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mas Howard, duc de Norfolck, du crime de félonie & de trahison, & eut la tête tranchée en 1540. On dit que le roi pleura, mais trop tard, la mort de ce favori. Ce qu’il y a de certain, c’est que la maison de Norfolck essuya à son tour la colere de ce prince. (D. J.)

PUTOMAYO ou IZA, (Géog. mod.) riviere de l’Amérique méridionale, dans la province de Popayan. Elle a sa source dans les montagnes de la Cordeliere, &, après un cours d’environ 300 lieues, elle se perd dans la grande riviere des Amazones, au côté du nord, à 2 degrés 30′ de latit. mérid. (D. J.)

PUTRÉFACTION, s. f. PUTRÉFIER, v. neut. (Chimie.) la putréfaction est le dernier degré de la fermentation, on la regarde presque généralement comme l’extreme dissolution des corps qui se corrompent. Stahl veut que ce soit le dernier état de division où les mixtes conservent leur combinaison, & approchent le plus d’être des individus. Stahl auroit sans doute expliqué cette idée dans une théorie particuliere de la putréfaction qu’il avoit promise, & qu’on ne peut que regretter.

Toutes les especes de fermentation peuvent être comprises sous la putréfaction ; c’est ainsi que les anciens disoient que le vin est produit par la putréfaction ou moût, & que le vinaigre est un moût putréfié. La putréfaction peut être définie, ainsi que la fermentation prise en général, un mouvement intestin qui étant imprimé aux corps par le jeu du fluide aqueux, dérange la mixtion de leurs parties salines, grasses & terrestres, qui les sépare, les atténue, les transpose & les combine ensuite de nouveau. La putréfaction embrasse tous les sujets de la fermentation spiritueuse & acéteuse, celles-ci tendent toujours à se terminer par la putréfaction ; l’art seul les fixe, & les empêche d’y parvenir. Les sujets immédiats de la putréfaction sont tous les corps qui renferment trop peu de substance saline pour être disposés aux autres especes de fermentation, mais qui ont beaucoup de substance grasse, attenuée, & de terre muqueuse.

Dans les composés grossiers, tels que la paille, il entre un peu d’eau qui en fait mouvoir le sel, & qui en agite la substance grasse & attenuée que l’air enleve ensuite, & détache des parties terreuses ; une trop grande humidité affoiblit trop sans doute le peu de sel qui est dans ces composés, & l’empêche de réagir sur la partie grasse ; c’est par cette raison que des tas de paille qu’on entretient humides se réduisent presqu’entierement en poussiere dans quelques jours d’été.

La putréfaction détruit les saveurs & les odeurs, sépare entierement l’humidité en desséchant les corps, en donnant à l’eau une place destinée, & en précipitant au fond la matiere putréfiée sous la forme d’une terre noire & limonneuse oui renferme un principe gras. Les substances corrompues donnent la meilleure terre pour fertiliser les champs, sa légereté fait qu’elle est d’autant mieux pénétrée des principes de la fécondité, & qu’elle ne les retient pas trop longtems. Une autre cause qui rend le fumier si propre à la fécondité, c’est que, par la putréfaction, il acquiert une qualité saline qui le rend propre à altérer & à conserver l’humidité de l’air ; c’est là le principe qui rend plusieurs terres salines très-propres à fournir un excellent engrais.

A quelque point qu’on échauffe les concrets gras & huileux pour les faire putréfier, leur raréfaction n’est point du tout considérable à proportion, à-moins que la chaleur ne soit extrèmement fortifiée par la grande quantité de matiere qu’on fait fermenter à-la-fois ; c’est pourquoi les substances qui se putréfient ne demandent pas les mêmes précautions que celles qui fermentent, & ne font point craindre la rupture des vaisseaux où elles sont renfermées, cependant les

sujets de la fermentation même écumeuse ont peu de chaleur ; & ceux de la putréfaction sont susceptibles d’un grand degré de chaleur qu’ils entretiennent longtems.

Le fumier s’échauffe davantage en hiver : phénomene que Stahl explique ingénieusement, parce que les molécules agitées alors du mouvement circulaire autour de leur axe qui constitue la chaleur, & qu’elles se communiquent successivement, sont frappées dans le tems où elles tournoient par l’impulsion rectiligne que le froid donne à l’éther, & cette impulsion rarement dirigée par les centres de ces molécules doit fortifier leur mouvement verticilaire, ou augmenter leur chaleur.

D’un autre côté, un air sec retarde extrèmement la putréfaction ; c’est ainsi que les fruits d’hiver étant mis sur de la paille se conservent plus long-tems, parce que leur tissu est continuellement serré par l’air libre qui pénetre entre les interstices de la paille. Un tems humide & chaud est de tous les états de l’atmosphere le plus favorable à la putréfaction.

L’air favorise le progrès de toutes les especes de fermentation, mais sur-tout la putréfaction ; il ne concourt même directement qu’à celle-ci, parce que s’il a un accès libre dans les liqueurs qui fermentent, il en enleve les parties sulphureuses, de même qu’il enleve celles des charbons dont l’union étroite avec la terre résiste à l’action du feu. Quelques-unes de ces parties sulphureuses qu’il met en mouvement se précipitent avec les feces, dans lesquelles la fermentation devient putride, & produit une véritable séparation des parties terrestres d’avec les huileuses, qui donne à celles-ci leur plus grande mobilité. Stahl croit que comme l’esprit ardent est le produit de la fermentation des substances végétales douces & qui tournent à l’acide, les autres substances qui tendent à la putréfaction, donnent un sel volatil, qui est une substance tenue fort mobile & plus saline que l’esprit ardent. Cette analogie est confirmée, parce que la gelée de corne de cerf, lorsqu’on la laisse putréfier pendant quelques semaines avant que de se distiller, fournit beaucoup moins d’huile, & une plus grande quantité de sel volatil. La mixtion grasse des feces d’une liqueur qui fermente, principalement du vin, est particulierement disposée à une combinaison plus intime de ses parties. Le feu est un instrument très prompt de ces combinaisons ; l’air l’opere successivement & lentement. On sait dans les cuisines que les décoctions des chairs sont naturellement salées d’un sel qui approche de la nature du sel commun. Il n’est point de substance animale dans laquelle le sel amoniacal, dont la putréfaction produit un sel volatil, soit aussi développé que dans l’urine. Cela est prouvé par l’observation de Barchusen, qui n’a pu retirer du sel volatil par l’analyse d’autres excrémens que de ceux des oiseaux ; ce qu’il explique fort bien, parce que dans les oiseaux l’urine se confond avec les gros excrémens, & sort par la même issue. Le sel ammoniac dont nous parlons n’est autre que le sel microscomique de M. Marggraaff, dans lequel il semble que le sel marin doit se changer dans toutes les matieres, tant végétales qu’animales, qui sont sujettes à la putréfaction, & qui peuvent en cette qualité fournir du phosphore, suivant Kunkel.

Par les progrès du mouvement de fermentation, l’acide animal ou végétal se combine avec le principe huileux, & forme le sel urineux volatil. Si on a ôté à ce sel ce qu’il a d’urineux, dit Stahl, il parvient aisément à l’état du sel universel ou d’acide pur, mais il passe plus ordinairement par l’état comme moyen du sel nitreux. Voyez Nitre.

Tous les mixtes dans lesquels le feu produit un sel volatil urineux, donnent le même sel dans la fermentation putride ; si l’on en excepte la suie, qui