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pays chauds, & le droit romain en condamne l’usage formellement par les plus grandes peines.

Tous les jurisconsultes connoissent la loi contre ceux qui empoisonneront avec l’espece de chenille nommée pithyocampæ, c’est-à-dire, chenille de pin, ainsi que le mot grec le porte.

C’est une faute, pour le dire en passant, in digest. apud Marcellum, l. XLVIII. tit. ad leg. corn. de venef. le mot de pithyocarpa, qu’on y trouve pour pithyocampa.

Ulpien expliquant la loi cor. de Sicar. met au nombre des gens qui ont mérité la peine statuée par cette loi, ceux qu’il nomme pithyocampæ propinatores. Y avoit-il réellement dans le pays chaud une chenille de pin qui empoisonnât & que nous ne connoissons plus ? Ou plutôt cette idée seroit-elle une erreur populaire qui a passé jusqu’à nous par tradition & par écrit ? Il y en a tant de ce genre !

Pin, (Iconolog.) il étoit consacré à plusieurs déités, mais sur-tout à Cybèle ; car on le trouve ordinairement représenté avec cette déesse. Le dieu Sylvain porte aussi quelquefois de la main gauche un rameau de pin chargé de ses pommes. Properce prétend encore, que le dieu d’Arcadie aimoit & favorisoit cet arbre de sa protection. Enfin, on s’en servoit par préférence à tout autre pour la construction des buchers sur lesquels on brûloit les morts ; & c’étoit là le meilleur usage qu’on en pût tirer. (D. J.)

PINACIA, s. f. (Antiq. grecq.) πινάκια ; on nommoit ainsi chez les Athéniens des tablettes de cuivre, où étoient écrits les noms de toutes les personnes dûement qualifiées de chaque tribu, qui aspiroient à être juges de l’aréopage. On jettoit ces tablettes dans un grand vase, & l’on mettoit dans un autre vase un pareil nombre de feves, dont il y en avoit cent de blanches, & toutes les autres noires. On tiroit le nom des candidats & les feves une par une, & tous ceux dont les noms étoient tirés conjointement avec une feve blanche, étoient reçus dans le sénat. Du tems de Solon, il n’y avoit que quatre tribus, dont chacune élisoit cent sénateurs ; de sorte qu’alors l’aréopage n’étoit composé que de quatre cens membres ; mais le nombre des tribus ayant ensuite été augmenté, le nombre des sénateurs le fut aussi proportionnellement : cependant la maniere de les élire subsista toujours la même. Potter, Archæol. græc. tom. I. p. 97. (D. J.)

PINACLE, s. m. se dit en Architecture, du haut ou du comble d’une maison qui se termine en pointe. Voyez Comble.

Ce mot vient du latin pinna, pinnaculum : les anciens ne donnoient guere qu’aux temples cette espece de comble ; leurs combles ordinaires étoient tout plats ou en maniere de plate-forme. Voyez Comble.

C’est du pinacle que le fronton a pris son origine. Voyez Fronton.

Pinacle, (Antiq. rom.) le pinacle étoit une sorte d’ornement parmi les Romains, que l’on mettoit au haut des temples. Les Grecs l’appelloient ἀετὸς, ἀέτωμα, & les Romains fastigium ; on en voit sur les médailles anciennes. Il ne dépendoit pas des particuliers de poser à leur volonté de pareils ornemens sur leurs maisons. C’étoit une faveur précieuse qu’il falloit obtenir du sénat, comme tout ce qui se prenoit sur le public. C’est ainsi que pour honorer Publicola, on lui donna la permission de faire que la porte de sa maison s’ouvrît dans la rue, au lieu de s’ouvrir en-dedans. César jouissoit de l’honneur du pinacle, que le sénat n’osa pas lui refuser, & qui distinguoit sa maison de toutes les autres. Au reste, le pinacle étoit décoré de quelques statues des dieux, ou de quelques figures de la Victoire, ou d’autres ornemens, selon le rang, ou la qualité de ceux à qui

ce privilége rare étoit accordé ; car les maisons à pinacles, étoient regardées comme des temples. (D. J.)

