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let, & même de graines de légumes. On en faisoit diverses ptisanes, qui ne sont maintenant connues que de nom, & qui étoient si communes alors, que les anciens n’ont pas daigné les décrire ; on y ajoutoit quelquefois un peu de viande, seulement en qualité de remede ou d’assaisonnement ; mais présentement nous n’avons que les vestiges de leurs liquides médicamenteux. La ptisane de notre siecle n’est qu’un nom vuide de sens, si ce n’est qu’on y met encore un peu d’orge, afin qu’il y ait quelque rapport entre le nom & la chose.

Les bouillons dans ce royaume, ont pris la place des ptisanes, qui étoient autorisées par la pratique de tant de siecles ; mais ce qui paroîtra plus surprenant & plus contraire encore à toute raison, c’est que dans ces derniers tems, non-seulement on a anéanti les règles des anciens sur les crises, sur le choix, la mesure, la maniere, les intervales auxquels on donnoit de la nourriture liquide ; sur l’augmentation, la diminution ou le retranchement, selon les forces, l’âge, la coutume & le cours de la maladie ; mais encore en introduisant l’usage des bouillons de viande, on en a fait une loi commune pour tous les tempéramens, les âges, les saisons, les fievres, quelque différentes qu’elles soient, au commencement, dans le progrès & dans l’état de la maladie : & cette loi consiste à donner des bouillons de trois heures en trois heures, ou de quatre heures en quatre heures. On sait le reste du traitement, il fait la honte de l’art ; ce ne sont que des saignées multipliées, le kermès, la manne, le senné & les vésicatoires : ces quatre ou cinq remedes marchent ensemble sans discontinuation des uns ou des autres, jusqu’à ce que la maladie ait fini par la mort ou par l’épuisement. Ce n’étoit pas ainsi que les Fernels & les Baillon pratiquoient la Médecine. (D. J.)

PTOEMPHANAE, (Géog. anc.) peuples de l’Ethiopie, sous l’Egypte. Pline l. VI. c. xxx. dit qu’ils avoient un chien pour roi, & qu’ils lui obéissoient selon les mouvemens qu’il faisoit, & qu’ils prenoient pour des commandemens. C’est un bon conte, mais l’idée en est assez plaisante. (D. J.)

PTOLÉMAIS, (Géog. anc.) nom commun à plusieurs villes. 1°. Ptolémais étoit une ville d’Egypte dans la Thébaïde. Strabon, l. XVII. p. 813. dit qu’elle étoit la plus grande ville de la Thébaïde, qu’elle ne le cédoit pas même à Memphis à cet égard, & que son gouvernement avoit été établi sur le modele des républiques de la Grece.

2°. Ptolémaïs ville d’Afrique dans la Cyrénaïque, que l’on appelloit auparavant Barce.

3°. Ptolémaïs, ville d’Ethiopie sur le golfe arabique. Elle est surnommée Epitheras par Pline, l. VI. c. xxjx. & Theron par Strabon, l. II. On la surnommoit aussi Troglodytica : ce dernier surnom avoit été occasionné par le pays des Troglodytes où on l’avoit bâtie ; & le premier & le second, dont l’un signifie pour la chasse, & l’autre des bêtes farouches, avoient rapport au dessein du fondateur qui avoit eû en vue la commodité de la chasse des éléphans. Ptolémaide, dit Strabon, l. XVI. fut bâtie dans le lieu de la chasse des éléphans par Eumède, à qui Philadelphe avoit ordonné d’aller prendre de ces animaux. Pline, l. VI. c. xxjx. qui la met sur le bord du lac Monoleus, dit qu’elle fut bâtie par Philadelphe. Il ajoûte, l. II. c. lxxv. qu’elle étoit à quatre mille huit cens vingt stades de Bérénice sur le bord de la mer Rouge.

4°. Ptolémaïs, ville de la Pamphylie.

