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dit que Lasos est une ville de l’île de Crète, dans les terres. (D. J.)

PULLARIUS, s. m. (Hist. anc.) celui d’entre les augures qui avoit le soin des poulets sacrés : on gardoit cette volaille prophétique dans des cages. On leur servoit de la pâtée ; s’ils sortoient gaiement, qu’ils mangeassent d’appétit, & que la mangeaille leur tombât du bec, bon augure. S’ils refusoient de sortir & de manger, s’ils crioient, s’ils battoient des aîles, s’ils rentroient dans leurs cages, mauvais augure. Le manger des poulets sacrés s’appelloit offa ; leur donner à manger, terræpavium ; laisser tomber la mangeaille du bec, terram pavire ; la joie d’un bon augure, tripudium solistimum.

PULLINGI, (Géog. mod.) montagne de la Laponie suédoise, à 15 lieues de Tornea, sur le bord du fleuve ; l’accès n’en est pas facile ; on y monte par la forêt qui conduit jusqu’à environ la moitié de la hauteur ; la forêt est là interrompue par un grand amas de pierres escarpées & glissantes, après lequel on la retrouve, & elle s’étend jusques sur le sommet ; je dis elle s’étend, parce qu’on a fait abattre tous les arbres qui couvroient ce sommet. Le côté du nord-est est un précipice affreux de rochers, dans lesquels quelques faucons avoient fait leur nid ; c’est au pié de ce précipice que coule le Teuglio, qui tourne autour d’Aoasaxa, avant que de se jetter dans le fleuve Tornéa. De cette montagne la vûe est très belle ; nul objet ne l’arrête vers le midi, & l’on découvre une vaste étendue du fleuve ; du côté de l’est elle poursuit le Teuglio jusques dans plusieurs lacs qu’il traverse ; du côté du nord, la vûe s’étend à 12 ou 15 lieues, où elle est arrêtée par une multitude de montagnes entassées les unes sur les autres, comme on représente le cahos. Mémoire de l’académie des Sciences. (D. J.)

PULLULER, v. n. (Jardinage.) signifie donner des rejettons en pié ; nos meres ont bien pullulé dans nos pepinieres.

PULMENTARIA, (Langue latine.) mot générique qui désigne les ragoûts les plus délicats ; originairement c’étoit une espece de bouillie, faite avec des féves, des pois, du ris, & quelques autres légumes. Les anciens Romains en faisoient grand usage ; c’étoit leur régal, & on pouvoit fort bien les appeller par raillerie pultiphagi ; ensuite on abandonna ces mets simples, & l’on appliqua néanmoins le mot pulmentaria, aux friandises les plus exquises. (D. J.)

PULMONAIRE, s. m. (Hist. nat. Bot.) pulmonaria, genre de plante à fleur monopetale & en forme d’entonnoir. La partie supérieure de cette fleur est profondément découpée, & ressemble en quelque maniere à un bassin. Le calice est alongé en tuyau pentagone, & divisé en cinq parties. Le pistil sort de ce calice ; il est attaché comme un clou à la partie inférieure de la fleur, entouré de quatre embrions, qui deviennent dans la suite autant de semences qui mûrissent dans le calice même ; alors ce calice est plus grand que lorsqu’il soutenoit la fleur. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Il faut donner maintenant le caractere de ce genre de plante dans le système de Linnæus. Son calice est une enveloppe cylindrique, pentagonale, consistant en une seule feuille, découpée en cinq quartiers sur les bords, & subsistant après que la fleur est tombée. La fleur est monopétale, divisée comme le calice ; les étamines forment cinq filets chevelus, situés à l’ouverture de la fleur ; les bossettes sont droites, le pistil a quatre germes. Le stile est délié, plus court que la fleur. Le stigma est obtus ; le calice tient lieu du fruit, & renferme quatre semences obtuses, arrondies.

