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Horace, après avoir fait l’éloge des philosophes stoïciens du nombre desquels il se met, & après avoir dit qu’ils jouissent de tous les biens que l’on peut souhaiter, sur-tout de la santé qui est un des plus grands, ajoute qu’elle ne leur manque pas non plus ; à moins, dit-il, qu’ils ne soient chassieux, comme je le suis. Cette conclusion est autant pour faire rire Mécenas, que pour tourner en ridicule les Stoïciens qui soutenoient que rien ne devoit troubler leur bonheur. (D. J.)

PITULANI, (Géog. anc.) peuples d’Italie, dans l’Umbrie. Pline, l. III. c. xiv. qui les met dans la sixieme région de l’Italie, les partage en deux peuples, dont les uns étoient surnommés Pisuertes, & les autres Mergentini. La ville de Pitulum n’étoit pas dans leur pays, car Pline la place dans la premiere région. (D. J.)

PITULUM, (Géog. anc.) ville d’Italie, dans le Latium. Elle est rangée par Pline, l III. c. v. au nombre des principales villes du pays. (D. J.)

PITYEJA, (Géog. anc.) ville de la Troade, dans le Pityunte au territoire de Parium, selon Strabon, l. III. p. 588. qui dit qu’au-dessus de cette ville il y avoit une montagne qui portoit une grande quantité de pins. Il ajoute que Pityeja étoit située entre Parium & Priapus.

2°. Pityeja est encore le nom d’une île de la mer Adriatique sur la côte de la Liburnie. (D. J.)

PITYLISMA, (Gymnastiq. medicin.) espece d’exercice que les anciens médecins prescrivoient comme utile dans certaines maladies chroniques. Cet exercice consistoit à marcher sur la pointe des piés, en tenant les mains élevées par-dessus la tête, & les agitant en différens sens avec beaucoup de vîtesse ; le malade devoit se promener ainsi, aussi long-tems que ses forces le lui permettoiont. (D. J.)

PITYTES, (Hist. nat.) nom dont on s’est servi pour désigner du bois de pin pétrifié.

PITYUS, (Géog. anc.) ville sur le Pont-Euxin. Arrien, I. peripl. p. 18. la met à trois cens cinquante stades de Dioscuriade : il la donne pour la borne de l’empire romain de ce côté-là, ce qui est confirmé par le témoignage de Suidas. Pline, l. VI. c. v. connoît aussi dans ces quartiers une ville nommée Pytius, & il dit qu’elle fut ruinée par les Henochli. (D. J.)

PITYUSSÆ, (Géog. anc.) îles d’Espagne, dans la mer Méditerranée. Les anciens ne comptoient que deux îles Baléares, savoir celles que nous appellons aujourd’hui Majorque & Minorque. Ils comprenoient sous le nom de Pityuses, les deux autres îles qu’on appelle Yvica & Frumentara.

Le nom de Pityuses leur avoit été donné à cause des pins qui s’y trouvoient en quantité. Aujourd’hui on ne s’arrête plus à cette distinction, & l’on comprend toutes ces îles sous le nom de Baléares, depuis qu’elles ont fait un royaume à part sous l’empire des Maures. (D. J.)

PIVERT, voyez Pic-verd.

PIVOINE, s. f. pæonia, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le pistil sort du calice qui est formé de plusieurs feuilles, & il devient dans la suite un fruit composé de plusieurs cornes, réunies en une sorte de tête & courbées en-dessous ; ces cornes sont couvertes ordinairement de duvet, elles s’ouvrent dans leur longueur, & elles renferment des semences presque rondes. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Cette plante naît d’une seule graine ainsi que les plantes monocotylédones. Sa racine est épaisse & tubéreuse ; son calice est formé de plusieurs pieces ; sa fleur est en rose, fort large, polipétale, & garnie d’un grand nombre d’étamines. Son fruit est composé d’une multitude de siliques recourbées dont le nombre n’est pas fixe. Ces siliques revêtent la forme d’une

corne, sont garnies de duvet, & entr’ouvertes longitudinalement ; sa semence est ordinairement sphérique, & renferme une petite amande.

