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qui ont commis le crime conjointement avec l’accusé, ou qui savoient d’avance qu’il devoit le commettre, les participes sont ceux qui ont eu part ; autrement, par exemple, ceux qui ont vendu ou fourni sciemment du poison ou des armes pour faire mourir quelqu’un. Voyez Accusé, Crime, Délit. (A)

Participe, en termes de finances, est celui qui a part secrettement dans un traité ou dans une ferme du roi. La différence qu’il y a entre un traitant & un participe, consiste en ce que le traitant s’engage au roi, s’oblige sous son nom à être la caution de l’adjudicataire, & que le participe n’a part à la ferme que par un traité secret qu’il fait avec le traitant, & non pas avec le roi. Voyez Traitant.

Participe, en terme de commerce de mer, signifie celui qui a part au corps d’un vaisseau marchand. Ce terme, aussi-bien que celui de parsonnier, veut dire sur la Méditerranneé, la même chose que co-bourgeois sur l’Océan. Voyez Co-bourgeois.

Participe, se dit aussi dans le Commerce, tant en gros qu’en détail, d’une des quatre sociétés anonymes que les marchands ont coutume de faire entr’eux. On la nomme aussi société en participation. Les associés ne s’y obligent point les uns pour les autres, mais chacun en son propre & privé nom. Souvent elles ne sont que verbales, quelquefois elles se font par écrit, mais presque toujours en ce cas par lettres missives. Rarement elles contiennent plus d’un article, ne se faisant ordinairement que pour l’achat ou la vente, comme momentanées, de quelques marchandises. Aussi ne durent-elles qu’autant que l’occasion de négoce qui les a fait naître subsiste. Dict. de comm.

PARTICIPER, v. n. (Gram.) avoir part à quelque chose. Un associé participe à tous les droits d’une société ; il en partage les profits & en supporte les pertes. Id. ibid. On participe aux prieres, aux aumônes, à une affaire, &c.

PARTICULAIRE, s. m. (Hist. ecclésiast.) dans les anciens monasteres on appelloit de ce nom celui qui distribuoit la portion aux religieux.

PARTICULARISER, v. act. (Gram.) c’est entrer dans le détail des circonstances d’un événement qu’on raconte, d’une affaire qu’on rapporte, d’un objet dont on parle.

Particulariser une affaire en matiere criminelle, c’est en poursuivre la vindicte contre un seul coupable, à l’exclusion de ses complices. En ce sens, particulariser c’est commettre une injustice.

PARTICULARISTE, s. m. (Hist. ecclésiast.) nom que quelques théologiens controversistes donnent aux défenseurs de la grace particuliere, c’est-à-dire, à ceux qui soutiennent que J. C. n’est mort que pour le salut des seuls prédestinés, & non pour tous les hommes en général. Voyez Grace & Prédestinatiens.

PARTICULARITÉ, s. f. (Gramm.) circonstance particuliere, secrette, d’un événement, d’une affaire. Le détail des particularités marque l’homme instruit.

PARTICULE, s. f. (Gram.) ce mot est un diminutif de partie ; & il signifie une petite partie d’un tout. Les Grammairiens l’ont adopté dans ce sens, pour désigner par un nom unique toutes les parties d’oraison indéclinables, les prépositions, les adverbes, les conjonctions & les interjections ; parce qu’elles sont en effet les moins importantes de celles qui sont nécessaires à la constitution du discours. Quel mal y auroit-il à cette dénomination, si en effet elle ne désignoit que les especes dont le caractere commun est l’indéclinabilité ? « C’est qu’elle ne sert, dit M. l’abbé Girad, vrais princip tom. II. dise. 13. pag. 311. qu’à confondre les especes entre elles, puisqu’on les place indifféremment dans la classe des particules, malgré la différence & de

leurs noms & de leurs services, qui les font si bien connoître ». Je ne prétends point devenir l’apologiste de l’abus qu’on peut avoir fait de ce terme ; mais je ne puis me dispenser d’observer que le raisonnement de cet auteur porte à plein sur un principe faux. Rien n’est plus raisonnable que de réunir sous un seul coup d’œil, au moyen d’une dénomination générique, plusieurs especes différenciées & par leurs noms spécifiques & par des caracteres propres très-marques : on ne s’avise point de dire que la dénomination générique confond les especes, quoiqu’elles les présente sous un même aspect ; & M. Girard lui-même n’admet-il pas sous la dénomination générique de particule, les interjectives & les discursives ; & sous chacune de ces especes d’autres especes subalternes ; par exemple, les exclamatives, les acclamatives & les imprécatives sous la premiere espece ; & sous la seconde, les assertives, les admonitives, les imitatives, les exhibitives, les explétives & les précursives.

Le véritable abus consiste en ce qu’on a appellé particules, non-seulement les mots indéclinables, mais encore de petits mots extraits des especes déclinables : il n’est pas rare de trouver, dans les méthodes préparées pour la torture de la jeunesse, la particule SE, les particules SON, SA, SES ou LEUR ; & l’on sait que la particule ON y joue un rôle important. C’est un abus réel, parce qu’il n’est plus possible d’assigner un caractere qui soit commun à tous ces mots, & qui puisse fonder la dénomination commune par laquelle on les désigne : & peut-être que la division des particules adoptées par l’académicien est vicieuse par le même endroit.

En effet, les particules interjectives, que tout le monde connoît sous le nom plus simple d’interjections, appartiennent exclusivement au langage du cœur, & il en convient en d’autres termes ; chacune d’elle vaut un discours entier : Voyez Interjection : & les particules discursives sont du langage analytique de l’esprit, & n’y sont jamais en effet que comme des particules réelles de l’énonciation totale de la pensée. Qu’y a-t-il de commun entre ces deux especes ? De désigner, dit-on, une affection dans la personne qui parle ; & l’on entend sans contredit une affection du cœur ou de l’esprit. A ce prix, particule & mot sont synonymes ; car il n’y a pas un mot qui n’énonce une pareille affection ; & ils ont un caractere commun qui est très-sensible, ils sont tous produits par la voix.

M. l’abbé de Dangeau, qui faisoit son capital de répandre la lumiere sur les matieres grammaticales, & qui croyoit, avec raison, ne pouvoir le faire avec succès, qu’en recueillant avec scrupule, & comparant avec soin tous les usages, a rassemble sous un seul coup d’œil les différens sens attachés par les Grammairiens au nom de particule. Opusc. pag. 231 & suiv.

« 1°. On donne, dit-il, le nom de particule à divers petits mots, quand on ne sait sous quel genre ou partie d’oraison on les doit ranger, ou qu’à divers égards ils se peuvent ranger sous diverses parties d’oraison.... 2°. On donne aussi le même nom de particule à des petits mots, qui sont quelquefois prépositions & quelquefois adverbes..... 3°. On donne aussi le même nom de particule à de petits mots qui ne signifient rien par eux-mêmes, mais qui changent quelque chose à la signification des mots auxquels on les ajoute : par exemple, les petits mots de ne & de pas..... 4°. On doit donner le nom de particule principalement à de petits mots qui tiennent quelque chose d’une des parties d’oraison, & quelque chose d’une autre, comme du, au, des, aux..... 5°. On donne encore le nom de particule à d’autres petits mots qui tiennent la place de quelques prépositions & de quelque nom, com-