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ronde. Les premiers se divisent aussi en deux especes ; l’une qu’on appelle assemblage à tenon & mortaise quarrée ou droit, & l’autre assemblage à tenon & mortaise en about. Les premiers se font de deux manieres différentes ; la premiere, fig. 7, en supprimant les deux tiers de l’épaisseur de la piece de bois par son extrémité A, qu’on appelle alors tenon, que l’on nourrit[1] quelquefois au collet[2] d’une petite masse de bois B, fig. 9 ou fig. 10, qu’on y laisse ; la mortaise C est un trou toujours de la forme du tenon, fait dans le milieu d’une autre piece de bois à dessein de l’y contenir, pour former de ces deux pieces ce qu’on appelle un assemblage, que l’on perce d’un trou pour y enfoncer une cheville de bois fig. 8.

La deuxieme, fig. 11, differe de cette derniere, en ce que son assemblage est placé à l’extrémité de la piece, formant une espece d’équerre, raison pour laquelle on laisse toujours au bout de la mortaise une épaisseur de bois B, que l’on supprime au tenon en A, & cela pour donner plus de force & de solidité à la mortaise.

Il arrive quelquefois que pour rendre ces sortes d’assemblages encore beaucoup plus forts, sur-tout lorsque les pieces de bois qui portent les mortaises sont assez fortes, qu’au lieu d’un seul tenon & d’une seule mortaise on en fait deux, ce qu’on appelle alors assemblages doubles.

Les assemblages en about sont ceux fig. 12, 13, 14, 15 & 16, dont les tenons A sont coupés en onglet, de maniere qu’étant ajustés dans leurs mortaises B, les deux pieces forment un angle aigu : on les appelle ainsi, parce que leur plus grand poids est appuyé sur le bout A du tenon ; aussi entaille-t-on quelquefois pour cela le bout de la piece A, figures 14 & 15, qui porte le tenon dans celle C, qui porte la mortaise, ce qui donne à cet assemblage toute la solidité que l’on peut desirer.

On peut aussi, comme aux précédens, doubler les tenons A, fig. 13 & 15, de ces sortes d’assemblages.

Il est encore une autre espece d’assemblage en about, fig. 17 & 18, mais sans tenon & mortaise : ce n’est autre chose qu’une piece de bois D, coupée en talut par son extrémité inférieure, portant une espece de petit tenon E pointu, dont le bout entre dans la mortaise F, & le reste se trouve entaillé un tant soit peu dans la piece inférieure G, quelquefois soutenue par une autre piece de bois H assemblée à tenon & mortaise, & posée verticalement.

Le dernier des assemblages est celui nommé à queue d’aronde, fig. 19 & 20 ; c’est l’union de deux pieces de bois A & B par leur extrémité, dont l’une A porte une espece de tenon évasé en C, fig. 19, qui entre dans une espece de mortaise D à jour, de même forme & figure que le tenon, ajustés ensemble en E, fig. 20, tel que cette figure le représente. Cette sorte d’assemblage n’est pas des plus solides, puisque pour faire les tenons d’une part, & la mortaise de l’autre, ces deux pieces se trouvent presque coupées dans cet endroit ; mais comme on ne s’en sert ordinairement que pour les plates-formes appellées sablieres, qui portent le pié des chevrons des combles, comme nous le verrons dans la suite, & qu’ainsi se trouvant appuyées d’elles-mêmes sur les murs, cet assemblage est suffisamment solide pour les retenir par leurs extrémités, & les empêcher de s’écarter au-delà des murs.

De la maniere de faire un assemblage à tenon & mortaise. Lorsque l’on veut faire un assemblage à tenon & mortaise, fig 22, il faut tracer l’un & l’autre sur la même mesure, c’est-à-dire que si l’on commence par le tenon, il faut tracer la mortaise de la même

mesure que le tenon ; & réciproquement si l’on commence par la mortaise, il faut tracer le tenon suivant la mortaise.

