ple dont le discours soit obscur, profundi sermonis. Ezech. iij. 6.
Pécher profondément, marque une habitude enracinée au mal. Quand l’impie s’est accoutumé à malfaire (impius cum profundè peccaverit), il méprise tout, & n’écoute plus rien. Prov. xviij. 3. (D. J.)
Profond, en Anatomie, nom de deux muscles fléchisseurs, l’un des doigts du pié, & l’autre des doigts de la main, par opposition avec un autre qui les recouvre, & qu’on appelle sublime. Voyez Perforant.
PROFONDEUR, s. f. en Géométrie, &c. est une des dimensions du corps géométrique ; on l’appelle autrement hauteur, voyez Hauteur.
La profondeur ou la hauteur d’un escadron & d’un bataillon, est le nombre d’hommes qui forment une file : dans un escadron elle est de trois hommes ; dans un bataillon, communément de six. Voyez Escadron, &c.
On dit le bataillon étoit à six de hauteur ; la cavalerie ennemie étoit à cinq de hauteur. (E)
PROFONTIÉ, (Marine.) Navire profontié, c’est un navire qui tire beaucoup d’eau, ou à qui il en faut beaucoup pour le faire flotter.
PROFUSION, s. f. (Gramm.) Ce terme se prend quelquefois pour un synonyme de prodigalité ; il semble cependant qu’il n’en soit que l’effet. Le prodigue répand ses dons indistinctement sur tout le monde, & avec profusion : d’ailleurs prodigalité ne se prend guere qu’en mauvaise part ; au lieu qu’on dit sans blâme que Dieu a répandu ses bienfaits sur l’homme avec profusion, &c.
PROGNÉ, (Géog. anc.) île que Pline, l. V. cap. xxxj, met aux environs de celle de Rhodes. Le nom de Progné lui avoit été donné à cause de la quantité d’hirondelles qu’on y voyoit. (D. J.)
PROGNOSTIC, s. m. (Médecin. séméiotiq.) ce terme est grec προγνώστικον, formé de la préposition πρὸ, devant, d’avance, & d’un des tems du verbe γινώσκω, connoître. Il est d’usage en médecine, pour désigner la connoissance qu’on peut acquérir des événemens d’une maladie, avant même qu’ils soient arrivés ; quelquefois aussi on s’en sert pour exprimer les signes aux moyens desquels on parvient à cette connoissance, & alors on le prend comme adjectif, qu’on joint le plus souvent au mot signe, & l’on dit les signes prognostics. Voyez Signe.
Le prognostic est sans contredit la partie la plus brillante de la Médecine, & par conséquent la plus favorable pour la réputation du praticien : c’est par-là que le médecin expérimenté, approche le plus de la divinité. Le voile épais qui cache les événemens futurs, tombe devant lui ; éclairé par le flambeau lumineux d’une observation multipliée & réfléchie, il voit d’un œil assuré & les objets préexistens, & ceux qui doivent exister ; la succession des phénomenes, l’augmentation ou la diminution des accidens, la terminaison de la maladie, la maniere dont elle aura lieu, les couloirs par lesquels se fera l’évacuation décisive, ne sont à ses yeux qu’une perspective plus ou moins éloignée, mais assez éclairée pour y distinguer nettement les objets ; à mesure qu’il avance, les objets ressortent davantage, & sont plus sensibles à ses regards. A-travers les accidens les plus graves & les plus effrayans, il voit se préparer le triomphe de la nature & le rétablissement de la santé ; il console avec plus de fermeté un malade inquiet & timide, rassure une famille éplorée, & promet sans hésiter une issue favorable. D’autres fois il voit dans quelques symptomes legers en apparence, le bras de la mort étendu sur le malade ; sa faulx est déja levée ; elle est prête à en moissonner les jours ; cependant le malade tranquille sur son état, ne pense à rien moins qu’à terminer des affaires qu’on differe trop commu-
alors d’éclairer un peu ce malade, pour l’avertir de ses devoirs, ou de les lui faire remplir, sans lui laisser entrevoir le jour affreux qui le menace ; il est nécessaire d’instruire les parens, soit pour ce qui les regarde, soit pour ne pas être accusé soi-même de n’avoir pas prévenu le sinistre événement qui paroissoit si éloigné.
Mais quelque avantage que le médecin retire pour lui-même de son habileté dans le prognostic, il n’est pas à comparer à celui qui reflue sur le malade. Si le médecin est assez éclairé pour connoître d’avance & la marche de la nature, & les obstacles qui s’opposeront à ses efforts, & les suites de ces efforts, & la maniere dont ils seront terminés ; avec quelle sûreté n’operera-t-il pas ; quel choix plus approprié dans les remedes & dans le tems de leur administration ? Sans cesse occupé à suivre la nature, à éloigner tout ce qui peut retarder ses opérations & en empêcher la réussite, il proportionnera habilement ses secours & au besoin de la nature, & à la longueur de la maladie ; il préparera de loin une crise complette & salutaire, une convalescence prochaine & courte, & une santé ferme & constante.
Un grand inconvénient, attribut trop ordinaire des sciences les plus importantes, savoir l’incertitude & l’obscurité, est ici très-remarquable ; & ce n’est que par une étude prodigieuse de l’homme dans l’état sain & malade, qu’on peut espérer de le dissiper. Il faut avoir vu & bien vu une quantité innombrable de malades & de maladies, pour parvenir à des regles certaines sur ce point. Voyez Observation. Pour pouvoir décider qu’un dévoyement survenant à une surdité l’emporte, combien ne faut-il pas avoir observé de surdités qui cessoient dès que le ventre couloit ? Pour prédire en conséquence du pouls pectoral, par exemple, une expectoration critique, combien ne faut-il pas avoir fait d’observations qui déterminent le caractere de ce pouls, & qui fassent voir ensuite que toutes les fois qu’il a été tel, les crachats ont suivi ? Quel travail immense, quelle assiduité, quelle sagacité même ne faut-il pas dans un pareil observateur ? Quand on lit tous les axiomes de prognostic qu’Hippocrate nous a laissés, il n’est pas possible d’imaginer comment un seul homme a pu produire un ouvrage de cette espece ; on est à chaque instant transporté de surprise & d’admiration. Depuis ce grand homme, ce médecin par excellence, la partie du prognostic, loin d’augmenter & de s’affermir encore davantage, n’a fait que dépérir entre les mains des médecins qui ont voulu soumettre l’observation au joug funeste & arbitraire des théories, & la plier aux caprices de leur imagination, ceux qui se sont les plus distingués dans cette connoissance, & qui ont fait des ouvrages dignes d’être consultés sur cette partie, n’ont presque fait que copier Hippocrate ; tels sont Galien, Cælius Aurélianus, Prosper Alpin, qui a fait une riche collection de tout ce qui regarde la séméiotique ; Sennert, Fernel, Riviere, Baglivi, Waldschmid, Kenter, &c. Ce n’est que dans ces derniers tems, que le prognostic a reçu un nouveau lustre & plus de certitude par les observations sur le pouls par rapport aux crises. On doit cette importante découverte, & la perfection à laquelle elle a été bien-tôt portée, à Solano, Rihell, & Bordeu, dont les noms par ce seul bienfait mériteroient une place distinguée dans les fastes de la Médecine ; leurs écrits méritent d’être lûs, & leur méthode d’être examinée & suivie. On ne sauroit se donner trop de peine pour réussir dans cette partie ; ni consulter trop de signes & avec trop d’attention. Voyez l’article Signe, & les différens articles de séméiotique, Pouls, Respiration, Urine, Sueur, Langue, &c. Personne n’ignore l’importance de ce