Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tre de 17, un autre de 13, de 18, de 14, &c.

Ce qu’il y a de plus merveilleux dans ces pierres, dont l’assemblage forme le pavé des géans, & ce qui leur donne un caractere unique, c’est que, comme nous l’avons déja fait remarquer, ces colonnes sont composées de plusieurs jointures ou especes d’articulations qui s’emboitent les unes dans les autres ; pour cet effet, chaque morceau ou jointure a dans son milieu une partie convexe ou une éminence qui s’adapte parfaitement à une partie concave d’une autre articulation, & ainsi de suite : de cette maniere chaque articulation a une convexité d’un côté, & une concavité de l’autre ; cette convexité & cette concavité sont garnies d’un rebord qui a autant d’angles que la colonne a de côtés, & qui s’engrainent exactement sur la concavité & sur les angles de l’articulation suivante. On peut voir dans la Planche, fig. A, que ces articulations forment comme une couronne antique. La fig. B est une autre articulation sur laquelle la premiere s’adapte. Les convexités & les concavités ne sont point égales dans les articulations d’une même colonne ; elles varient pour le diametre, & sont plus ou moins sphériques : il y en a qui forment presque un quart de sphere d’autres sont beaucoup moins prominentes, & paroissent presque plates ; mais les articulations qui sont les unes sur les autres, ne laissent pas de se joindre toujours très-exactement.

Il y a des colonnes dont toutes les articulations ont leur parties convexes à la partie supérieure, c’est-à-dire tournées vers le ciel, d’autres ont leurs parties concaves tournées vers ce même côté : quelques articulations, en petit nombre, ont deux convexités à la partie supérieure & à la partie inférieure. Voyez la figure C. Alors les articulations qui la reçoivent en-dessus & en dessous sont concaves.

Ces différentes articulations dont les colonnes sont composées, se séparent avec assez de facilité les unes des autres ; cependant elles s’emboîtent assez exactement pour que l’on puisse en enlever deux à-la-fois sans qu’elles se détachent. La séparation des colonnes dans l’endroit où les articulations se joignent, n’a pas plus que l’épaisseur d’un fil ; il y a des colonnes sur lesquelles dans l’espace de trois piés on ne remarque point de séparation, la colonne paroît continuer dans cet espace ; parmi les colonnes qui composent le pavé des géans, on en a même trouvé une de douze piés qui n’avoit aucune articulation. On a observé que les divisions des colonnes sont plus éloignées les unes des autres à mesure que la colonne est plus proche de la terre, où elle prend pour ainsi dire racine.

On a déja fait remarquer que l’on trouvoit en Irlande des amas de colonnes semblables, non-seulement sur le bord de la mer, mais encore dans l’intérieur du pays. Le docteur Molyneux a observé, 1°. que plusieurs de ces colonnes sont plus grandes que celles qui se trouvent dans le pavé des géans sur le bord de la mer ; il y en a qui ont jusqu’à deux piés & demi de diametre. 2°. Les colonnes que l’on trouve dans l’intérieur du pays sont ou triangulaires ou quadrangulaires, ou pentagones ou exagones ; mais on n’y en voit point d’eptagones ni d’octogones comme dans le pavé des géans. 3°. Les articulations qui forment les colonnes de l’intérieur du pays, n’ont point de convexités ni de concavités comme les autres, elles se joignent simplement par des surfaces planes, un peu inclinées à l’horison ; elles ne sont jointes que par leur pesanteur, & peuvent se séparer très-facilement.

La pierre dont toutes ces colonnes sont composées, est d’une très-grande dureté ; elle donne des étincelles lorsqu’on la frappe avec le briquet. Sa couleur est d’un beau noir, luisant & comme poli ; le tissu en est très-serré, & la pierre est assez brillante

dans la fracture ; elle est fort pesante ; elle ne se calcine point au feu ordinaire, qui lui fait prendre une couleur ferrugineuse. A un feu violent cette pierre se vitrifie ; & lorsqu’on la mêle avec de la soude, elle donne un verre noir comme le verre de bouteilles.

Cette pierre, par sa couleur & par sa dureté, est très-propre à faire des pierres de touche pour essayer les métaux. On ne peut point l’employer dans les bâtimens, parce qu’elle résiste aux outils des tailleurs de pierres. Le comté d’Antrim est le seul endroit connu où cette pierre si singuliere se trouve. Voyez Emmanuel Mendez Dacosta, natural history of fossils, pag. 252, & 55.

Telle est la description qu’on nous donne du fameux pavé des géans : elle mérite toute l’attention des Naturalistes, & rien n’est plus propre à nous donner une idée de la crystallisation. Il paroît que les colonnes ou prismes qui composent ce pavé sont de la même nature que la pierre prismatique qui se trouve en Misnie, & qui est connue sous le nom de pierre de stolpe ; & il est à présumer que la pierre d’Irlande a les mêmes propriétés. Mais ce qui distingue cette derniere de toutes les autres, ce sont les articulations qui la composent. Voyez Stolpen, pierre de, & Voyez Touche, pierre de.

Pavé, revers de, terme de Paveur ; ils appellent revers de pavé, le côté du pavé dont la pente aboutit au ruisseau ou égoût des rues.

PAVEMENT, s. m. (Archit.) on se sert de ce terme pour exprimer & l’action de paver & l’espace pavé en compartiment de carreaux de terre cuite, de pierre ou de marbre. (D. J)

PAVENTIA, (Mythol.) divinité romaine, à laquelle les meres & les nourrices recommandoient les enfans, pour les garantir de la peur. Selon quelques-uns, on menaçoit de cette déesse les enfans pour les contenir ; ou bien on l’invoquoit pour se délivrer de la peur.

PAVER, v. act. (Archit.) c’est asseoir le pavé, le dresser avec le marteau, & le battre avec la demoiselle. On dit paver à sec lors qu’on assied le pavé sur une ferme de sable de riviere, comme dans les rues & sur les grands chemins ; paver à bain de mortier, lorsqu’on se sert de mortier, de chaux & de sable, ou de chaux & de ciment, pour asseoir & maçonner le pavé, comme on fait dans les cours, cuisines, écuries, terrasses, aqueducs, pierrées, cloaques.

Repaver, c’est manier à bout le vieux pavé sur une forme neuve, & en mettre de neuf à la place de celui qui est cassé.

PAVESADE, s. f. (Art. milit.) vieux mot que Borel rend assez bien par palissade ; les pavesades étoient de grandes claies portatives, derriere lesquelles les archers tiroient.

Le P. Daniel les représente sous la figure d’un bouclier ; mais M. Folard dit que les pavesades étoient des mantelets de claies qu’on rangeoit du camp aux travaux les plus proches du corps d’une place, derriere lesquels les soldats à couvert ouvroient un petit fossé pour les maintenir droits & fermes. On les rangeoit dans ce fossé qu’on couvroit ensuite de terre ; on les appelloit des pavesades ou tallenas, parce qu’elles servoient à couvrir ; mais cela ne veut pas dire que ce fussent des vrais pavois. Procope & Anne Commene font mention de ces sortes d’ouvrages dans leur histoire. Salignac dit aussi qu’au siege de Metz le duc de Guise fit mettre des pavesades du côté des brêches. Polybe de Folard, tom. II. (D. J.)

PAVESAN, le, ou le PAVÈSE, (Géog. mod.) contrée d’Italie dans le Milanez, entre le Milanez propre au nord, le territoire de Bobbio au sud, se Lodesan à l’est, & Saumeline à l’ouest ; c’est un territoire extrêmement fertile, dont Pavie est la capitale. Voyez Pavie.