saiguë, fig. 32. Planc. (des outils), pour lui donner la forme qu’elle a en A, fig. 29.
Si le tenon étoit double, comme celui A & AA, de la fig. 26. il faudroit aussi tracer deux mortaises A & A A, fig. 30. l’une près de l’autre, en prenant la largeur b, fig. 26. & la portant en b, fig. 30. l’épaisseur du tenon A, fig. 26. en A, fig. 30. l’intervalle c des deux tenons A, AA, fig. 26. en e, fig. 30. l’épaisseur du deuxieme tenon AA, fig. 26. en AA, fig. 30. & si les deux pieces de bois, fig. 26. & 30. sont d’égale grosseur, & que l’on ait opéré juste, la partie d, qui reste de part & d’autre, doit être aussi égale : ces deux mortaises se font chacune de la maniere que nous avons vu celle de la fig. 28. & lorsqu’elles sont faites, elles doivent ressembler à celles A, AA de la fig. 31.
Comme les assemblages en about ne different des assemblages quarrés que par leur inclinaison, & que pour cette raison les uns ne sont pas plus difficiles à faire que les autres ; nous ne parlerons en aucune façon de la maniere de les faire, ce que nous avons dit pour les uns pouvant très-bien servir pour les autres.
Des ouvrages de charpenterie. Les ouvrages de charpenterie étant d’une très-grande étendue, nous les diviserons en quatre parties différentes. La premiere aura pour objet la construction des bâtimens : la seconde celle des ponts : la troisieme celle des machines : & la quatrieme, celle des vaisseaux, navires, bateaux, &c.
Des ouvrages de charpenterie pour des bâtimens. Les ouvrages de charpenterie pour les bâtimens sont les pans de bois, les cloisons, les planchers, les escaliers, les combles & les lucarnes.
Des pans de bois. On appelle pan de bois l’union de toutes les pieces de charpente qui composent la façade d’un bâtiment : ce genre de bâtir occupe à la vérité beaucoup moins de place qu’une maçonnerie en pierre ou en moilons, chose fort avantageuse dans les endroits où le terrein est petit & fort cher ; mais en récompense est-il plus sujet aux incendies, & n’est pas, à beaucoup près, si propre ni si durable : il en est de deux sortes ; les uns appellés à bois apparens, sont ceux dont les bois sont à découvert, & sans être enduits de plâtre : les autres appellés à bois recouverts, sont ceux dont les bois sont lattés[1] & enduits de plâtre par-dessus : ceux-ci, peuvent devenir un peu plus propres, & susceptibles de décoration, ayant en-dehors une apparence de maçonnerie, & pouvant, par conséquent, recevoir des nouvelles plinthes, corniches & autres membres d’architecture & de sculpture : les uns & les autres commencent quelquefois au premier étage, fig. 32. & 33. étant appuyés sur un mur de maçonnerie A, fig. 32. ou sur des piliers de bois ou de pierre A, fig. 33. ou sur de la maçonnerie A, & des poteaux B, fig. 33. pour en faire des boutiques, & quelquefois au rez-de-chaussée, fig. 34. 35. & 36. mais toujours appuyé sur un massif A, même fig. servant de retraite, & cela pour préserver les bois de l’humidité du terrain, qui infailliblement le pourriroit en fort peu de tems.
Les anciens les distinguoient de trois manieres différentes : la premiere, fig. 32, qu’ils appelloient simple, étoit un composé de plusieurs pieces de bois B posées debout & perpendiculairement assemblées à tenon & mortaise par en-haut & par en-bas dans d’autres pieces de bois C plus fortes qui les traversoient ; les extrémités étoient soutenues par d’autres D plus fortes ; & pour empêcher que le tout ne s’inclinât d’un côté ou d’un autre, on en plaçoit d’autres E diagonalement opposées entr’elles, que l’on appelle proprement guêtres ou décharge, parce qu’elles
servent à décharger les pieces supérieures d’une partie de leur poids ; si l’on pratiquoit des ouvertures, comme pour des croisées, on supprimoit deux ou trois de ces pieces de bois B, on en plaçoit une autre H en travers appellée traverse, & à la hauteur qu’on vouloit faire l’appui,[2] assemblée à tenon & mortaise dans celles F appellées poteaux des croisées, soutenues par d’autres I placées perpendiculairement, & assemblées aussi à tenon & mortaise haut & bas.
