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tableau merveilleux, qui réprésentoit d’un côté la prise de Troye, & de l’autre les Grecs s’embarquant pour leur retour. Telles étoient les mœurs de ce tems-là ; aujourd’hui un pilote n’est qu’un marin sans distinction ; alors c’étoit un homme utile à l’état, & tout mérite utile à l’état avoit sa récompense. Une inscription, une statue, un tombeau élevé aux dépens du public, entretenoient la gloire, & portoient les hommes à toutes sortes de belles actions. (D. J.)

Pilotes, (Lutherie.) dans l’orgue sont des baguettes cilindriques EC, fig. 22. orgue, à l’extrêmité inférieure desquelles sont des jointes déliées ou des épingles qui entrent dans des trous qui sont aux extrémités des bascules du positif qui entrent dans le pié du grand orgue ; la partie supérieure E traverse un guide D (fig. 5, 20 & 22.) percé d’autant de trous qu’il y a des pilotes ou de touches au clavier au-dessous desquels ces trous doivent répondre.

La longueur des pilotes est égale à la distance qui se trouve entre le dessous des touches du premier clavier qu’on appelle clavier du positif, & l’extrémité B des bascules. Voyez Bascules du positif.

Les pilotes servent à transmettre l’action des touches du premier clavier aux bascules qui transmettent la même action aux soupapes du sommier du positif : ce qui les fait ouvrir. Voyez Sommier du positif.

PILOTER, v. a. (Archit. hydraul.) c’est enfoncer des pieux ou des pilots, pour soutenir & pour affermir les fondemens d’un édifice qu’on bâtit dans l’eau, ou sur un terrein de mauvaise consistance. On ferre ordinairement le bout des pilots, ou on le brûle, pour empêcher qu’il ne pourrisse, & on l’enfonce avec la sonnette ou l’engin, jusqu’au refus du mouton, ou de la hie. (D. J.)

Piloter, (Marine.) c’est ce que font les Pilotes-côtiers ou Lamaneurs, qui conduisent les vaisseaux hors des embouchures des rivieres, des bancs & des dangers. Ceux qui ne voyent point venir des Lamaneurs à leur bord, peuvent se servir de pêcheurs pour les piloter.

Piloter un navire dehors ou hors du port.

PILOTIS, en terme d’Architecture, c’est un grand pieu que l’on enfonce dans la terre pour servir de fondation, quand il s’agit de bâtir sur un terrein marécageux. Voyez Fondation. Voyez aussi Pallification.

Amsterdam & quelques autres villes sont entierement bâties sur pilotis.

La breche de Dagenham est fermée ou bouchée avec des pilotis à queue d’aronde, c’est-à-dire, avec des pilotis emmortaisés l’un dans l’autre, moyennant des tenons à queue d’aronde. Voyez Pieu & Queue d’aronde.

Pilotis, s. m. (Hydr) ce sont des pieces de bois afilées par un bout, armées d’un fer pointu & fretées en leur couronne de fretes de fer. On nomme pilotis de bordage ceux qui environnent le pilotage, & qui portent les racines ; ceux qui garnissent l’espace piloté, s’appellent pilotis de remplage.

PILSEN, (Géog. mod.) ville de Bohème, capitale du cercle de même nom, sur les frontieres du Haut Palatinat de Baviere, entre les rivieres de Misa & de Watta, à 20 lieues d’Egra, & à 19 de Prague. Elle est défendue par des tours & de bons bastions ; aussi a-t-elle été souvent prise & reprise dans les guerres de Bohème. Long. 31. 18. lat. 49. 45.

Dubraw, en latin Dubravius (Jean) nâquit à Pilsen, & se fit estimer dans le seizieme siecle par une histoire de Boheme en XXXIII livres qu’il publia en 1551, & dont la meilleure édition est de Francfort en 1688. Dubraw mourut évêque d’Olmutz en 1553. (D. J.)

PILSNA, ou PILEZNA, ou PILSNO, (Géog. mod.) ville de la petite Pologne, dans le palatinat de Sandomir, aux confins de celui de Cracovie, sur une petite riviere qui se jette dans la Vistule.

PILTEN, ou PILTYN, (Géog. mod.) ville du duché de Curlande, capitale d’un canton de même nom, sur la Windaw, entre Golding & le fort de Windaw. Il y avoit autrefois un évêché sécularisé en 1559, par Fréderic II. roi de Danemarck, qui en conféra le domaine à la noblesse & à ses créatures pour le cultiver & fournir le pays de bétail : ce qui a très-bien réussi. Long. 39. 45. lat. 57. 45. (D. J.)

PILULAIRE, s. m. (Hist. nat. Botan.) plante qui paroît avoir échappé à la connoissance des anciens botanistes. M. Bernard de Jussieu en a établi le caractere sur les parties de la fleur qu’il a découvertes par le microscope. Les curieux peuvent lire son mémoire à ce sujet, dans le recueil de l’académie des Sciences. Année 1739.

Cette plante est nommée pilularia palustris, juncifolia, par MM. Vaillant & Jussieu ; calamistrum par Dillenius ; graminifolia palustris, repens, vasculis granorum piperis, par Rai ; muscus aureus, capillaris, palustris, interfoliola, folliculis rotundis, quadripartitis par Pluckenet. Voici ses caracteres :

Les fleurs de la pilulaire ont deux calices : un externe ou commun, & l’autre interne ou propre. Le calice externe renferme quatre fleurs ; il est d’une seule piece sphérique, velue, épaisse, dure, qui s’ouvre en quatre portions égales, & chaque portion est collée à la face convexe d’un des quatre calices internes. Le calice interne contient une fleur ; il est membraneux, d’une seule piece dont la forme est celle d’un quartier de sphere, & il s’ouvre par l’extrémité supérieure.

Le placenta, qui dans chaque fleur porte les étamines & les pistils, est une bande membraneuse, longue, étroite, qui naît du fond de la cavité du calice interne, se prolonge jusqu’au deux tiers de sa hauteur, & s’attache à la face sphérique de ce calice dans le milieu de sa largeur.

Les étamines sont pour l’ordinaire au nombre de trente-deux sommets, sans filets ; leur figure est celle d’un cône ; ils sont tous attachés par la pointe à une petite tête qui termine le bord supérieur du placenta, sur laquelle ils forment, en se dirigeant en tous sens, une houpe pyramidale. Ces sommets sont des capsules délicates, membraneuses ; elles s’ouvrent transversalement, & répandent une poussiere ronde.

Les pistils sont au nombre de 12, de 16, ou de 20 embryons, ovoïdes, situés perpendiculairement sur le placenta dont ils couvrent les faces & le bord tranchant ; ils n’ont point de stile ; mais la partie supérieure de chaque embryon est terminée par un stigmate court & obtus.

Le péricarpe est le fruit de cette plante ; il est à quatre loges composées des deux calices qui subsistent, & conservent plusieurs semences.

Les semences sont menues, blanchâtres, ovoïdes, arrondies par la base, & terminées en pointe par le haut.

Le germe, ou la plantule contenue dans la semence, soit dans la germination, de la partie supérieure de la capsule seminale, produit une premiere feuille, & une radicule.

Il me reste peu de choses à ajouter sur la description de cette plànte. Elle est très-basse, rampante & couchée sur terre. Ses racines sont de petits filets blancs, simples & flexibles. Ses tiges & ses branches sont si bien entremélées les unes dans les autres, que la principale tige est difficile à distinguer. Les feuilles viennent alternativement sur les deux côtés des rameaux ; elles sont vertes, tendres, presque cylin-