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pendant on les pratique toujours aux consuls pour les causes de Paris.

Ils ont encore lieu en matiere criminelle, comme on peut voir dans l’ordonnance de 1670, tit. xvij. des défauts & contumaces. (A)

RÉALE, adj. (Marine.) nom de la principale galere d’un royaume indépendant. Voyez Galere réale.

Réale, (Hist. nat.) espece de faisan de la nouvelle Espagne. Il est d’un brun-clair par le corps, ses aîles & sa queue sont noires ; il porte une crète qui forme une espece de couronne sur sa tête.

Réale, s. f. (Monnoie.) la réale vaut la huitieme partie d’une piastre de plata ou d’argent, c’est-à-dire environ douze sols huit deniers monnoie de France, en comptant la piastre sur le pié de cinq livres.

RÉALGAR, s. m. (Hist. nat.) c’est le nom qu’on donne à une mine d’arsenic, qui est d’un rouge ou d’un jaune plus ou moins vif. Il y en a d’un jaune-orangé ; il y en a d’opaque, de demi-transparent ; il est quelquefois rouge comme du cinnabre ; enfin il y en a qui est transparent comme un rubis. Le plus ou le moins de rougeur de cette substance, vient du plus ou du moins de soufre qui est combiné avec l’arsenic ; c’est un poison très-vif. Ce minéral se trouve en Transilvanie & en Turquie ; on en rencontre aussi en Suede, dans la Dalie orientale. Voyez la Minéralogie de Wallerius.

RÉALISER, v. neut. (Jurisp.) dans cette matiere signifie quelquefois effectuer une chose ; quelquefois c’est faire emploi d’une somme de deniers, ou la stipuler propre.

Réaliser des offres, c’est accompagner les offres labiales d’une somme de deniers, ou de quelque autre chose mobiliaire, de l’exhibition & présentation de cette somme ou autre chose, à l’effet que celui à qui les offres sont faites, puisse recevoir ce qui lui est offert.

On réalise des offres à l’audience en faisant porter les deniers à l’audience, & y réitérant les offres avec exhibition de ces deniers

La réalisation des deniers dotaux, est lorsqu’on fait emploi des deniers pour sureté de la dot.

Réaliser un contrat ou une rente, c’est lorsqu’on en reconnoît le titre devant le seigneur dont l’héritage est tenu, ou devant les officiers de sa justice, afin d’acquérir droit réel & hypotheque, & pour être nanti. Voyez les coutumes d’Amiens, Pérone, Cambrai, & le style de Liége. Voyez Dot, Offres réelles, Propres fictifs, Nantissement, Saisine. (A)

RÉALISTE, s. m. (Philosoph.) nom qu’on a donné aux philosophes opposés à Ochan, & ses sectateurs. Ils croient que les universaux sont des réalités qui existent, de fait, hors de la pensée & de l’imagination. Les Nominaux sont opposés aux Réalistes. Il y a bien plus de Réalistes qu’on n’imagine.

RÉALITÉ, s. f. (Gram.) se prend souvent par opposition à l’apparence. On dit, par exemple, d’un homme vraiement pieux & d’un hypocrite, que l’un a la réalité, ou la chose même ; & que l’autre n’en a que les apparences. Par opposition à spectre, fantome, image ; ici, c’est la chose, c’est la réalité ; là, ce n’est que l’ombre.

RÉALMONT, (Géog. mod.) petite ville de France, dans le haut-Languedoc, au diocèse & à 2 lieues d’Albi, sur la riviere de Dadou. Elle est le chef-lieu d’une prevôté.

RÉALVILLE, (Géog. mod.) petite ville de France, dans le Querci, au diocèse & à 2 lieues de Montauban, vers le nord, sur l’Avéiron. (D. J.)

RÉAME, (Géog. mod.) ville de l’Arabie heureuse, au royaume d’Hadramut, environ à une lieue d’Alcharana. L’air en est très-pur, & son territoire fertile nourrit des moutons si gras qu’à peine peuvent-ils marcher.

