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parler, dux pubertatis virginis. « Le premier mari d’une jeune fille ». Reliquit ducem pubertatis suæ, Prov. ij. 17. « Elle a abandonné celui à qui elle a donné ses premieres inclinations ». Plange, quasi virgo accinta sacco super virum pubertatis suæ. Joël, j. 8. « Pleurez comme une jeune femme qui, revêtue d’un sac, se lamente de la perte de son premier époux ». Confractæ sunt mammæ pubertatis tuæ. Ezechiel, xxiij. 21. « Votre virginité a été corrompue ».

Chez les Hébreux, l’âge de puberté pour les garçons étoit à treize ans & demi ; avant ce tems ils étoient censés enfans : mais au-delà de ce terme ils étoient hommes soumis aux préceptes de la loi, & en particulier à l’obligation de se marier. L’âge de puberté pour les filles commençoit à douze ans & demi : alors elles étoient majeures, maîtresses de leur conduite, & pouvoient disposer d’elles sans le consentement de leurs parens. C’est pourquoi ils avoient coutume de les marier fort jeunes ; cet usage servit à multiplier prodigieusement la nation juive. (D. J.)

Puberté, (Hist. anc.) âge où l’on suppose que les deux sexes sont capables d’engendrer, & qu’on fixoit chez les Romains à 15 ou 17 ans pour les garçons, & à 12 ou 14 pour les filles. On faisoit à cette occasion parmi eux plusieurs cérémonies : on marquoit cette époque par un grand festin qu’on faisoit à sa famille & à ses amis, en réjouissance de ce que le jeune homme étoit en état de rendre service à la république ; & à la fin du festin on lui ôtoit la robe prétexte, pour le revêtir d’une autre toute blanche qu’on nommoit la robe virile : ensuite le pere accompagné de ses amis, le menoit au temple pour y faire les sacrifices ordinaires, & rendre graces aux dieux ; d’où on le conduisoit sur la place publique pour lui apprendre à quitter l’enfance, & à se comporter désormais en homme fait. On lui coupoit les cheveux, dont on jettoit une partie au feu en l’honneur d’Apollon, & l’autre dans l’eau, en l’honneur de Neptune, parce que les cheveux naissent de l’humidité & de la chaleur. On leur faisoit aussi la barbe, qu’on renfermoit dans une boîte précieuse, pour la consacrer à quelque divinité. Il étoit assez ordinaire de se faire raser pour la premiere fois en prenant la robe virile ; quelques-uns cependant attendoient plus tard, & c’étoit encore pour ceux-ci un autre festin & une nouvelle cérémonie, car on regardoit cette action comme un acte de religion. A l’égard des filles, lorsqu’elles étoient parvenues à l’âge nubile, on leur ôtoit la bulle, espece de petit cœur ou de boule d’or qui pendoit du col sur la poitrine, mais elles conservoient toujours la robe prétexte jusqu’à ce qu’on les mariât. Voyez Prétexte & Barbe.

PUBIS, terme d’Anatomie, est une des trois pieces dont les os innominés sont composés dans les jeunes sujets ; il est situé à la partie antérieure & supérieure du bassin, voyez Bassin. Voyez nos Pl. d’Anat. & leur explic. Voyez aussi Innominé, os.

On distingue dans le pubis un angle ou une tubérosité, & deux branches, dont l’une est fort épaisse, & s’appelle le corps de l’os ; l’autre est applatie. Il forme une partie de la cavité cotyloïde de l’os des isles, par son union avec l’ilium & l’ischion, & la partie supérieure du trou ovalaire par l’union de sa branche applatie avec celle de l’os ischion. Voyez Ilium, Ischion, &c.

