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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/728

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quelque vérité. Ces questions étoient ordinairement vagues, générales, conçues toutefois en termes scientifiques. On y accumuloit beaucoup d’argumens pour démontrer, ou une subtilité puérile, ou une chose d’ailleurs incontestable ; & comme il n’y avoit point de matiere, quelque stérile ou quelque légere qu’elle fût, sur laquelle à l’aide des lieux communs on ne pût discourir, on nomma ces questions quodlibétaires du mot latin quodlibet, tout ce qu’il vous plaira, parce qu’en effet il n’étoit rien qu’on ne se crût capable de traiter par cette méthode.

Quelques-uns prétendent que du latin quodlibet appliqué à ces questions impertinentes, on a fait le mot quolibet, dont on se sert encore pour signifier une plaisanterie basse & ridicule ; mais ces deux choses paroissent avoir assez peu d’analogie, puisque dans les questions quodlibétaires on traitoit à la vérité la plûpart du tems des bagatelles, mais dans un style grave & sérieux.

QUOJA royaume de, (Géog. mod.) pays d’Afrique dans la partie occidentale de la côte de Guinée ; il s’étend en longueur depuis Sierra-Leona, jusqu’à la côte des Grains. Il comprend les royaumes de Bolm, de Silm, de Quilliga, de Carrodobou & de Folgia. Vous trouverez dans Dapper ou dans la Croix, la description des plantes & des animaux du pays de Quoja, les mœurs & les usages de ce peuple. C’est assez de dire ici que ce pays a environ 21 lieues de côtes, dont les habitans ont été subjugués par les Carous. (D. J.)

QUOLIBET, s. m. (Langage.) ces sortes d’équivoques & de pointes qu’on emploie trop communément dans les conversations, me paroissent encore plus insupportables que les proverbes ; cependant on croit montrer beaucoup d’esprit, quand pour désigner une personne qui est contrefaite dans sa taille, on dit, la fortune lui a tourné le dos. Le petit P. André prêchant un jour devant un grand prince, prit pour texte omnis caro fænum, & commença son sermon par s’écrier : foin de vous, monseigneur, foin de moi, foin de tous les hommes, omnis caro fænum. Si un diseur de bons mots est méprisable, que sera-ce qu’un diseur de méchans mots, un quolibétiste ? L’honnête homme doit écarter ce jargon qui sent la lie du peuple & la mauvaise éducation. Quand il n’y auroit pas de la facilité à trouver des quolibets, rien n’est plus ridicule que leur usage. Une fadaise difficile ne laisse pas d’être une fadaise ; mais ces quolibets, ces équivoques, ces fades allusions, dont on trouve des magasins tous faits, ne servent qu’à confondre ceux qui s’y amusent avec les savetiers, qui d’ordinaire sont les rieurs de leur voisinage. (D. J.)

QUOTE ou QUOTE-PART, (Jurisprud.) du latin quota pars, signifie la part & portion que chacun doit supporter de quelque charge ; on dit & on écrit quote-part des dettes, en matiere de tailles ; on dit & on écrit quote simplement, ce qui vient aussi par corruption de quote-part. (A)

QUOTIDIEN, JOURNALIER, (Synonymes.) ces deux mots ont, selon leur étymologie, la même signification, mais ils ne s’emploient pas indifféremment. On dit, une fievre quotidienne, & ce seroit mal dit, une fievre journaliere ; il semble que notre pain quotidien soit un mot consacré dans l’oraison dominicale ; notre pain de chaque jour, comme parlent quelques traducteurs du Nouveau Testament, est une phrase que l’usage n’a pas adoptée. Pain journalier ne se dit pas mieux que fievre journaliere ; mais on dit, le mouvement journalier du ciel ; la révolution journaliere du premier mobile ; & non pas le mouvement quotidien, la révolution quotidienne ; on dit encore, l’expérience journaliere : ce sont des bisarreries de l’usage. Homme journalier, & armes journalieres se disent, mais ce n’est qu’au figuré, & on ne regarde ici journalier que dans le propre.