Tournefort compte douze especes de ce genre de plante, dont la principale est la grande pulmonaire, pulmonaria vulgaris, ad buglossum accedens. I. R. H.

136. en anglois, the common spotted-pulmonaria ; & vulgairement the sage of Jerusalem.

Sa racine est blanche, fibrée, d’un goût visqueux. Elle pousse une ou plusieurs tiges à la hauteur d’environ un pié, anguleuses, velues, purpurines, ressemblantes à celles de la buglosse. Ses feuilles sortent les unes de la racine, & sont couchées sur terre ; les autres sans queues, embrassent la tige ; toutes sont oblongues, larges, terminées en pointe, traversées par un nerf dans leur longueur, garnies d’un duvet mollet, & marbrées communément de taches blanchâtres.

Ses fleurs soutenues plusieurs ensemble par de courts pédicules aux sommets des tiges, sont autant de petits tuyaux évasés par le haut en bassinets, découpés chacun en cinq parties, de couleur tantôt purpurine, tantôt violette, quelquefois mixte ; elles sont renfermées dans un calice qui est un autre tuyau, dentelé le plus souvent de cinq pointes. Lorsque les fleurs sont passées, il leur succede quatre semences presque rondes, enfermées dans le calice, & semblables à celles de la buglosse.

Cette plante croît dans les forêts, aux lieux montagneux & ombrageux ; elle est commune dans les Alpes & les Pyrénées : on la cultive aussi dans les jardins ; elle sort de terre au printems, & donne incontinent la fleur ; quoique ses feuilles périssent en automne, sa racine est vivace. (D. J.)

Pulmonaire, (Mat. medic.) grande pulmonaire, petite pulmonaire, & pulmonaire des François, ou herbe à l’épervier. Ces plantes, qu’on emploie presqu’indifféremment, sont comptées parmi les vulnéraires cicatrisans. On les regarde d’ailleurs comme éminemment pectorales, comme douées d’une vertu spécifique dans les maladies de poitrine ; vertu dont elles tirent leur nom. On les fait entrer fort communément dans les tisanes & dans les bouillons qu’on emploie dans les maladies aiguës de la poitrine. On en fait aussi un sirop domestique & à mi sucre, qu’on prescrit dans les mêmes cas. Ces usages lui sont à-peu-près communs avec la bourrache & la buglose, qui leur sont parfaitement analogues.

Ces plantes sont éminemment nitreuses, & ne contiennent d’ailleurs aucun principe actif qui puisse empêcher d’estimer entierement leur action médicinale, par leur principe nitreux. Voyez Nitre, (Chimie & Mat. méd.)

Les feuilles de pulmonaire entrent dans le sirop de tortue résomptif, & toute la plante dans le sirop de rossolis composé. (b)

Pulmonaire de chêne, (Botan.) espece de lichen qui vient sur les troncs des vieux chênes, des hêtres, des sapins, & d’autres arbres sauvages dans les forêts épaisses ; elle est semblable à l’hépatique commune, mais elle est plus grande de toute maniere, elle est plus seche & plus rude. Ses feuilles sont fort entrelacées, & placées les unes sur les autres comme des écailles : leurs découpures sont extrèmement variées, & plus profondes que celles de l’hépatique ordinaire.

Cette plante est compacte & pliante comme du chamois, & elle représente en quelque maniere, par sa figure, un poumon desséché ; elle est blanchâtre du côté qu’elle est attachée aux écorces des arbres, verte de l’autre côté, d’une saveur amere, avec quelque astriction. On la trouve aussi sur les rochers à l’ombre. On recueille communément celle des chênes ; cependant quelques-uns préferent celle qui vient sur les vieux sapins, à cause de quelques parties résineuses qu’on pretend qu’elle tire de ces arbres. Elle croît dans les forêts de Saint-Germain & de Fontainebleau. La pulmonaire de chêne est d’un goût amer, astringent ; elle contient un sel essentiel, vitriolique & ammoniacal, enveloppé de beaucoup