Pinacle du temple, (Critique sacrée.) pinnaculum templi, en grec τὸ πτερύγιον τοῦ ἰεροῦ, Luc. iv. 9. C’étoit la galerie qui regnoit autour du toît plat de Jérusalem, ou la tourelle bâtie sur le vestibule du temple. (D. J.)

PINAHUITZXIHUITL, (Hist. nat. Botan.) arbuste de la nouvelle Espagne, que l’on désigne dans de certaines provinces sous le nom de cocochiatli. Il a communément deux piés de haut ; ses tiges sont minces & épineuses ; ses feuilles sont divisées en six parties ; ses fleurs ressemblent à celles du châtaignier, & son fruit, qui forme de petites grappes, ressemble à la châtaigne ; il est verd d’abord, ensuite il devient rougeâtre. Cette plante a, dit-on, les propriétés de la sensitive ; elle se contracte lorsqu’on la touche, ou même lorsqu’on en approche.

PINARA, (Géog. anc.) 1°. ville d’Asie, dans la Lycie. Strabon, qui la met dans les terres au pié du mont Cragus, dit que c’étoit une des plus grandes villes de la Lycie ; Etienne le géographe la place mal-à-propos dans la Cilicie. Les habitans de cette ville étoient appellés Pinaretæ.

2°. Pinara, ville de la Cælesyrie, dans la partie septentrionale, sur le Gindarus ; car la Cælésyrie s’etendoit jusques-là, selon Pline, l. V. c. xxiij. Ptolomée, l. V. c. xv. la place dans la Piérie de Syrie. (D. J.)

PINARIENS, s. m. Pinarii, (Antiq. rom.) prêtres d’Hercule. Ils furent ainsi nommés ἀπὸ τῆς πείνης, a fame, pour marquer qu’il ne leur étoit pas permis de goûter aux entrailles des victimes, dont les seuls Potitiens avoient droit de manger ; & cela en punition de s’être trouvés trop tard aux sacrifices, dont Hercule leur avoit donné le soin : cette punition fut donc l’effet de leur négligence.

Enfin, le sacré ministere cessa dans ces deux ordres de prêtres ; car du tems de Denys d’Halycarnasse, c’étoient des esclaves achetés des deniers publics, qui avoient soin des sacrifices d’Hercule. Voici la cause de ce changement rapportée par Tite-Live, livre IX. de son histoire.

Tandis que Claudius Appius faisoit les fonctions de censeur, il engagea les Potitiens à se décharger du soin des sacrifices dont ils étoient les ministres, & à l’instruire des cérémonies dont ils avoient seuls la connoissance ; mais il arriva, dit l’historien latin, que la même année, de douze branches dont étoit alors composée la famille des Potitiens, il mourut trente personnes toutes en âge d’avoir postérité, & que toute la race fut éteinte. Appius lui-même, pour avoir donné ce conseil, devint aveugle ; comme si Hercule eût voulu venger sur Appius, & sur tous les Potitiens, le mépris qu’ils avoient de ses sacrifices, en les remettant en d’autres mains. (D. J.)

PINASSE, s. f. (Marine.) c’est un bâtiment fait à poupe quarrée, dont l’origine vient du nord, & qui est fort en usage en Hollande. On croit qu’on l’a appellé ainsi de pinasse, pin, à cause que les premieres pinasses ont été faites de pin. Comme le vaisseau de 134 piés de long, de l’étrave à l’étambord, dont les proportions se trouvent ici sous chaque mot de construction, ou de membres de vaisseaux, est une pinasse, il n’est pas besoin d’en donner encore d’autres devis.

Pinasse, c’est un petit bâtiment de Biscaie, qui a la poupe quarrée : il est long, étroit, & leger ; ce qui le rend propre à la course, à faire des découvertes, & à descendre du monde en un côté ; il porte trois mâts & va à voiles & à rames.

PINCE, s. f. (outil.) gros levier de fer rond, de quatre piés de long & de deux piés de diametre,