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attend le printems ; & il pousse vigoureusement dès la premiere année : ce qui est avantageux pour disposer la direction des jeunes arbres. On peut donner 20 ou 24 piés de distance à ceux qu’on veut élever à haute tige ; 12 à 15 à ceux qu’on se propose de former en buisson, & 10 ou 12 pour ceux qu’on destine à l’espalier : c’est la qualité & la profondeur du terrein qui doit en décider.

Le poirier souffre très-aisément la taille ; on peut lui couper en tout tems & à tout âge des branches d’une grosseur moyenne sans inconvénient. Il faut tailler dès l’automne les arbres foibles, & attendre le printems pour ceux qui sont trop vigoureux. On ne taille les arbres de haute tige que les premieres années, pour en façonner la tête ; ensuite on se contente d’ôter le bois mort & les branches surabondantes ou nuisibles. Pour donner une belle disposition aux arbres que l’on veut mettre en espalier, ceux qu’on destine à remplir le haut de la muraille, doivent avoir une tige de 5 à 6 piés ; à l’égard de ceux qui sont destinés à garnir le bas, il faut les tenir tout près de terre. Ensuite on doit diriger de part & d’autre une quantité suffisante de fortes branches à distances à-peu-près égales pour former exactement l’éventail, en sorte qu’il n’y ait aucun vuide, ni branches qui se croisent ; enfin que le tout soit arrêté à sa juste place pour donner aux arbres l’agrément de la forme, & les préparer à une production utile. On s’applique à ménager le cours de la seve, de maniere qu’elle agisse également sur toutes les branches. On retranche, ou on accourcit celles qui se nuisent, qui se croisent, qui s’élancent trop, & qui sont inutiles ou défectueuses ; mais on laisse plutôt les branches se croiser que de souffrir un vuide.

Quant aux arbres que l’on veut former en buisson, la beauté de cette figure consiste à ce que la tige soit fort basse, le grouppe du buisson parfaitement arrondi, exactement évuidé dans le milieu, & bien formé en vase, à ce qu’il ait une égale épaisseur, à ce qu’il soit garni uniformément dans son contour, & à ce qu’il ne s’éleve pas à plus de 6 ou 7 piés. Au surplus, comme en cherchant l’agrément des formes, on ne doit pas perdre de vue l’utilité qui peut en résulter, l’attention du jardinier doit aussi se porter à ménager la taille, de façon qu’il laisse sur les arbres une quantité de fruit relative à leur force & à leur étendue. On n’entrera pas ici dans le détail des regles que l’art du jardinage prescrit pour l’exactitude de la taille ; la nature de cet ouvrage ne le permet pas. Voyez le mot Taille.

L’accroissement du poirier est plus lent que celui du pommier, mais il est bien moins difficile sur la qualité du terrein ; il est de plus longue durée, & son bois a plus d’utilité.

Le bois du poirier sauvage est dur, pesant, compacte, d’un grain très-fin, & d’une couleur rougeâtre. Il prend un beau poli, & il n’est point sujet à être piqué par les insectes. Les charpentiers l’emploient pour des jumelles des presses & pour les menues pieces des moulins. Il est recherché par les Menuisiers, les Tourneurs, les Ebénistes, les Luthiers, les Graveurs en bois & les Relieurs de livres. Ce bois prend si bien la couleur noire, qu’il ressemble à l’ébene, & qu’on a peine à les distinguer l’un de l’autre ; mais il a le défaut d’être un peu sujet à se tourmenter, & il n’est pas si bon à brûler que celui du pommier.

En exprimant le suc des poires, on fait une boisson que l’on connoît sous le nom de poiré, elle est assez agréable dans la nouveauté, mais elle ne se conserve pas aussi long-tems que le cidre. Le marc des poires peut servir à faire des mottes à brûler.

Nul genre d’arbres que l’on connoisse, n’a produit dans ses fruits autant de variétés que le poirier.

Nos jardiniers françois qui ont écrit sur la fin du dernier siecle, font mention de plus de sept cent sortes de poires qui ont pour le moins quinze cent noms françois ; mais il y a bien du choix à faire, si l’on ne veut que de bonnes poires : celles qui passent pour avoir cette qualité, vont tout-au-plus au nombre de quarante ; on en compte autant qui ne sont que médiocres ; toutes les autres ne valent guere mieux que la plûpart de celles que l’on trouve dans les forêts. Il n’est guere possible d’entrer ici dans le détail de toutes ces variétés, qui d’ailleurs sont rapportées dans presque tous les livres qui traitent du jardinage ; mais voyez sur-tout à ce sujet les catalogues des R. R. P. P. Chartreux de Paris, & de M. l’abbé Nolin.

Il y a quelques poiriers qui peuvent être intéressans pour l’agrément, comme l’espece à fleur double, & une autre variété que l’on nomme la double fleur, qui est différente ; enfin, le poirier à feuilles panachées dont la rareté fait le plus grand mérite. (Article de M. d’Aubenton, Subdélégué.

Poirier, (Commerce de bois.) il se fait un grand négoce de bois de poirier, & on l’emploie en divers ouvrages de menuiserie, de tabletterie, de tour. On s’en sert aussi pour faire des instrumens de musique à vent, particulierement des bassons & des flûtes.

Une de ses principales qualités est de prendre un aussi beau poli & un noir presqu’aussi brillant que l’ébene ; ce qui fait qu’on le substitue à ce dernier en bien des occasions.

Les marchands de bois le font débiter pour l’ordinaire en planches, poteaux & membrures. Les planches sont d’onze à douze pouces de large, sur treize lignes d’épaisseur franc-sciées, & six, neuf ou douze piés de longueur : le poteau a quatre pouces de gros en quarré, depuis six jusqu’à dix piés de long ; la membrure a vingt cinq lignes franc-sciées d’épaisseur, sur six, sept & huit pouces de large, & six, neuf & douze piés de long, ainsi que les planches. Dict. du commerce. (D. J.)

POIS, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur papilionacée. Le pistil sort du calice, & devient dans la suite une longue silique qui renferme des semences arrondies. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que les tiges sont creuses, & le plus souvent foibles ; il y a des feuilles qui embrassent les tiges, de façon qu’elles semblent les traverser ; les autres feuilles naissent par paires sur des côtes terminées par des mains. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort compte vingt-deux especes de ce genre de plante à fleurs légumineuses ; celle qu’on cultive davantage est le pois des jardins, qu’on nomme petit pois, pisum hortense majus, flore, fructuque albo. C. B. P. 342, I. R. H. 394.

Sa racine est grêle, fibreuse ; elle pousse des tiges longues, creuses, fragiles, d’un verd blanchâtre, rameuses, lesquelles se répandent à terre, si on ne les soutient par des échalats. Ses feuilles sont oblongues & de la couleur des tiges ; les unes qui paroissent être enfilées par la tige, s’embrassent à chaque nœud ; & les autres naissent comme par paires, sur des côtes terminées par des mains ou vrilles, qui s’attachent à tout ce qu’elles rencontrent. Ses fleurs qui sortent des aisselles des feuilles, deux ou trois ensemble sur le même pédicule, sont légumineuses & en forme de papillon, blanches, marquées d’une tache purpurine. Cette plante se cultive dans les jardins & dans les champs ; elle fleurit au mois de Mai, & son fruit est excellent à manger en Juin. Il lui faut une terre meuble & bien amandée.

Pois verds, Petits pois, (Diete.) ce légume dont l’usage est si familier parmi nous, est un des plus salutaires, comme un des plus agréables ; sur-tout les pois écossés qu’on mange frais, n’ayant pas atteint