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trémités que les deux faucillons se tiennent. Pour la solidité, on ménage un tenon au faucillon de dedans. La platine ainsi piquée, on l’ouvre jusqu’au droit des piés, épargnant les tenons. Cela fait, on place le rouet en courbant en-dedans les piés dans la pleine-croix, & l’on fait entrer la rivure de derriere dans les trous du rouet ; l’on redresse les piés du rouet ; on coupe la pleine-croix à la hauteur des fentes de la clé ; on la lime doucement ; on la remet & elle est finie.

Il y a des pleines-croix renversées en-dehors, & ce sont celles ou le faucillon de dehors est renversé. Elles se font comme les pleines-croix renversées en-dedans, excepté que les viroles sont posées sur le dehors du rouet, & que l’on a laissé le faucillon de dehors plus haut.

Des pleines-croix renversées en-dedans, & ce sont celles où le faucillon de dedans est renversé. Elles se sont comme les pleines-croix simples, excepté que le faucillon du dedans doit être renversé, & qu’il faut avoir deux viroles faites exprès de l’épaisseur de la renversure, entre lesquelles on place le faucillon de dedans. On rabat doucement & à petits coups de marteau, ce qui doit être renversé, en commençant par le milieu. De peur de corrompre le fer, on remue plusieurs fois la renversure pleine, on la lime & passe dans la clé.

On dit qu’une pleine-croix est renversée en-dehors & en-dedans, lorsque les deux faucillons sont renversés.

On appelle pleine-croix en fond de cuve à bâton rompu, celle qui est montée sur un fond de cuve à bâton rompu. Pleine-croix en fond de cuve simple, celle qui est montée sur un rouet en fond de cuve simple.

Il faut à la pleine-croix hastée en-dehors & renversée en-dedans, quatre viroles, deux pour la hasture & deux pour la renversée ; l’une des viroles de dehors sera hastée, & celle de dedans sera toute quarrée par-dessus.

La pleine-croix hastée en-dedans & renversée en-dehors se fais comme la précédente, excepté que l’une des viroles du dedans doit être hastée, & celle de dehors toute quarrée par-dessus.

La pleine-croix hastée en-dedans est celle dont le renversement double forme deux angles, elle se fait comme la renversée avec deux viroles, excepté que la virole de dessus doit être assez épaisse pour y pratiquer une feuillure quarrée, limée justement de la hauteur de la fente de la clé. C’est sur cette virole que la pleine-croix se pliera, se hastera à petits coups de marteau ; on la lestera ensuite avec un petit ciselet quarré par le bout.

Les pleines-croix hastées en-dehors & en dedans se font de la même maniere ; il faut aux pleines-croix hastées en-dedans mettre les viroles en-dedans du rouet, & aux pleines-croix hastées en-dehors mettre les viroles en-dehors du rouet.

PLEION ou PAILLASSON, (Jardinage.) voyez Paillasson.

PLEMMYRE ou PLEMMYRIUM, (Géog. anc.) promontoire de Sicile, sur la côte orientale, vis-à-vis de Syracuse, dont il formoit le port. Virgile, Æneid. l. III. vers. 693. Thucydide, l. VII. parlent de ce promontoire ; on l’appelle aujourd’hui Cabo di massa Olivieræ ou d’Olivero. Il y avoit sur ce promontoire un château qui appartenoit aux Syracusains. Virgile appelle ce cap Undosum à cause que le pays est marécageux. (D. J.)

PLEMPE, s. f. (Marine.) c’est une sorte de petit bateau de pêcheur.

PLÉNIER, adj. (Gramm. & Théolog.) ce qui est plein ou complet ; ainsi l’on dit, le pape accorde des indulgences plénieres, c’est-à-dire des remissions pleines & entieres des peines dûes à tous les péchés. Voyez Indulgence.

Ce mot est formé du latin plenarius, de plenus, plein.

