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fixés de lieue en lieue, pour porter les ordres de l’Inca dans tout son empire. (D. J.)

Postes de la Chine, (Hist. de la Chine.) les postes sont réglées dans tout l’empire de la Chine, l’empereur seul en fait la dépense, & il entretient pour cela une infinité de chevaux. Les couriers partent de Péking pour les capitales des provinces. Le viceroi qui reçoit les dépêches de la cour, les communique incontinent par d’autres couriers aux villes du premier ordre ; celles-ci les envoyent aux villes du second ordre qui sont de leur dépendance ; & de celles du second ordre aux villes du troisieme ; ainsi toutes les provinces & toutes les villes ont communication les unes avec les autres. Quoique ces postes ne soient pas établies pour les particuliers, on ne laisse pas de s’en servir en donnant quelque chose au maître du bureau, & tous les missionnaires en usent avec autant de sûreté, & avec beaucoup moins de dépense qu’ils ne font en Europe.

Comme il est d’une extrème importance que les couriers arrivent à tems, les mandarins ont soin de tenir tous les chemins en état ; & l’empereur, pour les y obliger plus efficacement, fait quelquefois courir le bruit qu’il doit lui-même visiter certaines provinces. Alors les gouverneurs n’épargnent rien pour en réparer les chemins ; parce qu’il y va ordinairement de leur fortune, & quelquefois de leur vie, s’ils se négligeoient sur ce point. Mais quelque soin que les Chinois se donnent pour diminuer la peine des voyageurs, on y souffre néanmoins presque toujours une incommodité très-considérable, à laquelle ils ne peuvent remédier.

Les terres qui sont très-légeres & toujours battues par une infinité de gens qui vont & viennent à pié, & à cheval, sur des chameaux, dans des litieres & sur des chariots, deviennent en été un amas prodigieux de poussiere très-fine, qui étant élevée par les passans & poussée par le vent seroit quelquefois capable d’aveugler, si on ne prenoit des masques ou des voiles. Ce sont des nuages épais, au-travers desquels il faut continuellement marcher, & qu’on respire au lieu d’air pendant des journées entieres. Quand la chaleur est grande & le vent contraire, il n’y a que les gens du pays qui puissent y résister. (D. J.)

Postes du Japon, (Hist. du Japon.) pour la commodité des voyageurs, il y a dans tous les principaux villages & hameaux du Japon une poste qui appartient au seigneur du lieu où l’on peut trouver en tout tems, à de certains prix réglés, un nombre suffisant de chevaux, de porteurs, de valets, &, en un mot, de tout ce dont on peut avoir besoin pour poursuivre son voyage en diligence. L’on y change aussi de chevaux & de valets, quand ils se trouvent harrassés du chemin, ou qu’on ne les a pas loués pour aller plus loin. Les voyageurs de tout rang & de toute condition se rendent à ces postes, appellés par les Japonois sinku, à cause de la commodité qu’ils ont d’y trouver prêt tout ce dont ils peuvent avoir besoin. Elles sont à la distance les unes des autres d’un mille & demi, & au-dessus, jusqu’à quatre milles. Ces maisons ne sont pas proprement bâties pour loger du monde, mais simplement pour établir les chevaux & pour empêcher qu’en les changeant ils n’embarrassent les rues, il y a une cour spacieuse pour chacune. Le prix de tout ce qu’on peut louer à ces postes est réglé par tout l’empire, non-seulement suivant la distance des lieux, mais encore suivant que les chemins sont bons ou mauvais, que les vivres ou le fourrage sont plus ou moins chers, & autres choses semblables.

A toutes les postes il y a jour & nuit des messagers établis pour porter les lettres, les édits, les déclarations, &c. de l’empereur & des princes de l’empire,

qu’ils prennent au moment qu’on les a délivrées, & qu’ils portent en diligence à la poste prochaine. Ces lettres, &c. sont renfermées dans une petite boîte vernie de noir, sur laquelle il y a les armes de l’empereur, & le messager la porte sur ses épaules attachée à un petit bâton. Il y a toujours deux de ces messagers qui courent ensemble, afin qu’au cas qu’il arrivât quelque accident à celui qui porte la boîte, l’autre pût prendre sa place & remettre le paquet au prochain sinku. Tous les voyageurs de quelque rang qu’ils soient, même les princes de l’empire & leur suite, doivent sortir du chemin & laisser un passage libre à ces messagers, qui prennent soin de les en avertir à une distance convenable, par le moyen d’une petite cloche qu’ils sonnent & qu’ils portent pour cet effet toujours avec eux. (D. J.)

Postes, s. m. pl. (Architect.) ornemens de sculpture, plats, en maniere d’enroulemens, répétés & ainsi nommés, parce qu’ils semblent courir l’un après l’autre. Il y en a de simples & de fleuronnés, avec des rosettes. On en fait aussi de fer pour les ouvrages de serrurerie. (D. J.)

POSTER, v. act. placer dans un poste. Voyez Poste.

POSTÉRIEUR, en Anatomie, se dit des parties opposées à celles qui regardent le plan vertical du corps, qui sont appellées antérieures. Voyez Corps.

POSTÉRIORITÉ, s. f. (Jurisprud.) est opposé à priorité. Ces termes ne sont guere usités qu’en matiere d’hypotheque & d’ordre entre créanciers ; en faisant l’ordre on a égard à la priorité ou postériorité d’hypotheque de chacun. Voyez Hypotheque & Priorité. (A)

POSTÉRITÉ, s. f. (Gram.) c’est la collection des hommes qui viendront après nous. Les gens de bien, les grands hommes en tout genre, ont tous en vue la postérité. Celui qui ne pese que le moment où il existe est un homme froid, incapable de l’enthousiasme, qui seul fait entreprendre de grandes choses aux dépens de la fortune, du repos, & de la vie. Regnier a dit, juste postérité, à témoin je t’appelle ; & en parlant ainsi, il a manifesté ce qui se passe au fond de l’ame de tous ceux qui comparant leurs travaux avec la récompense qu’ils obtiennent de leur siecle, ploravere suis non respondere favorem speratam meritis. Postérité a encore une autre acception ; ce sont les enfans des rois, des princes, des hommes libres. Il est encore sans postérité.

POSTEROL, ORTIE DE MER, voyez Rose.

POSTHUME, adj. (Jurisprud.) est un enfant né depuis le décès de son pere ; on l’appelle posthume, parce qu’il est venu post humatum patrem.

Les posthumes sont réputés déja nés, toutes les fois qu’il est question de leur avantage, & notamment dans les successions.

Suivant l’ancien droit romain, il falloit les instituer ou deshériter nommément ; mais par le droit du code, un posthume ne peut être deshérité, parce qu’il ne peut pas avoir démérité.

Quand il est prétérit dans le testament de son pere, il n’est pas réduit à demander sa légitime, mais à demander sa part entiere, sans avoir égard au testament, lequel en ce cas est cassé.

La prétérition du posthume rompt le testament, quand même ce posthume mourroit aussi tôt, & quand même ce seroit entre les mains de la sage-femme.

Quand il est prétérit par sa mere, laquelle a été prévenue de la mort sans avoir eu le tems de changer son testament, il est tenu pour institué si ce sont les autres enfans qui sont nommés héritiers ; mais si ce sont des étrangers, le testament est rompu. Voyez au code le titre de posthumis hæredibus, instit. vel exhæredandis vel præteritis, & aux instit. le tit. de exhoeredatione liberorum.