5°. Enfin, Ptolémaïs en Phénicie, autrement nommée en Latin Acra, & en François S. Jean d’Acre. Elle est située à 66. 50′ de longitude, & à 32. 40′ de latitude. Elle est nommée Acco au liv. des Juges c. j. v. 31. Les écrivains romains l’appellent tous Ptolémaïs. On a une médaille de cette ville avec l’ins-

cription Col. Cæsarea Ptolemais ; l’Empereur Claudius

l’avoit reparée, & c’est pour cette raison qu’elle eut le surnom de Cæsarea. Josephe a décrit cette ville dans son histoire des Juifs.

Les Sarrasins s’en rendirent maîtres, & s’y maintinrent jusqu’à l’an 1104. Saladin en fut dépossedé l’an 1190. par les croisés qui étoient au nombre de trois cens mille combattans ; mais la discorde qui devoit nécessairement s’élever entre deux rivaux de gloire & d’intéréts, tels que Philippe Auguste & Richard surnommé cœur de lion, fit plus de mal que ces trois cens mille combattans ne firent d’exploits heureux. Ptolémaïs ne demeura qu’un siecle entre les mains des chrétiens. Devenue la retraite de bandits fameux par leurs crimes, elle ne put résister aux forces du soudan d’Egypte, Melaséraph ; il la prit en 1291, & la saccagea de maniere qu’elle ne s’est pas relevée. Tous ceux qui y étoient renfermés, furent exterminés ou réduits en esclavage. Alors, dit un célebre historien moderne, il ne resta plus dans toute l’Asie de traces des deux millions de chrétiens qui y avoient passé pendant le cours des croisades. (D. J.)

PTOLÉMAITES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) anciens sectaires gnostiques qui ont été ainsi nommés de Ptolémée leur chef. Cet homme, qui avoit beaucoup d’érudition, ajouta plusieurs réveries aux systèmes des gnostiques qui l’avoient précédé. Voyez Gnostiques.

Saint Epiphanes a parlé fort au long de ces Ptolémaïtes, & rapporte une lettre de Ptolemée à Flora, où cet hérétique expose ses visions. Il prétendoit que dans la loi de Moïse il falloit distinguer trois choses, n’étant pas toutes de la même main ; mais une partie, disoit-il, venoit de Dieu, une autre de Moïse, & il y avoit une troisieme partie qui n’étoit ni de Dieu ni de Moïse, mais qui consistoit en de pures traditions des anciens docteurs.

PTOLIS, (Géograph. anc.) lieu d’Arcadie. On y voyoit du tems de Pausanias les ruines de la vieille Mantinée.

PTOUS, (Géog. anc.) montagne de la Bœotie, dont Plutarque parle dans la vie de Pélopidas. Pausasanias, l. IX. c. xxiij. dit que la ville d’Acræphnium étoit bâtie sur cette montagne, & que presque à 15 stades de cette ville, sur la droite, on trouvoit le temple d’Apollon Ptous. Apollon, selon Plutarque, in Pelopide, étoit né dans ce lieu. Il y avoit du-moins un oracle. (D. J.)

PTYALISME, s. m. terme de Médecine qui veut dire crachement fréquent & presque continuel, ou décharge successive de salive. C’est un symptome de la vérole, de la lepre, de la mélancholie, & une suite des frictions mercurielles. Hippocrate se sert souvent de ce mot. Ce symptome est produit par l’agacement des nerfs qui vont aux glandes salivaires. Voyez Salivation & Vérole.

PTYCHIA, (Géog. anc.) ville de l’île de Corcyre, selon Ptolomée, à l’orient de cette île. Niger dit que Ptychia n’est aujourd’hui qu’un village nommé Paléopoli. (D. J.)

P U

PU, (Hist. mod.) c’est ainsi que les Chinois nomment une mesure de 2400 pas géométriques, dont ils se servent pour compter les distances.

PUANT, s. m. (Hist. nat.) animal quadrupede. Il est à-peu-près de la grandeur du putois, mais il a le museau un peu plus long. Il est noir, & il a sur le dos cinq bandes blanches, dont l’une s’étend le long du milieu du dos, depuis la tête jusqu’à la queue ; il y en a deux autres placées de chaque côté, & paralleles à celles du milieu. On trouve cet animal dans l’Amérique septentrionale. Reg. anim. par M. Brisson,