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tre ce poids & le poids public. Ni Josephe, ni Philon, ni saint Jérôme, ni aucun ancien ne marquent cette distinction prétendue du poids du temple & du poids du peuple.

Au reste la coutume de conserver les étalons des poids & des mesures dans les temples n’étoit pas particuliere aux Hébreux. Les Egyptiens, au rapport de saint Clément d’Alexandrie, avoient dans le college de leurs prêtres un officier dont la fonction étoit de reconnoître toutes les mesures, & d’en conserver les mesures originales. Les Romains avoient la même coutume. Fannius, parlant de l’amphore, dit :

Amphora fit cubitis, quam ne violare liceret,
Sacravêre Jovi Tarpeïo in monte Quirites.

Et Justinien, par sa novelle CXXVIII. c. xv. ordonna que l’on garderoit les poids & les mesures dans les églises des Chrétiens. Calmet, Dict. de la Bibl. tom. III. pag. 240.

Poids du sanctuaire se prend aussi, dans un sens figuré & moral, pour un jugement exact & rigoureux. Peser ses actions au poids du sanctuaire, c’est examiner scrupuleusement si elles sont conformes à la loi, sans les flatter, ou se déguiser ce qu’elles peuvent avoir de vicieux.

Poids, (Critiq. sacrée.) dans la vulgate pondus, onus ; ce mot se prend au figuré pour la grandeur des choses ; cette grandeur, en parlant du bonheur à venir, est opposée à la légereté des afflictions de cette vie, dans la II. aux Corinthiens, iv. 17. Les Hellénistes se servent de ce mot pour marquer la force, la puissance, le nombre. Une pesante troupe, ὀχλὸς βαρός ; I. Macch. j. 18. c’est une puissante armée. Ailleurs, je louerai Dieu parmi un grand peuple ; Ps. xxxv. xviij. E Ps. xxxiv. selon les septante : il y a dans l’original un peuple pesant, ἕν λαῶ βαρεῖ ; voyez Pesant.

Poids veut dire aussi travail, fatigue ; Matt. xx. 12. nous avons supporté toute la fatigue du jour, portavimus pondus diei, τὸ βάρος τῆς ἡμέρας. 3°. Ce mot désigne une charge, une commission pénible : pourquoi soutiens-je seul la charge de tout le peuple ? pondus universi populi. 4°. Il signifie punition, châtiment : j’étendrai sur Jérusalem la punition de la maison d’Achab ; IV. des Rois, xxj. 13. pondus domûs Achab. 5°. Il marque aussi la proportion des peines : je vous jugerai dans un rapport juste entre la peine & la faute, ponam in pondere judicium ; Isaïe, xxviij. 17. (D. J.)

POIG, (Géog. Hist. nat.) riviere de la Carniole, qui prend sa source dans une montagne qui est à une lieue de Adelsberg, & qui se perd tout-d’un-coup sous terre dans une grotte souterreine d’une étendue immense, & dans laquelle on peut se promener l’espace de plusieurs lieues. Le bruit que font les eaux de cette riviere ainsi absorbée est très-fort ; elle va de-là reparoître dans un endroit appellé Planina, après quoi elle se perd encore une fois sous une roche, & enfin elle se remontre encore, & alors elle prend le nom de Laubach.

POIGNARD, s. m. (Hist. mod.) dague ou petite arme pointue que l’on porte à la main, à la ceinture, ou qu’on cache dans la poche.

Ce mot vient de poignée. Le poignard étoit autrefois fort en usage, mais aujourd’hui il n’y a que des assassins qui s’en servent. Voyez Assassin.

Les duélistes se battoient ci-devant à l’épée & au poignard ; les Espagnols s’y battent encore. Le maniement de l’épée & du poignard fait encore une partie de l’exercice que l’on apprend des maîtres en fait d’armes.

Les Turcs, & sur-tout les Janissaires, portent à la ceinture un poignard.

Poignard, (Littérat.) Le poignard étoit la marque du pouvoir souverain des empereurs ; ils le fai-

soient porter par le préfet du prétoire. En effet Lampride a remarqué dans la vie de Commode, que ce prince fit trois préfets du prétoire, contre la coutume, l’un desquels étoit affranchi, & portoit le poignard devant lui ; ensorte qu’on l’appelloit libertus à pugione.

Quelquefois l’empereur portoit lui-même ce poignard, comme on peut le voir dans Tacite, où Vitellius se déposant lui-même de l’empire, tira le poignard qu’il portoit à son côté, comme un titre qu’il avoit sur la vie des citoyens, & le remit entre les mains du consul Celius Simplex, qui étoit présent à cette action.

Galba, dans Suétone, portoit son poignard pendu au col. Si nous en croyons Xiphilin, on se moquoit à Rome de voir ce prince tout cassé & tout usé de vieillesse, & d’ailleurs tout noué de gouttes, portant une arme qu’il ne pouvoit manier, & qui ne lui servoit que d’un fardeau inutile & embarrassant. Et certes il ne sied guère qu’à un jeune prince de répondre, comme fit Charles IX. aux principaux seigneurs de sa cour, qui sollicitoient ardemment la charge de connétable après la mort d’Anne de Montmorency : Je n’ai que faire de personne pour porter mon épée, je la porterai bien moi-même. Cet exemple de Galba peut servir à confirmer la vérité de ces beaux vers:

Ceux à qui la chaleur ne bout plus dans le veines,
En vain dans les combats ont des soins diligens.
Mars est comme l’Amour, ses travaux & ses peines
Veulent de jeunes gens.

Richelet. (D. J.)

POIGNÉE, s. f. (Gramm.) ce que la main peut contenir. Prenez une poignée de laitue, &c. une poignée de gens, &c.

Poignée se dit aussi de la partie par laquelle on prend une épée, une canne, &c.

Poignée, Barre a poignée, partie du métier à bas. Voyez l’article Métier à bas.

Poignée, terme d’Emballeur. Ce terme signifie une certaine oreille ou pointe de toile que les emballeurs laissent aux quatre coins d’un ballot, pour le pouvoir remuer facilement.

Poignée, en terme de Fourbisseur, est proprement cette partie ovale d’une garde que la main embrasse en tenant l’épée. Les poignées étoient autrefois toutes remplies de tresses d’or ou d’argent ; mais à cette mode ont succédé les poignées pleines ou de même matiere, qui sont encore aujourd’hui les plus recherchées.

On fait aujourd’hui les poignées de bois, que l’on entoure d’un fil d’or, d’argent ou de cuivre ; ces fils d’or ou d’argent sont filés l’un sur l’autre, & entourent en spirale le corps de la poignée, laquelle par ce moyen est remplie d’inégalités semblables à celles d’une lime, ce qui l’affermit d’autant plus dans la main de celui qui s’en veut servir. C’est aussi pour cette raison que l’on fait le noyau quarré. Les poignées de métal au contraire par leur poli, échappent des mains plus facilement.

Poignée, (Graveur-Ciseleur.) Les graveurs en cachets appellent poignée un morceau de bois rond de deux à trois pouces de diametre, & de trois à quatre pouces de longueur, sur le bout duquel ils mettent le ciment dans lequel ils enfoncent à chaud le cachet, qui se trouve par ce moyen solidement affermi sur la poignée. Voyez dans les Planches & leur explication, la poignée, le cachet, dont la queue est dans la poignée ; le ciment qui l’environne, qui est composé d’une partie de poix grecque, & d’une autre de brique pulvérisée. Toutes les matieres bitumineuses mêlées avec des sables, sont également propres à faire ce ciment, qui doit être facile à fondre, & très-dur après qu’il est refroidi ; mais on choisit celle dont