RÉAPPOSER, v. act. (Gram.) apposer de rechef. Voyez Apposer.

RÉAPPRÉCIATION, s. f. (Comm.) seconde appréciation d’une chose, d’une marchandise ; ce terme est sur-tout en usage dans le tarif de la douane de Lyon de 1632, dans lequel tous les droits sont distingués en ancienne taxation & en nouvelle réappréciation, c’est-à-dire en droits d’ancienne & nouvelle imposition. Dictionn. de Comm. de Trév. & de Chambers.

REARPENTER, v. act. arpenter de rechef. Voyez l’article Arpenter.

REASSIGNATION, s. f. (Jurisprud.) est la même chose que réajournement. Voyez ci-devant Réajournement. (A)

REATE ou REATÆ, (Géog. anc.) ville d’Italie dans l’Umbrie, chez les Sabins, au voisinage d’Interocrea, selon Strabon, l. V. p. 228. Denis d’Halicarnasse dit que ses habitans étoient Aborigènes, & Silius Italicus, l. VIII. v. 417. nous apprend que la ville étoit dédiée à Cybèle.

.... Hunc foruli, magnæque Reate dicatum
Cœlicolûm matri.

Réate étoit une préfecture, comme nous le voyons dans la troisieme catilinaire de Ciceron, c. ij. & Suétone, c. j. nous fait entendre que c’étoit un municipe, car il donne au grand pere de Vespasien, le titre de municeps reatinus. Tite-Live fait mention de divers prodiges arrivés à Réate ; il dit entr’autres, l. XXV. c. vij. & l. XXVI. c. xxiij. qu’on publioit y avoir vû voler une grosse pierre, & qu’une mule contre la stérilité ordinaire de ces sortes d’animaux, y avoit produit un mulet. Cette ville retient quelque chose de son ancien nom ; car on la nomme aujourd’hui Rieti. Voyez ce mot. (D. J.)

REATIUM, (Géog. anc.) ville d’Italie, selon Etienne le géographe ; on croit que c’est aujourd’hui Messurga.

REATU, (Jurisprud.) être in reatu, terme usité dans la pratique criminelle, lequel vient du latin reatus, qui signifie l’état de celui qui est coupable de quelque crime ; on comprend dans cette classe tout accusé qui est dans les liens d’un decret de prise de corps ou d’ajournement personnel, parce qu’on le repute coupable jusqu’à ce qu’il se soit justifié, scelus est accusari.

Les suites de cet état sont ; 1°. que celui qui est in reatu ne peut faire aucune disposition de ses biens en fraude des réparations civiles qui peuvent être adjugées contre lui par l’événement, ni de la confiscation s’il y a lieu.

2°. Il demeure interdit de plein droit de toutes fonctions publiques, & de tous honneurs ; & si c’est un ecclésiastique, il ne peut pareillement faire aucune fonction de son état.

Du reste, celui qui est in reatu conserve tous ses autres droits, & n’est pas censé mort civilement, quand même par l’événement, il seroit condamné à mort ; car le jugement qui emporte mort civile n’a point d’effet rétroactif, si ce n’est pour l’hypotheque des réparations civiles qui remonte au jour du délit. Voyez Accusé, Crime, Decret, Délit, réparation civile. (A)

REAUX & NOMINAUX, (Dialectiq.) les réaux & les nominaux, sont deux sectes de dialecticiens scholastiques, qui causerent un schisme parmi les Philosophes du onzieme siecle, & troublerent toutes les écoles par leurs vaines subtilités.

Les Réaux soutenoient que l’objet de la dialectique sont les choses, & non pas les paroles ; les Nominaux philosophoient sur les mots & les notions des termes, c’est-à-dire que raisonnant sur l’universel, ces nouveaux dialecticiens l’établissoient dans les