Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/661

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

agrémens à la poésie lyrique toscane. Pétrarque ne fit pas difficulté de profiter de ses pensées. Il mourut en 1336.

Clément IX. auparavant nommé Julio Rospigliosi naquit à Pistoie en 1599, & mourut de déplaisir l’an 1669, de la perte de Candie ; tant il avoit à cœur que cette île ne tombât pas entre les mains des Infideles. (D. J.)

PISTOLE, (Monnoie.) ce mot ne signifie pas toujours une piece de monnoie, il désigne le plus souvent une somme de dix livres, en sorte que par douze ou quinze pistoles, on entend douze ou quinze fois dix livres, c’est-à-dire 120 ou 150 livres ; cela vient de ce que les pistoles d’Espagne avoient cours en France après le mariage de Louis XIV. & valoient dans ce tems-là dix francs ; & quoique ces mêmes pistoles ayent dans la suite valu plusieurs différens prix, que le cours en soit devenu très-rare, & même qu’elles ne soient plus d’usage aujourd’hui, nous avons retenu le terme de pistole pour signifier dix livres, & l’on dit aussi-bien 50, 100 & 200 pistoles, que cinq cent, mille & deux mille francs.

PISTOLET, s. m. (Arme.) des arquebuses vinrent les pistoles ou pistolets à rouet, dont le canon n’avoit qu’un pié de long, c’étoient des arquebuses en petit. Ces armes furent appellées pistoles ou pistolets, parce que les premiers furent faits à Pistoye en Toscane. Les Allemans s’en servirent en France avec les François ; & les Reistres qui les portoient du tems de Henri II. étoient appellés pistoliers. Il en est fait mention sous le regne de François I. Les pistolets sont à l’usage de toutes les troupes à cheval. Il y a bien long-tems qu’ils sont à simple ressort, ainsi que les fusils & les mousquetons, car en 1658 l’usage des pistolets à rouet n’étoit pas encore aboli. (D. J.)

Pistolet a rouet, voyez Arquebuse a rouet.

PISTOLOCHIE DE VIRGINIE, (Mat. méd.) voyez Serpentaire de Virginie.

PISTON, s. m. (Hydraul.) est un cylindre de bois, quelquefois de métal, qui étant levé & baissé par les tringles d’une manivelle dans l’intérieur d’un corps de pompe, aspire ou pousse l’eau en l’air, & souvent la comprime & la refoule. Ce piston doit être garni de fort cuir en forme d’un manchon par le bas pour entrer avec force dans le corps de pompe ; il est ouvert dans le milieu & garni d’un clapet de cuir. Voyez Clapet ; voyez aussi Pompe.

On appelle quelquefois le piston barillet, voyez Barillet.

PISTOR, (Mythol.) surnom de Jupiter. Pendant que les Gaulois assiégeoient le capitole, Jupiter, dit-on, avertit les assiégés de faire du pain de tout le blé qui leur restoit, & de le jetter dans le camp ennemi, pour lui prouver qu’ils ne seroient pas de long-tems réduits à manquer de vivres. Ce conseil réussit si bien, que les ennemis leverent le siege ; & les Romains en actions de graces, érigerent dans le capitole une statue à Jupiter, sous le nom de Pistor.

PISTORIA, (Géog. anc.) ville d’Italie dans la Toscane. Ptolomée, liv. III. ch. j. la place dans les terres, entre Lucus Feroniæ, Colonia & Florentia. Pline, liv. III. ch. v. l’appelle Pistonium. C’est aujourd’hui la ville de Pistoie.

PITAN, (Geog. mod.) province des Indes dans les états du Mogol, au-delà du Gange, bornée au nord par le mont de Naugracut, au midi par la province de Jésuat, au levant par le royaume d’Ozem, & au couchant par le royaume de Mevat. M. de Lisle donne à cette province, le nom de Raja-Nupal.

PITANAIDE, (Géog. anc. & Hist. de Sparte.) nom de l’une des tribus de Sparte. Pitanica lieu subsistant encore au milieu de la plaine qui s’étend de Sparte à Therapné, en étoit la capitale, & lui donnoit son nom. De-là on a tout lieu de soupçonner

que ceux de cette tribu étoient les laboureurs de cette plaine, & ne composoient pas la plus petite tribu de ce peuple, leur occupation étant la plus nécessaire aux hommes.

