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qui m’a provoqué. L’opium provoque le sommeil ; l’émétique le vomissement. On provoque les menstrues plus efficacement par le mouvement & le plaisir, que par tout autre moyen.

PROVOCATIFS, (Médec.) remedes irritans, âcres & chauds, qui mettent le sang en mouvement & excitent le priapisme ; tels sont les cantarides, le satyrion. Voyez Aphrodisiaques.

PROVOQUEURS, provocatores, s. m. (Hist. anc.) espece de gladiateurs armés d’une épée, d’un bouclier, d’un casque & de cuissars de fer. Ils se battoient avec hyplomaques.

PROUVER, v. act. (Gramm.) établir une chose par des preuves. Voyez Preuve.

PROXENE, s. m. (Antiq. greq.) les proxènes étoient des magistrats particuliers choisis par les rois de Lacédémone pour avoir l’œil sur les étrangers : on leur donna ce nom à cause de leur emploi. Les proxènes étoient donc chargés de recevoir les étrangers, de pourvoir à leur logement, de fournir à leurs besoins & à leurs commodités, de les produire en public, de les placer aux spectacles & aux jeux, & sans doute de veiller sur leur conduite, pour empêcher le tort qu’elle auroit pû faire à la république.

L’usage des proxènes devoit être commun parmi les différens peuples de la Grece, qui s’envoyoient continuellement des députés les uns aux autres pour traiter les affaires publiques ; par exemple, Alcibiade athénien, & Polydamas thessalien, furent proxènes des Lacédémoniens, l’un à Athènes & l’autre en Thessalie ; par la même raison, les Athéniens & les Thessaliens avoient leurs proxènes lacédémoniens dans la ville de Sparte. (D. J.)

PROXENETE, s. m. (Jurisprud.) est celui qui s’entremet pour faire conclure un marché, un mariage, ou quelque autre affaire.

Chez les Romains, celui qui s’entremettoit pour faire réussir un mariage, ne pouvoit pas recevoir pour son salaire au-delà de la vingtieme partie de la dot & de la donation à cause de noce.

Parmi nous on ne peut faire aucune paction pour un pareil sujet, & les proxenetes en fait de mariage, ne peuvent recevoir que ce qu’on veut bien leur donner. Voyez l’arrêt du 29. Janvier 1591, rapporté par Mornac à la fin de ses œuvres, & les plaids de Gillet, édit. de 1718. pag. 114. Voyez ausi le dernier livre du digeste, tit. xiv. (A)

PROXIMITÉ, s. f. (Gramm.) terme relatif à la distance. Il y a proximité entre deux lieux, lorsque la distance qui les sépare est petite. La proximité qui mettoit cette terre à sa bienséance, l’a déterminé à en faire l’acquisition.

On dit aussi la proximité des tems & des dates.

Proximité, (Jurisprud.) est un terme usité en fait de parenté pour exprimer la position de quelqu’un qui est plus proche qu’un autre, soit du défunt, s’il s’agit de succession, soit du vendeur, s’il s’agit de retrait lignager dans les coutumes où le plus proche parent est préféré. Voyez Degré, Ligne, Parenté, Retrait, Succession. (A)

PRUCK, (Géog. mod.) ville d’Allemagne dans l’Autriche, aux confins de la Hongrie, sur la riviere de Leita, à 3 lieues de Presbourg. Elle a d’assez bonnes fortifications, & les environs sont fort fertiles en tout ce qui est nécessaire à la vie. Quelques géographes prennent cette ville pour l’ancienne Rhispia. Long. 34. 42. lat. 48. 5.

Pruck an-der-amber, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne dans la haute Baviere, sur la riviere d’Amber, entre Frurstenfeld & Dachau. Long. 29. 22. lat. 48. 9.

Pruck an-der-muer, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne dans la haute Styrie, sur la Muer, a son confluent avec la Murez. Long. 33. 30. latit. 47. 28.

