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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/658

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bre de longues ou de breves usuelles qu’il n’y en a de naturelles. Dans les langues qui admettent la versification métrique & le rythme calculé, il faut apprendre sans réserve la quantité de toutes les syllabes des mots, & en ramener les lois, autant qu’il est possible, à des points de vue généraux : cette étude nous est absolument nécessaire pour pouvoir juger des différens metres des Grecs & des Latins. Dans nos langues modernes, l’usage est le meilleur & le plus sûr maître de quantité que nous puissions consulter ; mais dans celles qui admettent les vers rimés, il faut surtout faire attention à la derniere syllabe masculine, soit qu’elle termine le mot, soit qu’elle ait encore après elle une syllabe féminine. C’est que la rime ne seroit pas soutenable, si les sons correspondans n’avoient pas la même quantité : ainsi, dit M. l’abbé d’Olivet, ces deux vers sont inexcusables :

Un auteur à genoux, dans une humble préface,
Au lecteur qu’il ennuie a beau demander grāce.

C’est la même chose de ceux-ci, justement relevés par M. Restaut, qui, en faveur de Boileau, cherche mal-à-propos à excuser les précédens :

Je l’instruirai de tout, je t’en donne parŏle,
Mais songe seulement à bien jouer ton rōle.

(B. E. R. M.)

QUAN-TON, ou plutôt QUANG-TUNG, (Géog. mod.) province de la Chine, la douzieme de l’empire, & l’une des principales & des plus riches. Elle est bornée au nord-ouest par le Quangsi, au vrai nord par le Huquang, au nord-est par le Kiangs & le Fokieng, au midi par l’Océan, & au couchant par le Tonquin. On y jouit d’une grande température. Les moissons s’y font deux fois l’an. Le commerce y est très-vif en toutes sortes de marchandises, en or, en diamant, en perles, soie, fer, étain, cuivre, &c. L’abbé de Choisi dit qu’on y voit trois choses extraordinaires, un ciel sans nuage, des arbres toujours verds, & des hommes qui crachent le sang, parce qu’ils mâchent sans cesse des feuilles de béthel, qui teint leur salive en rouge. Cette province contient dix métropoles. Quang-cheu est sa capitale ; c’est la même ville que les François nomment mal-à-propos Quanton ou Canton. Voyez Quang-cheu. (D. J.)

QUANZA, (Géog. mod.) grande riviere d’Afrique, dans sa partie méridionale. Elle prend sa source vers le nord des montagnes de Lupata, qu’on appelle l’Epine du monde, traverse le royaume de Matamba, entre ensuite au royaume d’Angola ; & prenant finalement sa route vers l’occident septentrional, arrose Colombo, se perd dans l’Océan éthiopien, entre la pointe de Palmérino & le cap Ledo. (D. J.)

QUAPACHTOTOTL, s m. (Hist. nat. Ornyth) oiseau d’Amérique décrit par Nieremberg ; il dit que son corps & sa queue ont chacun huit pouces de longueur ; son bec est crochu, sa poitrine cendrée, son ventre noir, sa queue noirâtre, ses aîles, sa tête & son col d’un brun jaune.

QUAPATLI, s. m. (Botan. exot.) arbre fongueux de la nouvelle-Espagne, qui sert de matiere propre à nicher & faire éclore une grande quantité de vers velus & rudes, de couleur rouge, longs de deux pouces, & gros comme un tuyau d’orgue. Les sauvages les font cuire dans de l’eau jusqu’à ce qu’ils soient consumés, & que toute la graine nage dessus. Ils la recueillent & s’en servent à plusieurs usages. (D. J.)

QUAQUA, les, (Géog. mod.) les Hollandois ont donné ce nom à quelques peuples d’Afrique, en Guinée. Ils habitent les pays d’Adow, & sont soumis au roi de Saka. Ils s’étendent depuis le cap de la Hou

jusqu’au cap le Sainte Apolline, en tirant vers le cap des Trois-pointes. Ils font des pieces de coton composées de cinq ou six bandes, & dont il commercent, ainsi que de l’yvoire, ou dents d’élephans. M. de Marchais vous donnera de plus grands détails de ce peuple, dans son voyage de Guinée.

QUARANTAINE, (Jurisprud.) signifie l’espace de quarante jours.

Ce mot s’emploie quelquefois pour signifier le tems du careme ; parce que ce tems est d’environ quarante jours.

Quarantaine, en termes de jurisprudence angloise, est un bénéfice accordé à la veuve d’un propriétaire d’une terre, en vertu duquel elle est maintenue pendant quarante jours après la mort du défunt, dans l’habitation du chef-lieu, ou principal manoir, pourvu que ce ne soit pas un château.

Si quelqu’un entreprend de l’en expulser, elle a à opposer l’action de quarantenâ habendâ.

Quarantaine, est aussi en Angleterre une mesure ou étendue de terre de quarante perches.

Quarantaine, (Hist. mod.) nom en usage sur les ports de mer pour signifier le tems que les vaisseaux venans du levant & les passagers qui sont dessus ou leurs équipages doivent rester à la vue des ports avant que d’avoir communication libre avec les habitans du pays.

On prend cette précaution pour éviter que ces équipages ou passagers ne rapportent d’Orient l’air des maladies contagieuses & pestilentielles qui y sont fort fréquentes ; & l’on a donné à cette épreuve le nom de quarantaine, parce qu’elle doit durer quarante jours. Cependant lorsqu’on est sûr que ni les marchandises, ni les passagers ne sont partis des lieux ou suspects, ou infectés de contagion, on abrége ce terme, & l’on permet le débarquement tant des personnes que des marchandises, mais on dépose au moins les uns & les autres dans un lazaret ou on les parfume. Le tems qu’elles y demeurent se nomme toujours quarantaine, quoiqu’il ne soit souvent que de huit ou quinze jours, & quelquefois de moins. Ce langage n’est pas exact, mais l’usage l’a confirmé.

Quarantaine le roi, (Jurisprud.) étoit une treve de 40 jours, qui fut établie par Philippe-Auguste, ou, selon d’autres, par Philippe le Hardi, & renouvellée par S. Louis en 1245. Cette ordonnance fut appellée elle-même la quarantaine le roi ; elle porte que depuis les meurtres commis ou les injures faites, jusqu’à 40 jours accomplis, il y avoit de plein droit une treve de par le roi, dans laquelle les parens des deux parties seroient compris, que cependant le meurtrier ou l’agresseur seroit arrêté & puni, & que si dans les 40 jours marqués, quelqu’un des parens se trouvoit avoir été tué, celui qui auroit commis le crime seroit réputé traitre & puni de mort. Voyez Beaumanoir, ch. lx. de ses cout. de Beauvaisis ; Ducange, dissert. 29. sur Joinville, & la préface de M. de Lauriere sur le premier tome des ordonnance des la troisieme race.

Enchere de quarantaine. Voyez ci-devant Enchere. (A)

Quarantaine, s. f. (Corderie.) corde de la grosseur du petit doigt, dont les matelots se servent pour raccommoder leurs cordages. Savary. (D. J.)

QUARANTAINS, s. m. pl. (Lainerie.) c’est un terme de manufacture de draperie, qui se dit particulierement en Languedoc, en Dauphine & en Provence, des draps de laine, dont la chaîne est composée de quarante fois cent fils, qui font en tout quatre mille fils. Savary.

QUARANTE coups, (Critique sacrée.) Moïse ordonna sagement que les punitions corporelles fussent toujours proportionnées à la nature des crimes, mais