PITANCE, s. f. (terme monastique.) c’est ce qu’on donne à chaque religieux pour son repas ; mais ce mot est vieux, & l’on dit aujourd’hui portion. Les Bourguignons disent encore pitainche, que M. de la Monnoye explique dans ses noëls bourguignons par boisson de vin.

Le P. Labbe dérive pitance de pitancium mot usité dans les écrits de l’un & l’autre Hinemar, pour une table enduite de poix où l’on mangeoit, d’autant que personne ne recevoit sa portion de pain, de vin, de viande, de poisson, ni autre chose nécessaire à la vie, que ceux qui étoient écrits dans la matricule.

Cet usage étoit pris des Romains, qui tiroient des greniers publics la subsistance de leurs soldats. Leur portion, pitacium, étoit réglée, & chacun étoit obligé d’aller la prendre avec un billet qui lui étoit donné par un greffier, lequel billet contenoit la quantité de l’étape pour chacun, s’il m’est permis de me servir de ce terme. Le fait que j’avance est prouvé par la loi vj. du titre de erogatione militaris annonæ, cod. Theodos. où il dit : Susceptor, antequam diurnum pitacium authenticum ab actuarus susceperit, non eroget ; quod si absque pitacio fuerit erogatio, id quod expensum est, damni ejus supputetur. (D. J.)

PITANCERIE, s. f. (Jurisprud.) mensaria ; office claustral qui est établi dans quelques abbayes, & qu’en d’autres on nomme cellererie, mensaria. Cet office qui est présentement sans fonction, consistoit autrefois à distribuer la pitance aux moines. Voyez Pitance.

PITANCIER, s. m. (Jurisprud.) obsonator, officier claustral qui distribuoit autrefois la pitance aux moines. Voyez Pitance. (A)

PITANE, (Géog. anc.) 1°. ville de l’Asie mineure, dans la Mysie, proche du Caïcus, de l’embouchure duquel elle étoit éloignée de trente stades. Vitruve, liv. II. c. iij. rapporte qu’on y faisoit des briques qui nageoient sur l’eau, ce qui est appuyé du témoignage de Strabon.

2°. Pitane est un lieu de la Laconie sur le bord du Vasilipotamos (l’ancien Eurotas). La Guilletiere, Lacédémone anc. & nouv. nous assure qu’il y a de l’erreur dans toutes les cartes qui en ont fait une ville, & en ont voulu marquer la position. C’étoit un quartier de Lacédémone, ou tout-au-plus un fauxbourg détaché de la ville. Pausanias, qui est très-exact à nommer les villes de Laconie, ne dit pas un mot de Pitane. Par ce silence il demeure si bien d’accord que ce lieu doit être confondu avec Sparte, qu’il parle d’un tribunal de Lacédémone appellé la jurisdiction des Pitanates, où apparemment ceux du quartier venoient répondre. Plutarque le marque assez dans son traité de l’Exil par ces paroles : « Tous les Athéniens ne demeurent pas dans le Colytos ; tous les Corinthiens dans le Cranaou, & tous les Lacédémoniens dans le Pitane ». Le Colytos étoit un quartier d’Athènes ; le Cranaou un fauxbourg de Corinthe ; & il n’y auroit eu ni proportion, ni justesse dans la comparaison de Plutarque, si le Pitane n’eût été dans la même proximité de Lacédémone.

La premiere église des Chrétiens fut autrefois bâtie dans ce lieu-là, quand S. André annonça l’Evangile à Lacédémone.

Ménélas reçut la naissance à Pitane ; entre plusieurs témoignages, le chœur de la Troade d’Eurypide le justifie quand il fait des imprécations contre ce fils d’Atrée, souhaitant qu’il ne revienne jamais dans Pitane sa patrie. Ne soyons pas surpris que la plûpart des historiens ayent parlé de ce petit fauxbourg, puisque c’étoit un fauxbourg de Lacédémone.