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Paris dans une telle rue, en une telle maison, sise dans l’étendue de son quartier, & en la dizaine du sieur tel… en laquelle celui auquel il donne ce certificat contribue à toutes les charges de ville pour la police, comme boues, pauvres, & lanternes, ainsi que font les autres bourgeois de Paris.

Les cinquanteniers & dizainiers peuvent résigner leurs offices en appellant leur quartenier, & les résignataires sont présentés par le quartenier aux prevôt des marchands & échevins, pour être admis en la maniere accoutumée.

Telles sont les dispositions de ces statuts des cinquanteniers & dizainiers qui ont rapport aux quarteniers.

On a vû ci-devant que les quarteniers étoient comme les capitaines ou colonels de leurs quartiers, mais il paroît que dès avant 1663, les prevôt des marchands & échevins commettoient dans chaque quartier des capitaines & autres officiers pour commander la milice bourgeoise sous les ordres des quarteniers du bureau de la ville.

Louis XIV. ayant par édit du mois de Mars 1694, créé dans toutes les villes des colonels, majors, capitaines, lieutenans & enseignes des bourgeois, il en excepta la ville de Paris, dans laquelle il maintint les capitaines & autres officiers nommés & établis sous les ordres des prevôt des marchands & échevins dans toutes leurs fonctions, droits & privileges ; mais comme ils y étoient tous les jours troublés sous prétexte qu’ils n’exerçoient qu’en vertu de simples commissions des prevôt des marchands & échevins, Louis XIV. par édit du mois de Septembre 1703, registré au parlement le 3 Octobre suivant, révoqua toutes les commissions qui pouvoient avoir été accordées, soit par les gouverneurs de Paris, ou par les prevôt des marchands & échevins, de capitaines, majors, lieutenans & enseignes de bourgeoisie, & il créa en même tems en titre d’office formé en chacun des seize quartiers de Paris, un lieutenant-colonel, un major, un capitaine, un lieutenant, & un enseigne pour chacune des 133 compagnies de milice bourgeoise qui étoient alors établies à Paris.

Il ordonna que du nombre des huit bourgeois & notables habitans que chaque quartenier choisit tous les ans dans son quartier pour l’élection des échevins, il en seroit pris deux dans le nombre des officiers créés par cet édit pour donner leur voix au scrutin, pour l’élection des deux échevins entrans, à peine de nullité de l’élection… & qu’aucun bourgeois de Paris ne pourroit posséder aucun office de conseiller de ville, quartenier, dizainier, ni cinquantenier, qu’il n’eût possédé, savoir le conseiller ou quartenier l’une des charges de lieutenans-colonels, majors ou capitaines, & les dizainiers & cinquanteniers l’un desdits offices, ou ceux de lieutenans ou enseignes.

Ces officiers de milice, à leur réception, sont conduits chez M. le prevôt des marchands par le quartenier auquel il sont subordonnés, conjointement avec les autres officiers de la même compagnie, & présentés au bureau de la ville, après en avoir donné avis au colonel, s’il y en a un, qui peut le présenter lui-même conjointement avec le quartenier.

Un des plus beaux droits des quarteniers est d’avoir part à l’élection des prevôt des marchands & échevins ; on trouve des preuves qu’ils jouissoient de ce droit dès l’an 1438, ainsi qu’il paroit par un procès-verbal du 23 Juillet de ladite année, qui est rapporté à la fin du recueil des ordonnances de la ville, édition de 1644.

Pour cet effet chaque quartenier, après avoir reçu un mandement du bureau de la ville pour faire assembler les officiers de ville & bourgeois au sujet de cette élection, va lui-même en manteau & en rabat inviter des notables bourgeois de son quartier de tout

état, tant officiers du roi & de milice, qu’anciens échevins, ecclésiastiques, magistrats, & autres gens de robe, gentilshommes, marchands non méchaniques demeurant dans l’enceinte de la ville & non dans les fauxbourgs, de se trouver en son hôtel au jour & heure qu’il leur indique, qui est ordinairement le 14 du mois d’Août, sur les 4 heures de relevée, pour entendre la lecture d’un mandement à lui envoyé par la ville au sujet de l’élection des nouveaux prevôt des marchands & échevins au-lieu & place de ceux qui ont fait leur tems. Anciennement on mandoit six notables, depuis le nombre en sut fixé à huit, présentement le quartenier n’en mande ordinairement que quatre. Quand il ne trouve pas les notables chez eux, il laisse pour eux une lettre ou billet qui les instruit du sujet de sa visite.

Il envoye aussi à chacun de ses cinquanteniers un mandement, à l’effet par eux de faire avertir les dizainiers étant sous leur charge, de se rendre avec eux en l’hôtel du quartenier, au jour & heure par lui indiqués.

Lorsque la compagnie est assemblée chez le quartenier, il fait donner un fauteuil à celui qu’il a destiné pour présider à ladite assemblée, il le fait placer au bout du bureau & lui donne la droite ; il fait ensuite placer les autres mandés, puis leur fait la lecture du mandement, & le serment étant pris par le président de l’assemblée, chacun des mandés donne sa voix.

Le quartenier dresse du tout son procès-verbal, & marque les noms des quatre d’entre les mandés qui ont eu le plus de voix ; il enjoint à ceux-ci de se trouver en leur maison le 16 du mois jusqu’après 11 heures du matin ; que deux d’entre eux seront mandés en l’hôtel-de-ville pour procéder à l’élection des nouveaux prevôt des marchands & échevins ; le quartenier signe ce procès-verbal avec ses mandés & en remet un double signé de lui au bureau de la ville.

Le jour de l’élection venu, & tous ceux qui doivent y avoir part étant assemblés, les quarteniers sont appellés par le greffier de la ville, chacun en leur rang, avec leurs deux mandés appellés pour l’élection ; ils les conduisent vers les scrutateurs, entre les mains du premier desquels ils prêtent tous trois serment, & donnent leur bulletin pour l’élection.

Les quarteniers ont eux-mêmes l’avantage de parvenir à l’échevinage.

On ne connoît ceux qui ont rempli les places de quarteniers que depuis l’an 1500, suivant l’armorial que la ville a fait faire en 1729, où Jean Croquet est le premier qui soit marqué ; il étoit quartenier en 1500, & fut échevin en 1502, & remis en 1510. On voit parmi ceux qui suivent qu’il y en eut nommé échevin dans chacune des années 1504, 1506, 1507, 1509, 1510, 1512, 1514, 1516, 1518 ; & que Jean Bazanier, qui avoit été élu en 1514, fut remis en 1520.

Dans le rôle des prevôt des marchands & échevins qui est à la fin du recueil des ordonnances de la ville, édition de 1644, on trouve que le 16 Août 1525, il fut élu trois nouveaux échevins, dont le dernier devoit achever seulement le tems d’un qui étoit décédé. Sire Jean Turquant, quartenier & bourgeois de Paris, est nommé le second entre les trois qui furent élus, c’est le premier de cette liste qui soit désigne avec la qualité de quartenier.

Dans toute la suite de cette liste les quarteniers qui n’avoient point d’autre qualité, ou qui y joignoient seulement celle de bourgeois de Paris, sont qualifiés de ce titre sire tel, comme on qualifie encore les consuls ; ceux qui avoient quelqu’autre fonction publique sont qualifiés maîtres.

Au surplus, on remarque encore dans cette même liste, qui va jusqu’en 1643, que les quarteniers qui