La deuxieme maniere K, même figure, étoit nommée à losange entrelacé : c’étoit plusieurs pieces de bois K entrelacées diagonalement, formant des losanges[3], & entaillées l’une dans l’autre, moitié par moitié, c’est-à-dire, chacune de la moitié de son épaisseur à tenon & à mortaise dans les pieces supérieures & inférieures C, dans celles des extrémités D, & dans les poteaux des croisées F.
La troisieme maniere, fig. 33, étoit appellée à brins de fougere : c’étoit plusieurs potelets B disposés diagonalement, & assemblés à tenon & mortaise dans les intervalles de plusieurs poteaux CD posés perpendiculairement, dont quelques-uns D servoient aux croisées, ressemblans en quelque sorte à des branches de fougere, dont les potelets représentent les brins ; quoique tous ces potelets fissent chacun presque l’office de décharge, on ne laissoit pas que d’en placer en E qui soutenoient en même tems les assemblages.
Chacun des pans de bois que nous venons de voir, étoit quelquefois surmonté d’une espece d’attique composée de plusieurs poteaux F posés à plomb, entretenus par plusieurs pieces de bois G, disposés en croix de saint André[4].
Si les pans de bois, fig. 34, ne sont pas des plus modernes, ils n’en sont pas moins solides ; on en voit encore plusieurs de cette façon sur le pont Notre-Dame à Paris & ailleurs ; il est vrai qu’ils employent beaucoup de bois : c’est à quoi l’on a remédié dans les modernes, fig. 35 & 36, en les faisant plus à claire-voye[5].
La figure 34 représente un pan de bois appuyé sur un massif ou petit mur A d’environ dix-huit pouces d’épaisseur, qui, comme nous l’avons vu, sert à empêcher les pieces de bois les plus proches de la terre de se pourrir. B est une piece de bois d’environ un pié de grosseur, appellée sabliere, posée sur le milieu du massif A, sur laquelle pose tout le pan de bois. C sont de gros poteaux d’environ douze à quinze pouces de grosseur, appellés maîtres-poteaux, parce qu’ils entretiennent, de distance en distance, l’assemblage de tous les autres. DEF sont d’autres sablieres assemblées par chaque bout à tenon & mortaise dans les maîtres-poteaux C, dont celles D & E se trouvent placées à la hauteur des planches : c’est sur ces sablieres BDEF, que sont assemblés à tenon en mortaise par en haut & par en bas, les poteaux G des croisées d’huisserie K, de remplage QRT, de guêtres & guétrons NS, décharges X, tournisses V, croix de saint André P, &c. dont les grosseurs sont toutes d’environ sept à huit pouces. G sont les poteaux des croisées, qui avec leurs linteaux H, & leur appui I, posés en-travers & assemblés à tenon & mortaise par leur extrémité dans les poteaux G, forment les baies[6] des croisées. K sont les poteaux
- ↑ Latter est poser des lattes avec des clous.
- ↑ Un appui est une piece où l’on s’appuie.
- ↑ Un losange est une espece de quarré écrasé en rampant.
- ↑ Une croix de S. André est une croix dont les quatre angles sont égaux de deux en deux ; on l’appelle ainsi, parce que celle qui a servi au martyre de S. André, étoit de cette façon.
- ↑ Clairevoie ou plus écartés les uns des autres, ayant plus de jeu.
- ↑ Une baie est le tableau d’une porte ou croisée, pris sur son épaisseur.