Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Posthume, se dit aussi figurément des livres d’un auteur, qu’on ne met en lumiere qu’après sa mort.

POSTICHE, adject. (Architect.) épithete qu’on donne à un ornement de sculpture, lorsqu’il est ajouté après coup à une table de marbre, ou de toute autre maniere, quand elle est incrustée dans une décoration d’architecture. Le mot postiche, est dérivé de posticcio, ajouté. (D. J.)

POSTILLE, s. f. (Belles-Lettres.) se disoit autrefois d’une note ou courte remarque qu’on écrivoit à la marge de la Bible, & dans la suite on s’est servi du même terme pour exprimer une note écrite sur tout autre livre, postérieurement à son texte.

Trivet dans ses chroniques, en parlant de saint Lancton archevêque de Cantorbery, dit : super Bibliam postillas fecit, & eam per capitula quibus nunc utuntur moderni distinxit. Il ajoute qu’Alexandre évêque de Chester, super psalterium postillas fecit ; Kinghton, autre historien d’Angleterre, parlant d’un dominicain qui fut aussi cardinal, nommé Hugues, dit, totam Bibliam postillavit.

Il paroît que ce mot postille, est dérivé du latin positus, mis, ajouté : nous avons en françois un mot tout semblable, qui est apostille, tiré aussi du latin appositus, juxta positus, mis auprès ; parce qu’ordinairement les apostilles se mettent à la marge, & vis-à-vis l’endroit du texte, à l’éclaircissement duquel elles servent, à la différence des commentaires qu’on écrit au bas de la page, ou au-dessous du texte.

POSTILLON, s. m. (Maréchall.) palefrenier ou valet de cocher, qui monte sur le premier cheval d’un attelage, lorsqu’il y a quatre, six, ou huit chevaux.

Postillon, (Marine.) c’est une petite patache qu’on entretient dans un port, & dont on se sert lorsque l’on veut envoyer à la découverte, ou porter quelque nouvelle.

POSTLIMINIUM, s. m. (Hist. anc.) chez les Romains se disoit d’une personne qui étoit allée séjourner ailleurs ; qui avoit été bannie, ou prise par l’ennemi ; quand elle revenoit dans son pays, & qu’elle rentroit dans ses biens.

Selon Aulugelle, ce nom venoit de post, après, & de limen, seuil de la porte, c’est-à-dire retour à ses limites & à son seuil ; quoique d’autres après Amm. Marcellin, prétendent que ces personnes étoient rétablies dans sa maison, en passant par un trou que l’on faisoit à la muraille, post limen, & non pas en passant par-dessus le seuil qui étoit regardé comme de mauvais augure.

Postliminium étoit aussi une loi ou un acte, par lequel on recouvroit sur un étranger ou sur un ennemi, un héritage ou tout autre bien que l’on avoit perdu.

POSTPOLITE, s. f. (Hist. de Pologne.) en polonois rech pospolita, qui revient à-peu-près au mot latin respublica, la république. Ce mot désigne toute la noblesse polonoise sans exception, marchant à cheval ; parce que c’est elle qui compose proprement la république ; chaque particulier de ce corps ayant le même droit, la même liberté de voix, la même autorité de suffrage ; en sorte qu’un seul noble, & le dernier du royaume, peut empêcher une conclusion de diete, un décret le plus important, par son liberum veto. Ce grand corps de noblesse, ou la postpolite, ne s’assemble à cheval, & n’est convoquée que pour l’élection des rois, ou pour un pressant besoin de la république (D. J.)

POSTPOSITION, s. f. (Littérat.) l’action de mettre une chose derriere une autre qu’elle devoit précéder. Ainsi l’on dit, qu’un relieur a post-posé une feuille d’un livre, quand il a mis la premiere après la seconde.

Ce mot est originairement latin, composé de post,

après ou derriere ; & de ponere, mettre, ranger après ou derriere.

POSTPRÉDICAMENT, en Logique ; ce sont certaines affections ou attributs généraux, qui viennent de la comparaison des prédicamens les uns avec les autres ; ou des modes qui suivent les prédicamens, & qui appartiennent souvent à plusieurs. Voyez Prédicament.

Tels sont, suivant Aristote, oppositum, prius, simul, motus & habere, dont les trois premiers sont dans tous les prédicamens.

POSTS, s. m. pl. (Commerce de bois.) on nomme ainsi en Languedoc des bois débités de certaine forme & grandeur, & que l’on vend à la botte. Il y a des posts de noyer de la grande & de la moyenne forme, des posts de fayar, des posts de sapin, & des posts d’audace. (D. J.)

POST SCENIUM, s. m. (Hist. anc.) appellé par les Grecs παρασκήνιον, partie du théâtre des anciens. C’étoit un espace plus long que large ménagé derriere la scene. C’étoit où s’habilloient les acteurs, où l’on serroit les décorations, & où étoit placée une partie des machines. Voyez Parascenium.

POST-SCRIPT, s. m. (Littérat.) pensée ajoutée après coup, ou article séparé ajouté à la fin d’un mémoire, d’une lettre, parce qu’on n’a appris ce qu’il contient, où l’on ne s’en est ressouvenu qu’après avoir fait & terminé le corps de la lettre ou du mémoire.

Le post-script se marque ordinairement par ces deux lettres initiales, P. S. Le spectateur remarque qu’on connoît beaucoup mieux l’esprit d’une femme par un post-script, que par le corps de sa lettre.

POSTULANT, part. (Jurisprud.) On dit un procureur postulant, parce que la fonction d’un procureur est de postuler pour les parties. On donne quelquefois le nom de postulant à de simples praticiens qui sont la postulation, tels que ceux qui sont admis en cette qualité aux consuls de Paris où il n’y a point de procureurs en titre. Voyez Procureur.

Postulant se dit aussi de celui qui sollicite pour entrer dans une maison religieuse, & y prendre l’habit. Voyez ci-après Postulation. (A)

POSTULATION, f. f. & POSTULER, v. act. (Gramm. & Jurisprud.) en termes de palais signifient l’exposition qui se fait devant le juge des demandes & défenses des parties.

La loi 1. au digeste de postulando, définit ainsi la postulation ; postulare est desiderium suum vel amici sui in jure apud eum qui jurisdictioni præest exponere, vel alterius desiderio contradicere.

Il y avoit certaines personnes qui étoient excluses de la postulation ; savoir, un mineur jusqu’à l’âge de dix-neuf ans, un fou ou imbécille, un muet, un aveugle, celui qui étoit affligé de quelqu’autre infirmité, un prodigue, celui qui avoit été condamné publiquement pour calomnie, un hérétique, un infâme, un parjure, celui qui avoit été interdit par le juge de la faculté de postuler, celui qui s’étoit loué pour combattre contre les bêtes.

L’avocat du fisc ne pouvoit pas postuler contre le fisc, ni les décurions contre leur patrie ; il étoit aussi interdit de postuler à l’avocat qui avoit refusé son ministere au mandement du juge.

On voit par ce qui vient d’être dit, qu’à Rome les avocats pouvoient postuler ; leur profession en elle-même étoit cependant différente, & s’appelloit patrocinium. Il y avoit des procureurs ad lites, dont l’emploi étoit singulierement de postuler & de faire la procédure.

Parmi nous la postulation est totalement distincte du ministere des avocats, si ce n’est dans quelques bailliages où les avocats font en même tems la profession de procureur.