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quefois parsemée de taches & de traits noirs, mais d’une couleur de pourpre au sommet. Cette tige se divise en plusieurs branches, placées en opposition, & embrassées par deux feuilles sans pédicules, larges à la base de la plante, mais allant toujours en diminuant à mesure qu’elles sont plus proches du sommet, de la largeur d’un doigt, pointues par le bout, dentelées sur les bords, semblables à la crête d’un coq, ayant toutes une veine remarquable qui s’étend à chaque découpure à droite & à gauche : du milieu des feuilles sortent de petites branches deux à deux, & plantées en opposition. Au sommet de la tige & des branches naissent de petites fleurs fort serrées les unes contre les autres en forme d’épi ; leur pédicule est fort court, leur calice est gros, rond, un peu applati, & coupé aux quatre extrémités en quatre segmens pointus. Elles n’ont qu’une feuille jaune, d’une figure assez semblable à celle d’un chaperon ; elles contiennent & cachent à la vûe un stile foible, avec quatre étamines.

Lorsqu’elles sont tombées, le calice s’enfle, forme une assez grosse vessie, qui renferme & comprime un vase séminal assez grand, divisé au milieu en deux cellules qui contiennent beaucoup de semences fort pressées, & environnées d’une bordure membraneuse d’une couleur cendrée. Lorsque la semence est mûre, les cellules membraneuses se rompent & s’ouvrent ; elles sont luisantes lorsqu’elles sont seches.

Cette plante fleurit au mois de Juin, & sa semence mûrit très-promptement ; à peine est-elle mûre, qu’elle tombe, & la plante se seche jusqu’à la racine même.

Elle croît particulierement dans les pâturages secs, & quelquefois dans les champs labourés ; elle n’est d’aucune utilité dans aucun endroit, & on la traite par-tout comme une mauvaise herbe. (D. J.)

Pédiculaire, maladie. La maladie pédiculaire, en grec φθειρίασις de φθεὶρ, poux, est une maladie fort ordinaire aux enfans & à quelques adultes. Les poux naissent des lentes ou œufs, lorsqu’ils se trouvent exposés à la chaleur ; cette multiplication est inconcevable.

On compte quatre especes de poux qui attaquent le corps humain. 1°. Les pediculi, qui fatiguent plus par leurs piés que par leur morsure : ceux-ci naissent principalement sur la tête des enfans qui ont la gale ou la teigne, ou des adultes qui ne se peignent pas.

2°. Les morpions qui s’attachent sous les aisselles, aux paupieres, aux parties de la génération. Voyez Morpions.

3°. Les gros poux qui infectent le corps & s’engendrent dans les habits des personnes malpropres ; ils sont gros, oblongs, épais, & se terminent en pointe.

4°. Les cirons ou ceux qui s’engendrent, selon quelques-uns, sous l’épiderme des mains & des piés ; ils sont de figure ronde comme des œufs de papillon, & quelquefois si petits, qu’ils échappent à la vûe. Ils excitent en rampant sous l’épiderme des demangeaisons insupportables ; quelquefois ils percent la peau & y excitent des pustules. On les appelle acari, cirones & pedecelli.

Traitement & préservatif. Le moyen le plus sûr de prévenir la maladie pédiculaire, est de tenir le corps dans une grande propreté, & de se peigner souvent ; quand ils viennent à la tête après s’être peigné souvent, on la lavera avec la lessive suivante :

Lessive contre les poux. Prenez absinthe, staphisaigre, marrube, de chacun une poignée ; petite centaurée demi-poignée ; cendres de chêne cinq onces : faites-en une lessive dans laquelle vous ferez dissoudre sel commun deux onces ; sel d’absinthe une once.

