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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/806

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aux cuisses, & en d’autres endroits de son corps, qui nous ont paru d’un mauvais caractere, & participer de virulence vénérienne. Enfin ladite M. A. L. C. ayant été interrogée par nous de ce qu’elle ressentoit en tout son corps, elle s’est plainte de ressentir des douleurs continuelles à la gorge & à la tête depuis quinze jours, & principalement la nuit ; ce qui nous a déterminés à déclarer qu’elle a besoin d’être incessamment traitée de la maladie vénérienne dans toutes les formes. Fait à Paris ce 9 jour du mois d’Octobre 1698.

Rapport au sujet d’un enfant étouffé. Nous médecin & chirurgien du roi en son châtelet de Paris, soussignés, certifions que cejourd’hui 21 Décembre 1689, en vertu de l’ordonnance de M. le lieutenant-criminel, nous nous sommes transportés en la rue des Rosiers, quartier S. Antoine, où est demeurant Josse Frocheux, maître cordonnier à Paris, pour voir & visiter le corps de Crépinian Frocheux, son fils, âgé de huit à neuf mois, décédé la nuit derniere, duquel nous avons trouvé la face de couleur violette & pourprée, la bouche & le nez couverts d’écume, & après l’ouverture que nous en avons faite, les poumons pleins d’un air écumeux. Pour raison de quoi, & de la bonne disposition de toutes les autres parties de son corps tant intérieures qu’extérieures, nous avons jugé qu’il a été étouffé & suffoqué par quelque personne endormie, par quelque animal qui s’est couché sur son visage, ou de quelqu’autre maniere à-peu-près semblable, qui ne peut nous être connue ; & nous avons été en quelque façon confirmés dans ce jugement par plusieurs personnes présentes à ladite visite, qui nous ont assuré que ledit enfant étoit le jour précédent en parfaite santé. Fait à Paris, &c.

Rapport concernant un corps mort de la foudre. Rapporté par moi maître chirurgien juré au bourg de Lonjumeau, qu’en vertu de l’ordonnance de M. le prevôt au siege dudit bourg, j’ai vu & visité le corps de feu Martin Josier, dit la Vallée, âgé de 40 ans ou environ, étant au service du sieur Bertrand Vaugire, receveur de la terre & marquisat de Chilly, en qualité d’un de ses charretiers ; auquel j’ai d’abord observé qu’il exhaloit de son cadavre une odeur sulphureuse, & je lui ai ensuite apperçu sur le haut de la tête un endroit plus froid que le reste du corps, ce qui m’ayant porté à examiner plus soigneusement ledit endroit, j’y ai trouvé nombre de poils brûlés & réduits en poussiere de la largeur d’un écu, & au-dessous une petite ouverture de figure ronde entourée d’un cercle noirci, pénétrante comme une escare dans toute l’épaisseur des tégumens ; puis ayant introduit ma sonde dans cette ouverture, j’ai trouvé le crâne perforé dans toute son épaisseur, & ma sonde ne rencontroit aucun obstacle à pénétrer dans le vuide selon toute sa longueur ; sur quoi, après avoir dilaté les tégumens, j’ai connu que le crâne étoit percé sur le milieu de la suture sagittale. Après cela j’ai scié le crâne, & j’ai reconnu que tant la dure & la pie mere, que toute la substance du cerveau étoient dissoutes en forme de bouillie délayée dans une liqueur noire. Enfin, examinant la base du crâne, j’ai apperçu un trou se glissant obliquement de la selle de l’os sphénoïde vers l’os du palais, que j’ai trouvé percé du côté droit, & deux dents canines brisées en menues parties, & le muscle orbiculaire des levres tout noir & corrompu en-dedans. Toutes lesquelles observations font voir clairement que ledit Josier a été frappé de la foudre, qui lui ayant percé le crâne de part en part, est sortie par la bouche, pendant l’orage qu’il a fait ce matin. Fait au bourg de Lonjumeau, le 26 Juin 1680.