Entre les vingt-deux especes de pivoine que compte Tournefort, nous décrirons seulement la pivoine-mâle commune, pæonia folio nigricante splendido, quæ mas ; C. B. P. 323. I. R. H. 273. en anglois, the common male-piony.

Elle a plusieurs divisions branchues ; ses feuilles sont longues, rondes, d’un verd brun, luisantes, attachées à de longs pédicules ; ses fleurs naissent aux sommets des tiges, larges, amples, à plusieurs pétales disposés en rose, tantôt purpurines, tantôt incarnates ; elles sont soutenues par un calice à plusieurs pieces, & ont au milieu plusieurs étamines purpurines qui portent des sommets safranés. Quand les fleurs sont tombées, il leur succede des fruits composés de plusieurs cornets blancs, velus, reluisans, recourbés en en-bas ; ils s’ouvrent longitudinalement en mûrissant, & laissent voir une suite de semences presque rondes, rouges au commencement, ensuite d’un bleu obscur, & enfin noires. Sa racine est composée d’un grand nombre de tubercules, les uns ronds, les autres larges, attachés par des filamens au tubercule principal. Cette plante fleurit en Avril & en Mai ; on la cultive aussi dans nos jardins.

La pivoine commune femelle, pæonia communis vel fæmina, C. B. P. 323. I. R. H. 274. ne differe de la pivoine-mâle que par ses feuilles, qui sont plus grandes & plus larges, & par ses semences qui sont plus petites.

La pivoine passe pour bienfaisante dans les affections des nerfs, & les maladies hystériques. On en tire dans les boutiques une eau simple, une eau composée, & un syrop simple ou composé de ces fleurs.

Pivoine, (Mat. méd.) pivoine mâle & pivoine femelle. On ne se sert presque en Médécine que de la pivoine mâle. On emploie principalement ses racines, quelquefois ses semences, très-rarement ses fleurs.

La pivoine tient le premier rang parmi les plantes anti-épileptiques, anti-spasmodiques, céphaliques, nervines : c’est un des plus anciens remedes de la Médecine. Homere rapporte dans le cinquieme livre de son odyssée, qu’on croyoit qu’elle avoit été nommée pæonia du nom de Pæon, ancien médecin qui employa cette plante pour guérir Pluton d’une blessure que lui avoit fait Hercule. Tous les Pharmacologistes postérieurs à Galien ne manquent pas de rapporter une fameuse experience de cet auteur, qui assure que cette racine étant portée en amulette par un enfant sujet à l’épilepsie, préservoit cet enfant des accès de ce mal, d’une maniere si remarquable que l’amulette étant tombée par hazard, l’enfant fut saisi sur le champ de mouvemens convulsifs qui ne se dissiperent qu’en remettant l’amulette à sa place ; qu’il réitéra cette expérience à dessein avec le même succès, & qu’enfin ayant suspendu au col de cet enfant un plus grand morceau de racine fraîche, l’ayant convenablement renouvellée, &c. l’enfant avoit été radicalement guéri. Montanus, Fernel & quelques autres auteurs graves prétendent avoir répété l’expérience de Galien avec le même succès, & quelques autres à qui cette expérience n’a pas réussi, ont mieux aimé imaginer des raisons de ces succès contraires, que de se refuser à l’autorité de Galien, & parmi ces raisons on en trouve de fort bizarres, par exemple, celle de Gaspar Hoffman qui soupçonne que la vertu de la racine qu’employa Galien, ne lui étoit pas propre ou naturelle, mais qu’elle l’avoit acquise par enchantement, par l’opération du diable. D’un autre côté, Sylvius plus philosophe, & par conséquent plus digne d’en être cru que tous ces auteurs, assure qu’il a très-souvent fait prendre la ra-