des parties de la machine, que par rapport à la matiere qui y est employée. L’auteur a diminué le poids en diminuant la dimension de ses bateaux, qui nous paroissent suffisamment grands. A Paris le 9 Août 1748. Signé, d’Alembert, Courtivron & Vaucanson. Et au-dessous est écrit : Je certifie la copie ci-dessus conforme à l’original du rapport & au jugement de l’académie. Signé, Grand-Jean de Fouchy, secrétaire perpétuel de l’académie royale des sciences.
Addition à cet article ou l’on satisfait aux observations de MM. de l’académie royale des Sciences. Si la machine que j’eus l’honneur de présenter à MM. de l’académie royale des Sciences, est d’une grande importance, il faut avouer qu’elle a subi de leur part l’examen le plus rigoureux ; & comme cette illustre compagnie n’a pas moins de lumieres que d’équité, si elle est convenue de la bonté de mon pont & de la nouveauté de son méchanisme, je suis forcé de mon côté de convenir de la justesse de ses observations, & du nouveau degré de perfection qu’il acquerra, en y satisfaisant heureusement. C’est ce que je me suis proposé de faire & d’exécuter dans ces additions, après avoir remarqué préliminairement que les corrections qu’elle semble avoir exigées, tombent sur les accessoires & non sur les parties essentielles de ma machine, comme on verra dans ce qui suit.
Art. I. MM. de l’académie royale des Sciences après avoir remarqué dans leur rapport, que l’éloignement que je laisse de 11 à 12 piés entre chaque bateau, est avantageux relativement à l’usage des pontons, qui dans le cas le plus favorable, c’est à-dire, mis tant plein que vuide, & en état de passer des hommes seulement, & non d’autres fardeaux, sont à la distance de 5 piés, & que les risques qui resulteroient, soit des machines qu’on pourroit lâcher contre le pont pour l’emporter, soit des arbres que des rivieres déracinent dans les inondations & qu’elles charrient, sont beaucoup diminués par de si grands intervalles, ajoutent qu’il leur semble que si l’on construisoit ce pont sur des rivieres larges, il seroit à propos de distance en distance, de jetter quelques ancres.
Je réponds que, quoique je ne sente pas le besoin absolu d’ancres, cependant on pourra pour plus de sureté, & pour se procurer les avantages qui resultent de leur usage, en jetter quelques-unes de distance en distance ; ces ancres ne peuvent nuire, le pis-aller, c’est qu’elles soient superflues, sur-tout sur les rivieres qui n’auront pas une largeur considérable : mais c’est à l’expérience à éclaircir ce point ; on les conservera, si l’exécution du pont proposé apprend qu’elles soient utiles : sinon, on s’en débarrassera. Au reste, elles ne formeront jamais un poids fort incommode, car je n’estime pas qu’il en fallût plus de huit pour un pont construit sur le Rhin dans un endroit où ce fleuve auroit plus de 210 toises.
Art. II. Ces MM. ont présumé dans un autre endroit de leur rapport,
1°. Qu’il seroit difficile de battre au mouton, ou d’une autre maniere, les treteaux que j’employe, sans les endommager :
2°. Que les deux sommiers de ces treteaux qui doivent servir à mettre le sommier supérieur de niveau au sommier de la travée du premier bateau, sont garnis de pieces compliquées & délicates pour la chose, & ils ont ajouté que s’il étoit difficile, pour arriver à la précision que je me suis proposée, de trouver quelque chose qui fût également simple & solide, c’est que cette précision étoit superflue.
Quoique mes treteaux pussent être enfoncés sans être endommagés à l’aide de mailloches prises entre le treteau & la masse dont on se serviroit, je conviens qu’ils n’ont pas la simplicité du reste de la machine, & que ce défaut vient en partie de la précision superflue que je m’étois proposée, ainsi que MM. les
commissaires l’ont conjecturé : & pour répondre à l’honneur qu’ils m’ont fait de me croire en état de remédier à ce petit inconvénient ; voici ce que je substitue aux treteaux, par une raison qui m’a paru plus forte encore que la complication & la délicatesse des parties dont ils sont composés, car ces parties ne fatiguant jamais, il est indifférent qu’elles soient fortes ou foibles ; mais je rejette les treteaux, parce qu’il y a tel terrein si dur, qu’il ne seroit peut-être pas possible de les enfoncer ; cas rare sans doute, mais qui peut se rencontrer, & qu’il faut supposer comme avenu, afin de donner un usage général au pont proposé.
Au lieu de treteaux, je me sers de trois petits bateaux plats tels qu’on les voit en perspective & géométralement, Pl. XXX. fig. 3. & 4. Ils ont 34 piés de long, 5 piés 2 pouces de large, 14 pouces de profondeur, y compris par-tout l’épaisseur du bois ; ils ont au dedans trois traverses, & par conséquent six montans arcboutés, comme on voit fig. 3.
Tous ces montans sont terminés par des tenons d’un pouce & demi de hauteur, qui s’inserent dans les mortaises pratiquées en six endroits des pieces de chêne de 16 piés & de long sur 6 pouces d’equarrissage, qui servent à assembler & fixer les uns contre les autres les trois petits bateaux ; & à soutenir sur leur milieu le sommier qui doit porter la partie de la chaussée qui commence au bord de la riviere, & celle qui va de ce sommier au sommier supérieur du premier bateau. Ces pieces & le sommier qu’elles portent seront fixées aux petits bateaux par des attaches de fer, afin qu’elles ne puissent s’en séparer.
Si l’on cherche d’après la méthode du mémoire précédent (méthode dont ces MM. ont paru satisfaits), le poids que peut soutenir cet avant-pont, par la comparaison de l’eau qu’il faudroit qu’il déplaçât pour être enfoncé, on trouvera qu’il est au moins de 26582 livres.
Telle est la machine que je substitue aux treteaux : elle est tout-à-fait analogue au méchanisme de mes bateaux, elle en a la solidité & la simplicité, & ne nuit point à la célérité de la construction ; car cet assemblage de petits bateaux s’aligne de la même maniere & avec la même facilité que mes autres bateaux.
Art. III. Ces MM. ont encore observé, en comparant mon pont avec les ponts qui sont en usage, que si en le construisant tout de chêne & dans toutes les dimensions que je lui ai assignées, il pese environ 100000 livres plus que les pontons, sans demander toutefois un plus grand nombre de voitures que les pontons, rien n’empêchoit qu’on n’en fît en sapins certaines parties, comme celles du bord, du doublage & de la chaussée ; ce qui le rendroit de 100000 livres environ plus léger qu’eux : c’est un avantage qu’ils lui ont accordé, de même que d’être du double plus fort & de quatre piés plus large que les pontons ; ce qui augmente encore celui de la facilité du transport.
J’acquiesce à cette observation ; lorsque je construisis le pont que j’ai proposé, je ne m’étois pas seulement formé l’idée d’une machine qui seroit pendant un regne, mais bien d’une machine inébranlable & qui durât sous plusieurs rois. On a vu même dans le mémoire précédent, que je prétendois qu’on le substituât dans l’occasion à un pont de pierre, ce qui sera possible même en le construisant de sapin ; mais il y aura toujours entre la durée du pont fait, partie en sapin, partie en chêne, & du pont fait tout de chêne, la différence de la durée du chêne & du sapin. Cela m’est commun avec toutes les machines possibles qui durent d’autant plus long-tems, que les matieres dont on les construit sont plus solides.
Art. IV. Ces MM. sans insister sur les ornemens dont le pont proposé est susceptible, sont convenus qu’on y pourroit pratiquer une balustrade qui joue-