Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tragique de l’infortuné don Sébastien, qui périt en Afrique dans une bataille contre les Maures. On peut dire néanmoins que ce royaume ne finit qu’en 1580, dans la personne de don Henri II. qui, quoique prêtre & cardinal, fut reconnu roi de Portugal, après la mort de son neveu don Sébastien.

Philippe II. roi d’Espagne, se trouvant plus à portée que les autres prétendans, pour faire valoir ses prétentions sur la couronne de Portugal, s’empara de ce royaume, & le réunit à la monarchie espagnole en 1580. Il fut le premier qui, depuis les rois Goths, eut la gloire de voir toute l’Espagne sous sa domination, après avoir été divisée près de huit cens ans. Les successeurs de Philippe II. la posséderent dans le même état jusqu’à l’an 1640 que les Portugais, par un soulevement général, sécouerent le joug des rois castillans.

Une conspiration aussi bien exécutée que bien conduite, dit M. de Voltaire, mit sur le trône la maison de Bragance. Jean de Bragance fut partout proclamé roi sans le moindre tumulte ; un fils ne succede pas plus paisiblement à son pere. La maniere dont Olivarez annonça à Philippe IV. la perte du Portugal est célebre ; rien ne fait mieux voir comme on sait déguiser aux rois des nouvelles tristes. « Je viens vous annoncer, dit-il, une heureuse nouvelle ; votre majesté a gagné tous les biens du duc de Bragance ; il s’est avisé de se faire proclamer roi, & la confiscation de ses terres vous est acquise par son crime ».

Cette confiscation n’eut pas lieu, le Portugal devint un royaume considérable, surtout lorsque les richesses du Brésil, & les traités avec l’Angleterre, rendirent son commerce florissant. Joseph de Bragance, arriere petit-fils de Jean, est aujourd’hui sur le trône, & peu s’en est fallu qu’il n’ait perdu dernierement, par un assassinat, la couronne & la vie.

Cette couronne est héréditaire, & passe même aux enfans naturels au défaut des enfans légitimes.

Plusieurs écrivains ont donné les antiquités, l’histoire & la description du Portugal. Tels sont Gaspard Estazo, antiq. de Port. Antonio Vasconcellos, anaceph. reg. Lusitan. Jerôme Conertaggio, Edouard de Nugnez, Texeira, histor. de Port. Imhoff, stemma regum Lusitan. Maugin, description du Portugal ; Lequien de la Neuville, hist. de Portugal, 2 vol. in-4°. La Clede, hist. de Portugal. Vertot, révolutions de Portugal. Enfin le chevalier d’Oliveyra a indiqué les historiens & les écrivains de ce royaume dans des mémoires sur le Portugal, publiés à la Haye en 1743, in-12. (D. J.)

Portugal, bol de (Hist. nat.) bolus lusitanica, nom donné par quelques auteurs à une terre argilleuse, d’un beau rouge, pesante, qui colore les mains, qui s’attache à la langue & se dissout aisément dans la bouche, où elle est d’un goût astringent. On en trouve dans les royaumes d’Espagne & de Portugal ; elle abonde sur-tout dans le voisinage de la ville d’Estremos, dans la province d’Alentéjo. On regarde cette terre comme un grand astringent. Les femmes mâchent cette terre, & la regardent comme propre à absorber les acides.

Cette terre bolaire se durcit au feu, & y devient plus luisante ; c’est pourquoi les Portugais & les Espagnols en font des poteries appellées bucaros, & que l’on appelle du boucaro en France, voyez Bucaro. On dit qu’il s’en trouve à la Havane. Voyez Eman, Mendez d’Acosta, hist. nat. des Fossilles.

PORTUMNALES, s. f. (Antiq. Grecq. & Rom.) portumnalia, jeux, combats en l’honneur de Portumne, dieu marin ; on les célébroit à Rome le 17 du mois d’Août.

PORTUNUS ou PORTUMNUS, s. m. divinité romaine qui présidoit aux ports, comme son nom le signifie. C’étoit, selon les uns, Mélicerte qu’on ho-

noroit sous ce nom ; & d’autres croyent que c’étoit

Neptune : quoiqu’il en soit, le dieu Portumnus avoit un temple à Rome dans la quatorzieme région.

