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On voit encore quelques ruines de Pitane en venant de Magula à Misitra. Au-dessus de ces ruines est un vignoble qui produit le meilleur vin de la Morée, & qui paroît être le même terroir où Ulysse planta une vigne de sa propre main en l’honneur de Pénélope ; car la situation de ce vignoble quadre parfaitement à la description d’Athénée. Lisez ce qu’il en a dit dans son premier livre, & n’oubliez pas d’y voir les vers d’Alcman. Du tems de ce poëte gourmet, le vin de Pitane avoit une odeur de fleurs, & même encore aujourd’hui il sent la framboise.

3°. Pitane, ville de l’Eolide voisine de la Troade. Cette Pitane est célebre par la naissance d’Arcésilas, disciple du mathématicien Autolycus son compatriote, & qu’il suivit à Sardes ; ensuite il vint à Athènes pour y prendre des leçons de Théophraste & de Crantor. Il fut le fondateur de la moyenne académie, comme Socrate avoit été le pere de l’ancienne, & comme Carnéade le fut de la nouvelle. Cicéron nous la dépeint pour le plus déterminé sceptique de tous les académiciens.

Eumenes I. roi de Pergame & Attalus son successeur, le comblerent de bienfaits. Il étoit lui-même l’homme du monde le plus généreux ; il faisoit du bien, & ne vouloit pas qu’on le sût ; il pratiquoit ce précepte de l’Evangile avant qu’il eût été annoncé. Il fit une visite à Ctesibius son ami pauvre & malade, afin d’avoir occasion de lui glisser adroitement & en cachette sous l’oreiller, une bourse pleine d’argent. Une autre fois il prêta sa vaisselle d’argent à un ami qui devoit donner un festin, & il refusa de la reprendre lorsqu’on la lui reporta.

Ses dogmes tendoient au renversement des préceptes de la morale, & néanmoins il la pratiquoit, excepté dans les plaisirs de l’amour & de la table. Il mourut d’avoir trop bû à l’âge de 75 ans, la quatrieme année de l’olympiade 134.

Il souffroit la douleur en stoïcien, quoiqu’il fût l’antagoniste du fondateur de cette secte. Au fort des tourmens de la goutte. « Rien n’est passé de-là ici », dit-il, en montrant son cœur à Carnéades l’épicurien, qui s’affligeoit de le voir si souffrant.

Il avoit une pensée fort bonne & fort vraie sur la mort : il disoit « que de tous les maux c’étoit le seul dont la présence n’incommodât personne, & qui ne chagrinât qu’en son absence. »

Nous avons sa vie dans Diogene Laerce, & son article dans Bayle ; mais pour ce qui regarde sa doctrine, voyez dans ce Dictionnaire les mots Académiciens & Scepticiens. (Le Chevalier de Jaucourt.)

PITANGUAGUACU, (Ornithol.) nom d’un oiseau du Brésil qui est du genre & de la grosseur de l’étourneau ordinaire ; son bec est épais, long, de figure pyramidale terminée en pointe aiguë ; sa tête est large & applatie ; son cou est court, & il a la faculté de l’accourcir encore quand il lui plaît. Son cri est perçant ; ses jambes & ses piés sont d’un brun obscur. Il a la tête, le cou, le dos, les aîles & la queue d’un brun noirâtre avec un léger mélange de verd ; la partie inférieure de la gorge, la poitrine & le ventre sont jaunes. Marggrave, hist. du Brésil.

PITE, s. f. (Botan. exot.) espece de chanvre ou de lin qui se recueille en plusieurs endroits de l’Amérique équinoxiale, particulierement le long de la riviere d’Orénoque. La plante qui le fournit, est sauvage ou cultivée ; elle a des feuilles rondes, cannelées, de la grosseur du doigt, & longues d’un à deux piés ; ses fleurs ont la forme d’un casque timbré, & sont fort petites ; on tire des feuilles un espece de fil, dont les Indiens se servent pour faire leurs lignes à pêcher ; les cordes de leurs arcs, les cordages de leurs canots, leurs voiles, leurs hamacs & autres ouvrages. (D. J.)