La fig. 22 est l’assemblage que l’on veut faire ; A & B, fig. 21, sont les deux pieces de bois que l’on veut assembler ; A est la piece qui doit porter le tenon par une de ses extrémités, & B est celle qui doit porter la mortaise. Ainsi comme il est indifférent de commencer cet assemblage par l’un ou par l’autre, comme nous venons de le voir, nous allons le commencer par le tenon.

De la maniere de faire les tenons. Pour faire un tenon, il faut d’abord le tracer en A, fig. 23. ce qui se fait en tirant une ligne dAe quarrement de chaque côté de la piece de bois de la longueur que l’on veut faire le tenon ; & ensuite divisant sa largeur tant dessus que dessous en trois parties égales dAe, on en donne une au tenon placée ici au milieu en A : ceci fait, on tire une ligne B de chaque côté opposé l’un à l’autre, qui ensemble vont joindre les deux lignes dAe des deux autres côtés, ensuite avec une scie, fig. 29. Pl. (des outils) ; on coupe la piece B de chaque côté bien quarrément jusqu’au tiers A, que l’on supprime avec l’ébauchoir, fig. 41. Pl. (des outils) & que l’on équarrit après avec la besaiguë, fig. 32. Pl. des outils, pour en former le tenon, fig. 24. que l’on vouloit faire.

Si l’on vouloit faire un tenon double, fig. 25. & 26. au lieu de diviser la largeur de la piece de bois en trois parties égales, il faudroit la diviser en cinq bAcAAd, & en donner une à chacun des tenons A & AA ; les deux pieces B de part & d’autre se coupent & se suppriment, comme au précédent tenon, avec la scie, fig. 29. Planc. (des outils) & pour séparer la partie c entre les deux tenons A & AA, il faut percer tout au-travers de la piece en C un trou de tariere, fig. 25. Planc. (des outils), & ensuite la scier par le bout D des deux côtés avec la scie, fig. 29. Planc. (des outils), en suivant les deux lignes tracées qui séparent les deux tenons A & AA, alors cet intervalle C ne tenant presque plus à rien, on le fait partir facilement en frappant sur le bout D ; ceci fait, on équarrit les deux tenons A & AA, comme nous l’avons vu pour celui de la fig. 24 avec la besaiguë, fig. 32. Planc. (des outils), tel qu’on le voit dans la fig. 26.

De la maniere de faire des mortaises. Une mortaise, comme nous l’avons déja vu, est un trou méplat, fait dans une piece de bois pour recevoir le tenon dont nous venons de parler, ce qui forme un assemblage, fig. 22.

Lorsque l’on veut faire une mortaise, & que le tenon, fig. 24. se trouve déja fait, il faut mettre en chantier la piece de bois, fig. 27. sur laquelle on veut faire la mortoise, ensuite prendre son épaisseur A, fig. 24. & la porter en A, fig. 27. au milieu, si le tenon A, fig. 24. est au milieu de sa piece de bois B, ensuite prendre la largeur A C, fig. 24. & la porter en A C, fig. 27. ce qui fait la mesure de la mortaise, si le tenon A, fig. 24. se trouvoit plus d’un côté que de l’autre, il faudroit commencer par prendre la largeur d, même fig. & la porter en d, fig. 27. l’épaisseur du tenon A, fig. 24. & la porter en A, fig. 27. & si les pieces de bois, fig. 24. & 27. sont d’égale grosseur, la partie e, fig. 24. qui reste, si l’opération est juste, sera égale à celle e, fig. 27.

La mortaise A, fig. 28. ainsi tracée, il faut y percer des trous aaa, fort près les uns des autres ; d’abord verticalement, & après obliquement de part & d’autre, sur tous les sens d’une profondeur égale à la longueur du tenon, avec une tariere, fig. 25. Pl. ou laceret, fig. 24 même Pl. (des outils) dont la grosseur ne doit point excéder l’épaisseur de la mortaise que l’on équarrit ensuite intérieurement avec la be-

  1. Un tenon, un angle, & autre chose semblable, est nourri, lorsqu’il est fort & gras.
  2. Collet d’un tenon est la partie qui le joint avec la piece.