QUOTIDIENNE, fievre, (Médecine.) espece de fievre intermittente qui vient, cesse tous les jours, & est suivie de quelques heures d’intermission. Elle est beaucoup moins fréquente que la tierce & la quarte ; dans cette fievre la nature tâche de se délivrer elle-même du poids d’une matiere morbifique qui lui est incommode, & qui se trouve communément exister dans les premieres voies.

Ses différences d’avec d’autres fievres. Il ne faut pas confondre la fievre quotidienne intermittente avec la quotidienne continue. Dans cette derniere la chaleur, la langueur, le dégoût, la vîtesse & la foiblesse du pouls, durent jusqu’à ce qu’elle cesse : quand elle persiste long-tems, elle épuise les forces du malade.

La fievre quotidienne intermittente, est encore différente de la fievre quotidienne catharreuse, laquelle est accompagnée de fluxion, & est plus ou moins maligne ; quand elle se trouve de ce dernier caractere, elle détruit les forces, & ne fait que diminuer au-lieu de cesser entierement.

La fievre quotidienne intermittente vraie, differe aussi des autres fievres intermittentes ; car lorsque la fievre tierce devient double de simple qu’elle étoit auparavant, l’accès revient aussi tous les jours, mais les tems de son attaque ne répondent point alternativement les uns aux autres, & comme ses causes sont différentes, les remedes doivent l’être aussi.

Si la fievre quarte revient tous les jours, on l’appelle triple, & son accès ne vient pas tous les jours à la même heure, mais tous les quatre jours, le période de son accession est le même ; comme les causes qui l’occasionnent sont différentes, on doit aussi employer différentes méthodes de traitement.

On distingue enfin la fievre quotidienne intermittente vraie, de la fievre lente, en ce que cette derniere vient d’ordinaire vers le soir après qu’on a mangé, sans aucun frisson, & qu’elle est accompagnée d’une chaleur dans les paumes de la main, & dans les plantes des piés. Elle est aussi beaucoup plus violente dans la nuit que dans le jour ; elle provoque la sueur, & diminue le matin sans cesser tout-à-fait.

Ses signes. La fievre quotidienne a les symptomes suivans. Elle commence ordinairement le matin par le froid & le frisson sans aucun tremblement. Il survient ensuite une légere chaleur ; le pouls qui étoit auparavant débile augmente ; la sueur succede, mais peu abondante ; l’accès cesse au bout d’environ huit heures, & revient le jour suivant à-peu-près à la même heure. Cette fievre est quelquefois accompagnée de dégoûts, de maux de tête, de cardialgie, de vomissemens, ou d’un flux de ventre : l’urine n’est point enflammée, mais crue & d’un jaune pâle.

On appelle fievre quotidienne bâtarde erratique ou anomale celle qui ne conserve point de période fixe, mais qui paroit dans différens tems indéterminés. Cette derniere fievre irréguliere est quelquefois épidémique, sur-tout lorsque les saisons ont été long-tems dérangées.

Ses causes. La principale cause de la fievre quotidienne vraie semble être une matiere visqueuse logée dans les premieres voies, & qui est souvent accompagnée de l’épaississement du sang dans la veine-porte ; les causes occasionnelles sont une nourriture grossiere & épaisse, une vie trop sédentaire, mélancholique, & en genéral toutes les causes de la fievre tierce ; sa cause formelle consiste dans l’affection spasmodique du système nerveux.

Les premieres voies, savoir le ventricule, le duodenum, le jejunum, sont le siége où réside la matiere viciée qui produit cette fievre ; de-là vient qu’elle est ordinairement accompagnée de vents, de dégoûts, de nausées, d’envies de vomir, & d’inquiétudes autour de la région des intestins. Sa durée est longue, quand le vice qui l’occasionne est considéra-