PORTUOSUS-SINUS, (Géog. anc.) golphe de la grande-Bretagne, sur la côte duquel Ptolomée, l. II. chap. iij. place les Parisi, & une ville nommée Petuaria. Voyez Petuaria. (D. J.)

PORTUS, (Hist. nat.) nom qu’on a donné à une pierre précieuse blanche, mais moins éclatante que la perle.

Portus, (Géog. anc.) ville d’Italie à l’embouchure du Tibre, & à cent vingt-six stades de Rome, selon Procope, Gothicor, l. I. chap. 26. L’itinéraire d’Antonin l’appelle le port de la ville d’Auguste. Xiphilin, in severo, la nomme le port d’Auguste, il falloit dire le port de Claude ; & Cassiodore, Variar, l. VII. lui donne le nom de port de la ville de Rome. Ortelius dit qu’un ancien commentateur de Juvenal écrit, que l’empereur Trajan répara ce port, le rendit beaucoup plus sûr pour les vaisseaux, & lui donna son nom. Ortelius ajoute, que ce commentateur appelle ce port Tyrrhenum pharon, à cause d’un phare qui étoit à l’entrée. Ce lieu a conservé son ancien nom. On le nomme encore présentement Porto. (D. J.)

Portus Annibalis, (Géog. anc.) ville de la Lusitanie, selon Pomponius Mela, l. III. chap. 1. Quelques-uns prétendent que c’est aujourd’hui Alvor, bourgade de Portugal ; & d’autres disent, villa nova di Porti-Mahon, deux lieux voisins l’un de l’autre, sur la côte méridionale de l’Algarve.

Portus Herculis, (Géog. anc.) nom d’un port d’Italie dans l’Etrurie, selon Strabon, l. VI, p. 256 ; c’est aujourd’hui porto Hercole ; c’est encore un port de la Ligurie, selon Ptolomée, l. III. chap. 1 ; il se nomme aussi dans Strabon, portus Monocœi, aujourd’hui Monaco.

Portus Julius, (Géog. anc.) port d’Italie dans la Campanie, selon Suétone, in Augusto, qui dit qu’Auguste bâtit ce port près de Bayes, en faisant entrer la mer dans le lac Lucrin, & dans le lac Averne. Virgile le décrit dans ces beaux vers.

Lucrinoque addita claustra,
Atque indignatum magnis stridoribus æquor
Julia quâ ponto longè sonat unda refuso.

Portus magnus, (Géog. anc.) 1°. port de la Boetie ; on le nommoit aussi le port profond, à ce que nous apprend Strabon, l. IX. p. 403, qui le place entre les villes Oropus & Aulis : 2°. Portus magnus, port de l’Espagne Bétique, selon Ptolomée, l. II. chap. iv. qui le place sur la mer d’Ibérie, entre Adara & le promontoire de Charideme ; quelques-uns veulent que ce soit présentement Almeria : 3°. Portus magnus, est un port de l’Afrique, que Strabon, l. XVII. p. 832, place entre Césarée & Triton. Il ajoute qu’on le nommoit aussi Sarda ; 4°. Portus magnus, est encore le nom d’un port de la Mauritanie césarienne. Le P. Hardouin croit que c’est présentement Melilla. Mercator, Marmol & Gonmez, disent que le nom moderne est Marzachibir, qui signifie la même chose que Portus magnus ; 5°. Portus magnus, est un port de la grande Bretagne ; il étoit, selon Ptolomée, l. II. chap. 3, sur la côte méridionale de l’île, entre l’embouchure du fleuve Alaunius, & celle du Trisanton. Ortelius, qui cite Hamfredus, dit que c’est aujourd’hui Portsmouth. (D. J.)

Portus Mauritius, (Géog. anc.) ville de la Ligurie sur la côte de la mer. Ce port a conservé son ancien nom ; car on l’appelle présentement Porto Moriso.

Portus Monoeci, (Géog. anc.) ville de la Ligurie, selon Strabon, l. IV. p. 201, & Ptolomée, l. III. chap. 1. On convient assez généralement que