamais deux colonnes n’ont tous leurs côtés égaux ; les unes auront un côté de 8 pouces, un au-