Plénier, se dit aussi dans l’histoire ecclésiastique, d’un concile général œcuménique. Ainsi S. Augustin dit que la question du baptême des hérétiques avoit été décidée dans un concile plénier, ce que la plûpart des Théologiens entendent du premier concile général de Nicée, qui avoit statué qu’on ne rebaptiseroit que ceux qui avoient été baptisés par des hérétiques qui avoient corrompu la forme du baptême ; & en ce sens plénier signifieroit la même chose que général ou universel. Voyez Concile.

PLÉNIPOTENTIAIRE, s. m. (Hist. mod.) celui qui a une commission ou un plein pouvoir d’agir. Ce mot est composé de plenus, plein, & potentia, pouvoir, puissance.

On le dit particulierement des ambassadeurs que les rois envoient pour traiter de paix, de mariages ou autres affaires importantes. Voyez Ministre, Ambassadeur.

La premiere chose qu’on examine dans les conférences de paix, c’est le pouvoir des plénipotentiaires. Voyez Traité.

PLÉNIPRÉBENDÉ, s. m. (Jurisprud) c’est celui qui a une prébende entiere, à la différence de quelques chanoines ou chapelains qui n’ont qu’une demi-prébende, & qu’on appelle à cause de cela semi-prébendés. Voyez Prébende. (A)

PLÉNITUDE, s. f. (Gramm.) voyez Pléthore.

Plénitude, (Critique sacrée.) ce mot signifie dans l’Ecriture 1° ce qui remplit quelque chose, Domini est terra & plenitudo ejus, Is. xxiij. 1. la terre & tout ce qu’elle contient est au Seigneur ; ainsi plenitudo maris est tout ce que la mer renferme : 2° l’abondance de quelque chose, de frugibus terræ, & de plenitudine ejus, Deut. xxxiij. 16. 3° la perfection & l’accomplissement, plenitudo & sapientia, est timere Deum, Eccl. j. 20. la perfection de la sagesse consiste à craindre Dieu : 4° une assemblée nombreuse, in plenitudine sanctâ admirabitur, Eccl. xxiv. 3. on l’admirera dans l’assemblée des saints : 5° ce qui est entier, tollit plenitudinem ejus à vestimento, Matth. ix. 16. la piece neuve mise à un habit vieux emporte l’endroit même qu’elle devoit remplir, déchire l’habit davantage. (D. J.)

PLÉONASME, s. m. (Gramm.) c’est une figure de construction, disent tous les Grammairiens, qui est opposée à l’ellipse ; elle se fait lorsque dans le discours on met quelque mot qui est inutile pour le sens, & qui étant ôté, laisse le sens dans son intégrité. C’est ainsi que s’en explique l’auteur du Manuel des Grammairiens, part. I. ch. xiv. n. 6. « Il y a pléonasme, dit M. du Marsais, article figure, lorsqu’il y a dans la phrase quelque mot superflu, ensorte que le sens n’en seroit pas moins entendu, quand ce mot ne seroit pas exprimé ; comme quand on dit, je l’ai vû de mes yeux, je l’ai entendu de mes oreilles, j’irai moi-même ; mes yeux, mes oreilles, moi-même sont autant de pléonasmes ». Sur le vers 212 du I. livre de l’Enéide, talia voce refert, & c. Servius s’explique ainsi, πλεονασμὸς est, qui fit quotiens adduntur superflua, ut alibi, vocemque his auribus hausi : Terentius, his oculis egomet vidi.

C’est d’après cette notion généralement reconnue que l’on a donné à cette figure le nom de pléonasme, qui est grec ; πλεονασμὸς, de πλεονάζειν, redundare ou abundare ; R. πλέος, plenus ; ensorte que le mot de pléonasme signifie ou plénitude ou superfluité. Si on l’entend dans le premier sens, c’est une figure qui donne au discours plus de grace, ou plus de netteté, ou plus de force, ἐμφασιν. Si on le prend dans le second sens, c’est un véritable défaut qui tend à la battologie. Voyez Battologie.

Il me semble 1° que c’est un défaut dans le langage grammatical de désigner par un seul & même