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les sont nécessaires & non contingentes, car si elles étoient libres en Dieu, le Fils & le Saint-Esprit qui en émanent seroient contingens, & dès-lors ils ne seroient plus Dieu. 3°. Que ces processions ne produisent rien hors du Pere, & que le Fils & le Saint-Esprit qui en sont le terme, demeurent unis au Pere sans en être séparés, quoiqu’ils soient réellement distingués de lui.

La procession du Saint-Esprit, comme procédant également du Pere & du Fils, a formé une grande question entre les Grecs & les Latins : ceux-ci soutenant que le Saint-Esprit procede du Pere & du Fils, & les Grecs prétendant au contraire que le Saint-Esprit ne procede que du Pere. Bellarmin, les PP. Petau & Garnier, jésuites, attribuent l’origine de cette derniere opinion à Théodoret. Il est constant que la dispute entre les deux églises sur cet article est très ancienne, comme il paroît par le concile de Gentilly tenu en 767 : on en traita encore dans le concile d’Aix-la-Chapelle sous Charlemagne en 809, & elle a été remise sur le tapis toutes les fois qu’il s’est agi de la réunion de l’église grecque avec l’Eglise romaine, comme dans le quatrieme concile de Latran en 1215, dans le second de Lyon en 1274, & enfin dans celui de Florence en 1439 où les Grecs convinrent enfin de ce point ; mais le schisme ayant recommencé peu après, ils retomberent dans leur ancienne erreur, & la plûpart y persistent encore. Il est vrai que le terme de procession ne se trouve pas dans les écritures en parlant de l’émanation du Saint-Esprit relativement au Fils ; mais la chose y est en termes équivalens, & d’ailleurs la tradition est expresse sur ce point. Outre cela si le Saint-Esprit ne procédoit pas du Fils, il n’en seroit pas réellement distingué, parce qu’il n’y a que l’opposition relative fondée dans l’origine, qui distingue réellement les Personnes divines les unes des autres, comme l’enseignent les Thomistes & la plûpart des théologiens.

Procession, (Hist. du Pagan. & du Christian.) c’est dans le Christianisme une cérémonie ecclésiastique qui consiste en une marche que fait le clergé suivi du peuple, en chantant des hymnes, des pseaumes & des prieres.

L’origine des processions remonte aux commencemens du Paganisme. On représentoit dans leurs processions le premier état de la nature. On y portoit publiquement une espece de cassette qui contenoit différentes choses pour servir de symboles. On portoit, par exemple, des semences de plantes pour signe de la fécondité perdue. On portoit encore dans les mêmes principes un enfant emmaillotté, un serpent, &c. Ces sortes de fêtes s’appelloient orgies.

Virgile fait mention dans ses Géorgiques de la procession usitée toutes les années en l’honneur de Cérès ; Ovide ajoute que ceux qui y assistoient étoient vêtus de blanc, & portoient des flambeaux allumés. Il est encore certain que les payens faisoient des processions autour des champs ensemencés, & qu’ils les arrosoient avec de l’eau lustrale. Les bergers de Virgile en sont tous glorieux, & disent en chorus :

Et cùm solemnia vota
Reddemus nymphis, & cùm lustrabimus agros.

A Lacédémone, dans un jour consacré à Diane, on faisoit une procession solemnelle. Une dame des plus considérables de la ville portoit la statue de la déesse. Elle étoit suivie de plusieurs jeunes gens d’élite qui se frappoient à grands coups. Si leur ardeur se rallentissoit, la statue légere de sa nature, devenoit si pesante que celle qui la portoit, accablée sous le poids, ne pouvoit plus avancer. Aussi les amis & les parens de cette jeunesse les accompagnoient pour animer leur courage.

Dès le tems de saint Ambroise, ces pratiques du

Paganisme commencerent à passer dans la religion chrétienne. Elles s’y sont singulierement multipliées, & dans plusieurs lieux avec des cérémonies superstitieuses, qui en défigurent étrangement l’innocence. Les Hébreux ne paroissent pas avoir connu les processions, car on ne peut guere qualifier de ce nom, le tour que l’on fit des murs de Jéricho, ni la translation de l’arche enlevée du temple des Philistins, & ramenée à Jérusalem. (D. J.)

Processions du Japon, (Hist. du Japon.) Les processions du clergé de Nagasaki, en l’honneur de la sainte idole, patrone de la ville, se font au rapport de Kœmpfer avec la pompe & l’ordre suivans. Premierement, deux chevaux de main demi-morts de faim, chacun aussi maigre & décharné que celui que le patriarche de Moscow monte le jour de Pâque fleurie, lorsqu’il va à la cathédrale. 2°. Plusieurs enseignes ecclésiastiques & marques d’honneur, pareilles à celles qui étoient en usage parmi leurs ancêtres, & que l’on voit de même aujourd’hui à la cour ecclésiastique de Miaco : ce sont, par exemple, une lance courte, large & toute dorée ; une paire de souliers remarquables par leur grandeur & la grossiereté de l’ouvrage ; un grand pennache de papier blanc attaché au bout du bâton court, c’est le bâton de commandement ecclésiastique. 3°. Des tablettes creuses pour y placer les mikosi : on les tient renversées afin que le peuple y jette ses aumônes ; on loue pour la même raison deux porte-faix qui portent un grand tronc pour les aumônes. 4°. Les mikosi mêmes, qui sont des niches octogones, presque trop grandes pour être portées par un seul homme : elles sont vernissées, & décorées avec art de corniches dorées, de miroirs de métal fort polis, & ont, entr’autres ornemens, une grue dorée au sommet. 5°. Deux petites chaises de bois, ou palankins, semblables à celles dont on se sert à la cour de l’empereur ecclésiastique. 6°. Deux chevaux de main, avec tout leur harnois, appartenans aux supérieurs du temple, & autant d’haridelles que ceux qui sont à la tête de la procession, 7°. Le corps du clergé marchant à pié en bon ordre, & avec une grande modestie. 8°. Les habitans & le commun peuple de Nagasaki, dans la confusion ordinaire, sont à la queue de la procession. (D. J.)

Procession, droit de (Hist. ecclésiast.) entre les honneurs que l’Eglise rend ou aux souverains ou aux patrons, & aux fondateurs, le droit de procession, jus processionis, est un des plus considérables. Il comprend en général toutes les marques de considération & de respect que l’on peut donner aux personnes à qui on les doit ; comme l’encensement, la place dans le chœur, & autres de cette nature ; mais l’on entend en particulier par jus processionis, l’obligation du clergé d’aller en procession recevoir, ou le roi, ou l’évêque, ce dont il y a quelques exemples dans l’histoire ecclésiastique, en conséquence desquels l’usage s’est etabli de rendre toujours cet honneur au prince & à l’évêque ; & c’est ce qu’on appelle encore aujourd’hui jus processionis. (D. J.)

PROCESSIONAL, ou PROCESSIONNEL, s. m. (Lithurgie.) est un livre d’église qui contient les répons, litanies, pseaumes, hymnes, &c. qui se chantent aux processions avec les rubriques des cérémonies qui s’y doivent pratiquer ; ce qui varie suivant les diocèses.

PROCESTRIA, s. m. (Art milit. des Romains.) on nommoit procestria chez les Romains les camps fixes ou de quartier, dans lesquels demeuroient les étrangers, vivandiers, approvisionneurs, & autres qui suivoient l’armée, & auxquels il étoit défendu de se méler avec les soldats. (D. J.)

PROCHAIN, adj. (Gramm.) terme relatif au tems & à l’espace. Il marque ce qui n’est pas éloigné de