Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/798

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de laquelle est un trou qui reçoit le tourillon d’un moulinet.

PLUMARIUM OPUS, (Critiq. sacrée.) ouvrage en broderie. Ooliab artifex lignorum egregius fuit, & polymitarius atque plumarius, Exod. xxxviij. 23. Ooliab étoit un excellent ouvrier en bois, en étoffes tissues de différentes couleurs, & en broderie. Ces sortes d’ouvrages s’appelloient plumarium, parce qu’ils imitoient par leur variété les nuances des couleurs des plumes des oiseaux ; & comme cet art demande beaucoup d’industrie, il est nommé dans l’Ecriture opus cogitantis. Le voile déployé à l’entrée du saint, celui de l’entrée du tabernacle, & la ceinture du grand-prêtre, étoient des ouvrages en broderie faits avec des laines précieuses teintes des plus belles couleurs. (D. J.)

PLUMASSEAU, s. m. terme de Chirurgie ; arrangement de plusieurs brins de charpie, qui se fait beaucoup plus large qu’épais, propre à être mis dans une plaie ou à la couvrir. Les plumaceaux doivent être proportionnés à la grandeur de la plaie. Ce mot vient du latin pluma, plume ; parce que les anciens cousoient des plumes entre deux linges pour le même usage.

On couvre les plumaceaux d’onguens, de baumes, & autres médicamens de consistance molle, ou on les trempe dans quelques liqueurs appropriées à l’état de la plaie ou de l’ulcere sur lequel on les applique. Voyez les fig. 7. & 10. Pl. II.

PLUMASSEAU, s. m. terme de Rotisseur ; c’est le bout de l’aîle d’une oie, dont le rotisseur se sert quelquefois pour souffler doucement les charbons sur lesquels il fait revenir sa viande.

PLUMASSERIE, s. f. est l’art de teindre, de blanchir & de monter toutes sortes de plumes d’oiseaux. Quoique cet art ne soit que de pur agrément, on ne peut nier que la société ne tire des avantages particuliers de l’industrie & du goût de ceux qui l’exercent ; les ambassadeurs, les rois, & les temples mêmes lui doivent leurs principaux ornemens, & il n’est point de cérémonie importante qui n’emprunte de lui une belle partie de sa magnificence.

PLUMASSIER, s. m. (Art. méchaniq.) est celui qui fait & vend des ouvrages de toutes sortes d’oiseaux, comme capelines, panaches, bouquets de lits de dais, tours de chapeaux, &c. voyez Capelines, Bouquets, Panaches, Tours de chapeaux, &c. Les Plumassiers prennent aussi le nom de panachers de celui de panache, qui est un des principaux objets de leur art.

Leur négoce consiste en plumes d’autruche, de héron, d’aigrettes de queues de paon, & de toutes sortes d’autres plumes fines qui servent à la parure & à l’ornement.

Telles sont à-peu-près les principales opérations des Plumassiers, & les différentes façons qu’ils donnent aux plumes avant de les monter, selon l’ordre dans lequel on va les lire.

Après avoir reçu les plumes de la premiere main, ils les savonnent dans plusieurs eaux pour les dégraisser, les lavent dans une eau claire, les teignent, les blanchissent pour ôter le gros de la teinture, les mettent en craie, les relavent encore dans plusieurs eaux, les mettent au bleu, les ensoufrent ; ensuite ils les dressent pour écarter les franges & voir leur largeur, les frisent s’il le faut, les assortissent selon la grandeur & la couleur qui leur convient ; & enfin les montent en tel ouvrage que ce soit. Voyez chacun de ces mots à son article.

Les maîtres Plumassiers n’ont été érigés en communauté & en corps de jurande que sous le regne de Henri IV. Leurs lettres d’érection & leurs statuts sont du mois de Juillet 1599, confirmés par Louis XIII. en 1612, & par Louis XIV. en 1644. Ils n’ont

que deux jurés, dont l’un s’élit tous les ans. Leur fonction est de prendre soin des affaires de la communauté, de faire les visites, de veiller sur les apprentis, de leur donner chef-d’œuvre, & d’assister au serment qu’ils prêtent devant le procureur du roi au châtelet, s’ils sont jugés capables, & de leur délivrer des lettres de maîtrise.

Chaque maître ne peut avoir qu’un apprenti obligé pardevant notaire, au-moins pour six ans ; ils peuvent toutefois en recevoir un second à la fin de la quatrieme année du premier.

Pour qu’un apprenti qui se présente pour la maîtrise soit admis au chef-d’œuvre, il doit avoir servi chez les maîtres en qualité de compagnon pendant quatre ans après son apprentissage. Les fils de maître sont dispensés du chef-d’œuvre, ainsi que ceux qui épousent leurs veuves ou leurs filles.

Les assemblées générales sont composées des jurés qui y président, de tous les bacheliers, c’est-à-dire, de tous ceux qui ont passé par la jurande, de six maîtres qui ont été administrateurs de la confrérie & des deux modernes. Les jeunes maîtres peuvent aussi y assister, mais on n’est point tenu de les avertir.

Enfin, il n’y a que les maîtres de cette communauté qui aient la faculté de faire tout ouvrage de plumes de quelques oiseaux que ce puisse être.

Il leur est néanmoins défendu de méler aucunes plumes de héron faux parmi celles de héron fin, & des plumes de vautour, de héron, d’oie, avec celles d’autruche, si ce n’est dans les ouvrages de ballets & de mascarades.

PLUMBAGO, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopétale, en forme d’entonnoir profondément découpé : le calice a aussi la forme d’un entonnoir. Les pistil sort du calice ; il est attaché comme un clou à la partie inférieure de la fleur, & il devient dans la suite une semence oblongue, & plus souvent pointue, qui meurit dans son calice. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

La racine de ce genre de plante est fibreuse, grosse, charnue, chaude & vivace ; ses feuilles sont alternes & entieres. L’extrémité du pédicule, qui est fort court, se déploie en un calice d’une seule piece, découpée en cinq segmens, velu, & fait en forme de tuyau, dans le centre duquel on trouve l’ovaire muni de son pistil. Ce dernier contient une fleur d’une seule piece faite en forme de tuyau ou d’entonnoir, dont l’extrémité supérieure est disposée en maniere de rayons ; ce qui la fait ressembler au jasmin ; ces fleurs sont rangées en épics. La semence est oblongue & pointue.

Tournefort en compte quatre especes ; 1°. la commune, nommée dentillaria, Rondel ; 2°. la plumbago à fleur blanche ; 3°. l’américaine à larges feuilles, semblables à celles de la bette ; 4°. l’américaine rampante & piquante, à petite feuille de bette.

L’espece qu’on nomme la dentillaire de Rondelet, jette des tiges foibles, grèles & couvertes de feuilles, longues, étroites, vertes & blanchâtres. Ses fleurs sont disposées en épis, petites, purpurines, d’une seule piece, divisées en cinq segmens ; il leur succede des semences nues, rudes & solitaires. Sa racine est grosse, épaisse ; toute la plante est d’un goût chaud & mordicant, de même que le lepidium.

On lit dans les mém. de l’académie des Science, année 1739, p. 471. que c’est un caustique si fort, qu’une fille qui s’en étoit frottée pour se guérir de la gale, fut écorchée vive ; l’auteur de ce récit ajoute, qu’en conséquence de la même vertu de cette plante, il a vu trois cancers invétérés & censés incurables par leur adhérence à des parties osseuses, radicalement guéris. Ce remede, continue-t-il, dont le possesseur faisoit un grand secret, n’étoit autre chose