Pite, s. f. (Com.) petite monnoie hors d’usage, dont la valeur étoit d’un quart de denier, demi-maille ou demi-obole. Il y a eu aussi des deniers-pites.

PITHA ou PITHEA, (Géog. mod.) province de la Laponie Suédoise, bornée au nord par la Laponie de Luhlea, au midi par celle d’Uhma, au levant par la Bothnie occidentale, & au couchant par la Norwege. Elle est traversée par une riviere de même nom, & a pour chef-lieu une bourgade qui s’appelle aussi de même. Long. de cette bourgade, 38. 50. lat. 65. 5.

PITHECUSSÆ ou PITHECUSÆ, (Géog. anc.) Diodore de Sicile, liv. XX. chap. lix. met trois villes de ce nom dans l’Afrique propre. Il dit qu’on y rendoit un culte aux singes, qui frequentoient les maisons des habitans, & qui usoient librement des provisions qu’ils y trouvoient. 2° Pithécussæ étoient aussi des îles de la mer de Tyrrhène, selon Etienne le géographe. (D. J.)

PITHEUS, (Géog. anc.) bourgade de l’Attique, dans la tribu Cécropide. Elle prenoit son nom du mot πιτηος, qui signifie un tonneau, parce qu’aneiennement il s’y en faisoit une grande quantité, selon M. Spon, liste de l’Attique. Etienne le géographe écrit πιτος pour πιτεὸς.

PITHIE, s. f. (Physiq.) sorte de météore ou de phénomene lumineux. Voyez Aurore boréale.

PITHIVIERS, (Géog. mod.) petite ville dans la Beauce, autrement nommée Pluviers. Voyez Pluviers.

PITHIUS, (Mythol.) surnom d’Apollon depuis sa victoire sur le serpent Python ; peut-être aussi que ce nom lui vient de la ville de Delphes, qui s’appelloit anciennement Pitho.

PITHO, s. f. (Mythol.) ou la déesse de la persuasion, nommée Suada par les Romains, mérita d’être invoquée principalement par les orateurs. Il est du moins certain qu’elle eut plusieurs temples ou chapelles dans la Grece. Thésée ayant persuadé à tous les peuples de l’Attique de se réunir dans une seule ville, pour ne faire désormais qu’un peuple, il introduisit à cette occasion le culte de la déesse Pitha. Hipermnestre après avoir gagné sa cause contre Danaüs son pere, qui la poursuivoit en justice, pour avoir sauvé la vie à son mari contre ses ordres, dédia une chapelle à la même déesse. Enfin elle avoit dans le temple de Bacchus à Mégare, une statue de la main de Praxitele. (D. J.)

PITHŒGIE, (Antiq. d’Athènes.) pithœgia, fête & sacrifice qui se célébroient à Athènes en l’honneur de Bacchus, le II du mois Anthistérion. Plutarque dans ses sympos, dit que c’étoit le jour auquel on commençoit à boire du vin nouveau ; si cela est, ce mot peut dériver de πιτων ἀνοίγη, l’ouverture des tonneaux.

PITHOM, (Géog. anc.) ville d’Egypte dans le nôme sétrhoite. Ce fut l’une des deux villes que Pharao fit bâtir par les descendans de Jacob, Exod. chap. j. v. 8. Marsham prétend que la ville d’Abaris, celle de Typhon, celle de Séthrom, & celles de Pithom, mentionnées dans l’Exode, sont la même que les grecs nomment Pelusium. Le nom Πειτὼ ou Πίτομ, donné à l’une des villes bâties par les enfans d’Israel, faisoit allusion à celui de Typhon. Les Egyptiens donnoient toujours à ce Typhon le nom de Seth ; de-là vint qu’ils nommerent Sethron la ville de Typhon. Le nom Sethroite fut pris de la ville de Séthrom, qui étoit située sur le côté oriental du fleuve Rubaste, & ce nôme étoit dans la partie occidentale du Delta. (D. J.)

PITIÉ, (Morale.) c’est un sentiment naturel de l’ame, qu’on éprouve à la vue des personnes qui souffrent ou qui sont dans la misere. Il n’est pas vrai que la pitié doive son origine à la réflexion, que nous