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Baptiste, & la pratique de danser au-tour ou de sauter par-dessus. Glycas rapporte aussi d’après Théodoret, que des femmes chrétiennes avoient coutume de passer un certain jour de l’année, au-travers d’un feu avec leurs enfans, pratique qu’il regarde avec raison comme un reste des lustrations du paganisme. Voyez Lustration.

Delrio dit que les Lithuaniens pratiquoient encore de son tems une espece de pyromancie. « Pour connoître, dit-il, quelle sera l’issue d’une maladie, ils mettent le malade devant un grand feu. Si l’ombre formée par son corps est droite & directement opposée au feu, c’est selon eux un signe de guérison ; si au contraire elle paroît de côté, ils désesperent du malade & le tiennent pour mort ». Delrio, disquisit. magic. lib. IV. cap. ij. sect. iv. quæst. vij. pag. 550 & 251.

On donnoit encore à la pyromancie le nom de pyroscopie, aussi dérivé de πῦρ, feu, & de σκοπέω, j’examine, je considere.

PYROMETRE, s. m. (Physiq) instrument qui sert à mesurer l’action du feu sur les métaux & sur les autres corps solides. Ce mot vient de πῦρ, feu, & μέτρον, mesure.

Le pyrometre a été inventé par M. Musschenbroeh, qui s’en est servi pour faire des expériences sur la dilatation des corps par le feu. Voyez ses commentaires sur les expériences de l’académie de Cimenti, imprimés à Leyde en 1731, in-4°.

Cet instrument consiste en général en plusieurs leviers, tellement disposés que pour peu que l’on imprime le plus petit mouvement au premier de ces leviers, à celui contre lequel doit porter l’extrémité du corps dont on veut mesurer la dilatation, le dernier des leviers fait beaucoup de chemin, & mene une portion de roue dentée, qui engrene dans un pignon, par le moyen duquel elle fait tourner une aiguille ; cette aiguille parcourt un cadran divisé en un grand nombre de parties égales.

Si donc on veut mesurer la dilatation d’une verge de fer, par exemple, que le feu peut occasionner, on place cette verge horisontalement sous plusieurs lampes, qui font partie du pyrometre, & on assujettit cette verge fixement par une de ses extrémités, de maniere qu’elle ne puisse se dilater de ce côté-là. La chaleur des lampes porte donc toute la dilatation vers l’autre extrémité, qui aboutit au levier dont nous avons parlé, & par le mouvement de l’aiguille on juge de la quantité de la dilatation. Voyez les leçons de Physique de M. l’abbé Nollet, tome IV. page 353. (O)

PYRONIE, (Mythol.) Diane avoit un temple en Arcadie sur le mont Crathis, où les Argiens venoient en grande cérémonie chercher du feu pour leurs fêtes de Lerna, d’où cette déesse a pris son nom. (D. J.)

PYROPHORE, (Chimie.) on nomme pyrophore plusieurs composés de l’art, lesquels par la réaction de plusieurs substances les unes sur les autres, s’embrâsent lorsqu’ils sont exposés à un air chargé de vapeurs aqueuses. On les distingue des phosphores, en ce que ces derniers brûlent & se consument sans avoir besoin de l’humidité de l’air qui leur est même préjudiciable ; leur distinction, en ce qu’ils ne s’enflamment pas comme les pyrophores par le simple contact de l’air, nous paroît équivoque. Voyez Phosphore.

Nous rapporterons les différens pyrophores qui nous sont connus ; mais nous ne donnerons la maniere d’exécuter que ceux qui se sont acquis le plus de réputation, soit par leur utilité, soit par le jour qu’ils ont jetté sur la Physique.

Il est évident que suivant notre définition, nous devons rejetter du nombre des pyrophores celui de M.

Geoffroy, qui résulte de la fusion du savon noir avec l’antimoine diaphorétique, & plusieurs autres de cette espece, comme celui qui est fait avec le régule d’antimoine, le nitre & le tartre ; celui qui résulte de l’union du foie de soufre fondu avec le fer, ou des alkalis fondus avec l’antimoine ou le fer ; ils sont plutôt des phosphores, semblables à ceux que nous avons rangés dans le quatrieme ordre, à la quatrieme division. Voyez Phosphore.

Mais nous reconnoissons comme pyrophore, un amas de pyrites exposés à l’air, & qui s’y enflamment, les ignitions produites par la chaleur qui naît du mélange de l’eau à la chaux vive. Et nous nommons proprement pyrophore, celui de M. Mender qui résulte de l’union des crystaux de lune, & d’une sublimation de fer & d’orpiment écrasé sur un papier : celui de M. le Fevre médecin d’Uzès, formé par l’union du fer & du soufre avec l’eau : celui de M. Homberg, qui se fait par une calcination de l’alun mêlé avec la matiere fécale, & tous les autres de cette espece, comme celui de M. Lemeri le cadet, qui à la matiere fécale substitue d’autres matieres végétales ou animales, propres à devenir charbon ; & ceux dans lesquels à la place de charbon l’on emploie d’autres sels vitrioliques, & même le soufre, ainsi qu’il conste par les expériences consignées dans les actes des médecins de Berlin, tome I. mémoire vj. & dans les mémoires des savans étrangers, tome III. mémoire xv. Avec ces derniers pyrophores nous détaillerons celui de M. le Fevre, parce que son procédé inséré dans les mémoires de l’académie, n’ayant pu être exécuté, & révoqué en doute par M. Lemeri, il en communiqua un second plus détaillé qu’il ne publia pas.

Pyrophore de M. le Fevre. Mêlez une drachme de soufre commun réduit en poudre fine, dans un mortier, avec 2 drachmes de limaille de fer non rouillé, mettez ce mélange dans un figon, ou bouteille de verre pareille à celles où l’on enferme les pierres à cautere, & de la capacité d’une once d’eau, mettez autant d’eau que de poudre dans le figon, puis le placez dans une cuiller de fer, remplie de sable, qu’elle n’en touche pas le fond, & que le sable ne vienne qu’à la hauteur de l’eau, la cuiller sera posée sur les cendres chaudes pour être chauffée doucement, trop de chaleur feroit sortir la matiere du figon, ou la feroit durcir comme une pierre. Quand l’eau sera imbibée, rajoutez-en autant deux & même trois fois. Ayez soin à chaque imbibition de remuer la poudre, la matiere commencera à noircir, puis se séchera. Cette opération dure 12 heures ; quand elle en dureroit 16 elle n’en réussiroit pas moins, car tout dépend d’administrer une douce chaleur. L’opération est finie lorsque sondant doucement la matiere avec un fil de fer gros comme une ficelle, on la trouve presque seche ; alors on met le figon sur les cendres chaudes, & lorsqu’il ne donne plus de vapeurs, que la matiere n’est ni dure, ni grumelée, on le bouche exactement pour le laisser refroidir. Mettez de cette matiere de la grosseur de la moitié d’une noisette, sur un papier ou linge double, dans 5 ou 6 minutes elle s’échauffera, après 5 ou 6 autres minutes elle fumera & sentira fortement le soufre, & enfin prendra feu ; sur-tout, remarque M. le Fevre, si lors de la composition on a ajouté au mélange 9 à 10 grains de poix résine : ce pyrophore est bon 12 ou 15 heures.

Pyrophore ordinaire. Mettez 3 gros d’alun calciné avec un gros de charbon quelconque, détrempez ce mélange avec de l’eau, & le mettez dans une petite cornue ou matras, enterrée dans le sable pour être calcinée au point que le feu étant menagé au commencement, & sur la fin poussé à faire rougir le vaisseau qui contient la matiere ; pour lors le vaisseau