Pubis, os, (Ostéolog.) Les femmes chez les Hottentots ont une espece d’excroissance ou de peau dure & large qui leur vient au-dessus de l’os pubis, & qui descend jusqu’au milieu des cuisses en forme de tablier. Thevenot dit que les Egyptiennes ont une semblable excroissance, & qu’elles la brûlent avec un fer chaud. Quoi qu’il en soit du récit de Thevenot,

les femmes originaires du Cap sont réellement sujettes à la monstrueuse difformité dont nous parlons, & elles la découvrent à ceux qui ont assez de curiosité ou d’intrépidité pour souhaiter de la voir ou de la toucher. Les Européennes n’ont rien d’approchant ; mais en 1745 une femme accoucha à Arras d’une fille qui avoit à l’endroit du pubis une excroissance charnue qu’on coupa un mois après, & l’enfant guérit fort bien. Cette excroissance, longue de quatre pouces, étoit composée d’une graine très-ferme sans aucune partie charnue, & couverte de peau ; après l’avoir ouverte, on trouva un os de fœtus semblable à l’humerus, avec son enveloppe membraneuse, ses épyphises, cartilages, & ses fibres molles comme dans les premiers tems de l’ostéogonie. (D. J.)

PUBLIC, adj. (Jurispr.) Ce terme se prend quelquefois pour le corps politique que forment entre eux tous les sujets d’un état, quelquefois il ne se réfere qu’aux citoyens d’une même ville.

Le bien public ou l’intérêt public est la même chose que si on disoit l’intérêt du public, ce qui est avantageux au public ou à la société ; comme quand on dit que le public a intérêt que les villes soient remplies d’une race légitime.

Lorsque l’intérêt public se trouve en concurrence avec celui d’un ou de plusieurs particuliers, l’intérêt public est préférable. Ainsi lorsque le bien public demande que l’on dresse un chemin, & que pour le faire il faut abattre la maison de quelque particulier, cette maison doit être abattue de l’autorité du souverain, de quelque utilité que cette maison pût être à celui qui en étoit propriétaire ; sauf néanmoins à l’indemniser s’il y échet.

La conservation de l’intérêt public est confiée au souverain, & aux officiers qui sous ses ordres sont chargés de ce dépôt.

Dans les affaires qui intéressent le public, il faut des conclusions du ministere public ; autrement, & s’il n’y en avoit point eu dans un arrêt rendu en pareil cas, ce seroit un moyen de requête civile. Ordonn. de 1667, titre xxxv. article 34.

Ce terme public est aussi quelquefois joint à d’autres termes, pour désigner des choses qui ont rapport au public ; comme un chemin public, un dépôt public, le ministere public, un officier public, un passage public, une place publique. (A)

PUBLICAIN, s. m. un fermier, un receveur des deniers publics, un homme attaché à la douane, à une recette de certains droits odieux aux peuples.

Chez les Romains il y avoit deux sortes de fermiers ; les uns étoient des fermiers généraux, qui dans chaque province avoient des commis & des sous-fermiers qui levoient les tributs, les revenus du domaine, & les autres droits de l’empire, & rendoient compte à l’empereur. Ces fermiers du premier rang étoient fort considérés dans la république ; & Cicéron, dans son oraison pour Plancius, dit qu’on trouvoit parmi eux la fleur des chevaliers romains, l’ornement de la ville de Rome, & la force de la république. Son ami Atticus étoit, selon quelques-uns, du nombre de ces publicains. Mais les sous-fermiers, les commis, les publicains d’un moindre rang, étoient regardés comme des sangsues publiques. On demandoit à Théocrite quelle étoit la plus terrible de toutes les bêtes, il répondit : l’ours & le lion entre les animaux des montagnes, les publicains & les parasites entre ceux des villes.

Parmi les Juifs, le nom & la profession de publicain étoient en horreur plus qu’en aucun lieu du monde. Cette nation se piquoit particulierement de liberté : nemini servivimus unquam, disent-ils en saint Jean ch. viij. v. 33. Ils ne pouvoient voir qu’avec une extrème répugnance dans leur patrie les publicains qui exigeoient avec rigueur les droits & les impôts