Ou servez-vous de l’onguent suivant. Prenez huiles

d’amandes ameres, de rue & de baies de laurier, de chacun demi-once ; staphisaigre en poudre, mirrhe, de chacun deux gros ; aloës en poudre, un gros ; lard salé deux onces : mêlez-les avec un peu de vinaigre. Ou prenez lard salé, huile de baies de laurier, savon noir, de chacun demi-once, vif argent éteint avec la salive, un scrupule ; myrrhe, aloës, de chacun demi-gros ; staphisaigre, deux scrupules ; savon de France, deux gros : réduisez-les dans un mortier en forme d’onguent.

On peut faire beaucoup d’autres onguens dans la même indication.

Etmuller conseille de se laver la tête avec une lessive dans laquelle on a fait bouillir de la semence de staphisaigre, & l’oindre avec le liniment suivant :

Liniment pour les poux. Prenez huile d’aspic, deux gros ; huile d’amandes amerès, demi-once ; onguent de nicotiane, six gros : mêlez & faites un liniment qui tuera ces vermines dans une nuit.

PÉDICULE, s. m. (Botan.) c’est proprement le petit brin qui soutient la fleur ; & le brin qui soutient la feuille s’appelle queue.

Les fleurs conserveront long-tems leur fraîcheur après qu’on les aura cueillies, si l’on fait tremper leurs pédicules dans l’eau. Un grand secret pour conserver des fruits pour l’hiver, c’est de cacheter leurs pédicules avec de la cire. Les cerises qui ont le plus court pédicule sont estimées les meilleures. Le pistil de la fleur devient fort souvent le pédicule du fruit. Voyez Pistil.

Pédicules médullaires, en Anatomie. Voyez Péduncules.

PEDICULI, (Géog. anc.) Voyez Pœdiculi.

PÉDIÉEN, adj. (Antiq. d’Athenes.) citoyen d’un des quartiers d’Athenes ; cette ville étoit divisée en trois quartiers différens ; une partie étoit sur le penchant d’une colline, une autre sur le bord de la mer, & une autre dans un lieu plat, située entre les deux premieres. Ceux qui habitoient dans ce quartier du milieu s’appelloient Πεδιεῖς, Pédiéens, ou comme dit Aristote, Pédiaques. Ces quartiers faisoient souvent des factions différentes ; Pisistrate se servit des Pédiéens contre les Diacriens, ou ceux du quartier de la colline. Du tems de Solon, quand il fallut choisir une forme de gouvernement, les Diacriens vouloient qu’il fût démocratique ; les Pédiéens demandoient une oligarchie, & les Paraliens, ou ceux du quartier du port, desiroient un gouvernement mixte. Ce mot vient de πέδιον, une plaine, un lieu plat, parce qu’en effet ce quartier étoit un lieu plat. Voyez Athenes ancienne de la Guillotiere.

PEDIEUX, en Anatomie ; c’est le second des muscles extenseurs du pié, d’où lui est venu son nom. Voyez Pied & Extenseur.

PEDILUVE, s. m. (Médecine.) ce n’est autre chose que des bains pour les piés, dont la composition est la même que pour les bains ordinaires ; on s’en sert d’autant plus volontiers qu’ils demandent moins d’étalage ; on les compose d’eau pure sans addition, ou pour corriger la pesanteur ou la dureté de l’eau, on y mêle de la lessive, du son de froment, ou des fleurs de camomille ; bien que les lavemens des piés s’appliquent aux parties les plus basses & les plus éloignées, leur vertu se répand cependant & se communique au loin, & ils appaisent des maladies dont le siége est dans des parties fort éloignées ; car l’application des liqueurs chaudes au pié, relâche, ramollit les fibres nerveuses, tendineuses & musculeuses, dont ils sont composés, & qui sont entemêlés des vaisseaux. Les pores & les vaisseaux qui étoient auparavant resserrés se dilatent, le sang y aborde & les liqueurs y passent plus aisément ; ce qui fait que le sang qui se portoit avec impétuosité vers d’autres parties, se jette sur des parties latérales au grand soula-