Rapport concernant deux garçons rôtisseurs, l’un trouvé mort, & l’autre fort malade de la vapeur du charbon. Rapporté par moi maître chirurgien juré à Paris,

que ce 16 Janvier 1681, j’ai été mandé avec empressement, à cinq heures du matin, en la rue aux Ours, dans une maison où est demeurant le sieur L. maître rôtisseur à Paris, auquel lieu j’ai été conduit au cinquieme étage dans un petit réduit fermé de planches, où étoient gissans les nommés Olivier Graville & Jacques Usart, deux des garçons dudit sieur L. que j’ai trouvés ayant la face de couleur plombée, sans pouls, sans mouvement, sans parole, & avec une froideur universelle ; & comme je me suis d’abord apperçu que la fumée du charbon les avoit réduits en cet état par la mauvaise odeur dont ce petit lieu étoit encore infecté, j’en ai fait promptement tirer l’un d’eux, qui est ledit Jacques Usart, en qui j’ai remarqué quelques signes de vie par un battement fort obscur que je lui ai senti à l’endroit du cœur, ledit Olivier étant mort sans ressource. Or pour secourir ledit Usart encore vivant, je lui ai ouvert la bouche avec un instrument convenable, je lui ai fait avaler un vomitif, & je lui ai soufflé dans les narines de la poudre d’euphorbe pour lui exciter l’éternuement ; lesquels remedes ayant opéré, ledit Usart a ouvert les yeux & recouvré la parole, se plaignant d’une grande pesanteur de tête, & d’une extrème lassitude & foiblesse. Après quoi j’ai conseillé audit sieur L. de faire appeller son médecin pour ordonner au malade en question les autres remedes dont il a besoin pour être parfaitement rétabli. Fait à Paris, &c.

Rapport de visite du cadavre d’une femme qui s’étoit défaite elle-même par suspension. Nous médecin & chirurgien du roi en son châtelet de Paris, soussignés, certifions que sur le requisitoire de M. le commissaire M… nous nous sommes transportés, rue du Monceau S. Gervais, vis-à-vis le grand portail de S. Jean en Greve, à la premiere chambre d’une maison où pend pour enseigne la corne de cerf ; auquel lieu, en présence dudit sieur commissaire & du sieur Bon de Billy l’un des chirurgiens du nouveau châtelet, nous avons visité le cadavre d’une femme qui étoit âgée d’environ 65 à 70 ans, ayant la langue noire, épaisse, & sortant un peu hors de la bouche avec un excrément gluant, rougeâtre & visqueux, venant tant de la bouche que du nez, lequel cadavre on nous a dit être celui de N. D. veuve du nommé T. maître couvreur à Paris. Nous avons trouvé ledit cadavre droit, l’extrémité des piés à fleur de terre, & attaché par le cou à une solive qui sert de soutien à une soupente, par le moyen d’un cordon composé de deux rubans de fil de différente étendue, l’un large d’un pouce, & l’autre plus étroit, faisant les deux ensemble plus de six aulnes de longueur, avec un gros nœud composé de plusieurs, lequel cordon pendant en bas, formoit une anse qui passoit entre le menton & le larynx par-dessous les angles de la mâchoire inférieure, & entre les oreilles & les apophyses mastoïdes, & par-derriere sur les parties moyennes & latérales de l’occiput, ayant fait une profonde impression à toutes ces parties, & notamment au-dessous de la symphise du menton, ou étoit le nœud qui unissoit tous les bouts du licou, au-dessous duquel étoit encore une autre petite corde faisant six tours au-tour du cou sans le comprimer. De sorte qu’ayant examiné toutes les circonstances ci-dessus énoncées, aussi bien que celles qui sont insérées au procès-verbal dudit sieur commissaire, & après avoir examiné toutes les parties dudit cadavre, tant intérieures, qu’extérieures, les unes après les autres, nous avons reconnu que la seule cause de la mort de cette femme a été celle du licou qu’elle s’étoit elle-même préparé, selon toutes les apparences. Fait à Paris, le 7 Mars 1690.

Certificat pour un religieux prêtre, tendant à obtenir en cour de Rome la permission de continuer à dire la messe. Nous soussignés, maîtres chirurgiens à Paris, cer-