PRUDE, s. f. (Gramm.) femme qui affecte la sévérité des mœurs dans ses propos & dans son maintien. Qui dit prude, dit assez communément sote, hypocrite, laide, ou mauvaise. On peut être prude, coquette ou galante. Voyez Pruderie.

PRUDENCE, s. f. (Morale.) la prudence est, selon un bel esprit, tellement la compagne des autres vertus, que sans elle elles perdent leur nom : il pouvoit ajouter, & leur nature. Elle prépare leur route pour les y faire marcher, & elle la prépare lentement pour avancer plus vîte avec elles. On la définit plus exactement : la vertu qui nous fait prendre des moyens pour arriver à une fin, je suppose que l’on sous-entend une fin louable ou raisonnable : la fin donnant le prix à toute notre conduite, comment y auroit-il du mérite à savoir atteindre un but qui ne mériteroit pas d’être atteint ?

Au reste, comme les fins diverses qu’on peut se proposer sont infinies, selon une infinité de conjonctures, il faut se borner à parler de la prudence qui a en vue la fin générale de tout, qui est notre propre satisfaction jointe à celle d’autrui : par cet endroit la science de la morale n’est qu’une suite de maximes & de pratiques de prudence. Mais à regarder la prudence plus en particulier, elle tombe sur l’usage que nous devons faire de notre intelligence, & de l’attention de notre esprit, pour prévenir le repentir en chacune des démarches ou des entreprises de la vie. On peut utilement observer à ce sujet les regles suivantes, ou par rapport à soi, ou par rapport aux autres.

Par rapport à soi, toute prudence étant pour arriver à une fin, il faut en chaque affaire nous proposer un but digne de notre soin ; c’est ce qui fixe les vues & les desirs de l’ame, pour la mettre dans une route certaine, qu’elle suive avec constance ; sans quoi demeurant flottante & inquiette, quelque chose qui lui arrive, elle n’est point contente ; parce que desirant sans être déterminée à un objet qui mérite sa détermination, elle n’obtient point ce qu’elle a dû vouloir, pour arriver au repos d’esprit.

En se proposant une fin telle que nous l’avons dite, il est encore plus important d’examiner s’il est en notre pouvoir de l’atteindre. La témérité commune parmi les hommes, leur fait hasarder mille soins, du succès desquels ils ne peuvent raisonnablement se répondre. Cependant leur espérance ayant augmenté à proportion de leurs soins, ils ne font par-là que se préparer un plus grand déplaisir, ne pouvant dans la suite atteindre à l’objet dont ils ont laissé flatter leurs desirs ; c’est ce qui attire les plus grands chagrins de la vie. Les obstacles qu’on n’a pas prévus, & qui ne se peuvent surmonter, causent des maux plus grands, que tout l’avantage qu’on avoit en vue de se procurer.

La troisieme regle de prudence est d’appliquer à l’avenir l’expérience du passé ; rien ne ressemble plus à ce qui se fera que ce qui s’est déja fait. Quelque nouveauté qu’on apperçoive dans les conjonctures particulieres de la vie, les ressorts & les événemens sont les mêmes par rapport à la conduite. C’est toujours de l’inconstance & de l’infidélité qui en sont les traits les plus marqués ; de l’ingratitude & du repentir qui en sont les effets ordinaires ; des passions qui en sont la cause ; une joie trompeuse & un faux bonheur qui en sont l’amorce. Ainsi dans les choses qui sont de conséquence, il faut se préparer des ressources, & les ressources qu’on se préparera se trouveront d’un plus fréquent usage, que le succès dont on pouvoit se flatter.

Une quatrieme maxime est d’apporter tellement à ce qu’on fait toute son application, qu’au même tems on reconnoisse qu’avec cela on se peut tromper, ce qui tenant comme en bride l’orgueil de l’ame, préviendra aussi l’aveuglement que donne une trop