Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/501

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lipse, p. 518 du V. volume, où nous avons donné la formule pour trouver cette prostapherese. (O)

PROSTOLERE, s. f. (Hist. anc.) nom du troisieme mois de l’année chez les Thébains & les Béotiens ; il répondoit à notre mois de Novembre.

PROSTATES, s. f. en Anatomie, sont deux corps blanchâtres, spongieux & glanduleux, situés à la racine de la verge, immédiatement au-dessous du col de la vessie, & de la grosseur environ d’une noix.

Les auteurs attribuent deux sortes de substances aux prostates : l’une glanduleuse, & l’autre spongieuse ou poreuse. Cette derniere semble n’être autre chose qu’un assemblage de petits vaisseaux & de cellules, au milieu duquel passent les vésicules séminales, sans qu’il y ait de communication entr’elles & les prostates.

Les prostates ont leurs conduits excrétoires propres, en assez grand nombre. Graaf dit qu’il ne se souvient pas d’en avoir vu moins de dix dans les prostates de l’homme. Dans les chiens, il y en a quelquefois jusqu’à cent, qui tous se déchargent dans l’urethre, les uns au-dessus, les autres au-dessous du verumontanum, & chacun desquels a sa caroncule propre.

De ces conduits sort une humeur blanchâtre & gluante, qui est séparée dans la partie glanduleuse des prostates, & portée de-là dans la cavité de l’urethre.

L’usage de cette humeur est d’enduire & de lubrifier la cavité de l’urethre, de peur que l’urine, en passant, ne la blesse par son acrimonie, & aussi de servir de véhicule à la semence dans le tems de l’éjaculation. Voyez Urine, Urethre, &c.

Quelques-uns prennent l’humeur des prostates pour une troisieme sorte de semence, mais sans beaucoup de raison. Voyez Semence.

Boerhaave croit qu’elle peut servir à nourrir le petit animal pendant les premiers momens après le coït. Il ajoute que cette humeur demeure après la castration, mais sans être prolifique.

Le même auteur dit, d’après les mémoires de l’académie royale des Sciences, que les prostates consistent dans un assemblage de douze glandes, chacune desquelles se termine par son canal excrétoire dans une petite poche, où elle décharge l’humeur qu’elle a séparée. Ces douze petites poches s’ouvrent dans la cavité de l’urethre par autant de conduits excrétoires, qui environnent les embouchures ou orifices des conduits éjaculatoires ; d’où il arrive que la semence & l’humeur des prostates sont très exactement mèlées.

Prostates maladies des, (Médec.) un corps glanduleux, adhérent à l’urethre vers le col de la vessie, dans lequel canal il envoye par différens conduits, une humeur produite par la pression du muscle compresseur, est connu sous le nom de prostates.

L’enflure de ce corps glanduleux, sa contusion & sa dureté causent souvent dans le perinée, une tumeur douloureuse suivie d’ordinaire d’une dysurie & d’une strangurie, qui doit être traitée comme dans les autres parties du corps. Le relâchement qui arrive aux prostates, & qui produit un écoulement d’urine nommé gonorrhée bénigne, & qu’on peut garder long-tems sans un grand affoiblissement, demande plutôt l’usage des corroborans externes & des balsamiques, que celui des diurétiques internes ; mais s’il revient à s’y mêler quelque chose de la maladie vénérienne, il en résulte une gonorrhée virulente, qu’il faut guérir par les remedes ordinaires, combinés avec les antivénériens. (D. J.)

Prostates, (Antiq. grecq.) προστατες, c’étoit tout patron sous la protection desquels se mettoient ceux qui devoient séjourner quelque tems dans la ville d’Athènes ; s’ils manquoient, ou s’ils négligeoient de

se choisir un patron ou protecteur, on les assignoit devant le polémarque, & cette faute étoit punie par la confiscation de leurs effets. Potter, Archæol. græc. L. I. c. x. (D. J.)

PROSTATIQUE, adj. en Anatomie, se dit de quatre muscles qui s’inserent aux prostates. Voyez Prostates.

Les prostatiques supérieurs sont des petits plans minces, attachés à la partie supérieure de la face interne des petites branches des os pubis ; ils s’étendent sur les prostates, & s’y attachent.

Les prostatiques inférieurs sont des petits plans transverses dont chacun est attaché à la symphise de la branche de l’os pubis avec la branche de l’os ischion ; ils se rencontrent sous les prostates auxquelles ils s’unissent intimement.

PROSTERNATION, s. f. (Critiq. sacrée.) ou prosternement, en grec προσκυνήσις ; salut plein de respect. Les Juifs rendoient l’honneur du prosternement προσκυνήσιν, aux personnes qui étoient en dignité, & pour lesquelles ils avoient du respect. On voit dans l’histoire de Judith, ch. vij. que cette femme adora Holopherne, c’est-à-dire, qu’elle se prosterna devant lui ; de même Achion se prosterna devant Judith προσεκυνήσε τῶ προσώπω αὐτου, ch. xiv. 7 : προσκύνειν signifie donc saluer humblement. Ainsi traduisez dans saint Matt. ij. v. xj. Les mages se prosternerent devant lui ; car les mages ne connoissoient point la divinité de Jesus-Christ pour l’adorer ; ajoutez encore que προσκύνειν signifie osculari, baiser. (D. J.)

PROSTHESE, s. f. (Gramm.) c’est l’espece de métaplasme qui change le matériel du mot par une addition faite au commencement, sans en changer le sens : prostesis apponit capiti. Voyez Metaplasme. C’est ainsi que le latin cura vient du grec ὥρα par l’addition d’un c ; que le françois grenouille vient du latin ranuncula par l’addition d’un g ; nombril, de umbilicus, avec un n ; ventre & le latin venter de ἔντερον, avec un ν, &c. C’est à la même figure que nous devons les mots alcoran, alkali, almageste, almanac, par l’addition de l’article arabe al, qui ne nous dispense pas d’employer le nôtre, parce qu’il est incorporé avec la racine qui suit : alcoran, de al & de coran, qui peut signifier lecture ; c’est-à-dire dans le sens des Musulmans, la lecture ou le livre par excellence : alkali, de al & de kali, qui est le nom arabe de notre soute ; c’est le nom chimique d’une sorte de sel semblable à celui de la soute : almageste, nom donné par les Arabes au principal ouvrage de Claude Ptolomée sur l’Astronomie, de al & du grec μέγιστος, maximus, comme qui diroit le très-grand livre : almanac, de l’article al, & du grec dorique μὰν, au lieu du commun μὴν, qui signifie mois, d’où vient aussi le grec commun μήνη & le dorique μάνα, lune.

Remarquez que je dis que la prosthese se fait par une addition au matériel du mot sans changement dans le sens, parce que l’on ne doit pas regarder comme des exemples de prosthese, les mots qui commencent par quelque particule significative, qui altere en quelque maniere que ce soit, le sens du mot simple, comme amovible, comprendre, défaire, insinuer, impuissant, &c.

Le mot prosthese vient du grec προστιθέναι, apponere, & signifie appositio : RR. πρὸς, ad, & θέσις, positio. Vossius croit que c’est plûtôt πρὸ, præ ; & en conséquence il traduit le mot par præpositio : ainsi on auroit conservé le mot grec pour ne pas confondre l’idée du métaplasme qu’il désigne avec celle de la partie d’oraison à laquelle on a donné le nom latin de préposition. (B. E. R. M.)

PRO-STILE, subst. m. dans l’ancienne Architecture greque ; étoit une rangée de colonnes élevées à la façade d’un temple. V. Temple & Amphipéristile.