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fertile de ces sortes de fievres, peu de personnes en sont exemptes ; elles viennent dès qu’elles sont attaquées, chercher du secours dans les villes voisines ; elles repartent guéries ; mais la même cause est bientôt dans ces sujets disposés suivie des mêmes effets ; ce n’est que dans la suite qu’on peut trouver un remede assuré ; de toutes les maladies les fievres intermittentes sont celles qui récidivent le plus facilement : longtems après qu’elles sont dissipées, il reste une disposition que je crois dans les nerfs, qui est telle que si le jour où l’accès devroit revenir, les malades font quelque excès, ils rattrapent aussitôt la fievre. Vanswieten en rapporte un exemple remarquable ; un homme ayant été par l’effet du printems délivré d’une fievre quarte opiniâtre, marqua dans un almanach avec une étoile, tous les jours où ses accès reviendroient, si la fievre continuoit, afin d’éviter avec plus de circonspection, ces jours-là, tout excès, suivant le conseil d’un médecin instruit : fidele à ces préceptes pendant plusieurs mois, sa santé fut inaltérée ; mais après ce tems faisant avec ses amis une partie de pêche, on le jetta en badinant dans l’eau, dèslors il commença à frissonner, à claquer des dents ; en un mot il eut le premier accès d’une fievre quarte, dont il fut long-tems tourmenté ; & en consultant son almanach, il s’apperçut que c’étoit précisément un des jours fiévreux qu’il avoit noté. L’hiver & l’automne sont de même que dans bien d’autres maladies, les tems les plus favorables aux rechutes. Les fievres ardentes sont, suivant l’observation d’Hippocrate, souvent suivies de rechutes. Coac. prænot. cap. iij. n°. 31.

Le même auteur remarque que ce qui reste après la crise, occasionne ordinairement des rechutes, aphor. 13. lib. II. que les malades retombent facilement lorsque les crises n’ont pas été complettes, qu’elles n’ont pas eu lieu les jours impairs ou critiques, aphor. 36 & 61. lib. IV. Coac. prænot. cap. ij. n°. 5. & cap. iij. n°. 42. Les maladies qu’on arrête sans en emporter la cause, sont très-sujettes à récidiver ; telles sont les fievres avec redoublement, plusieurs maladies périodiques, & les fievres intermittentes humorales qu’on traite par le quinquina ; on doit s’attendre à une rechute dans les maladies qu’on voit se terminer sans crise, ou avec des évacuations peu proportionnées. On doit toujours craindre le bien qui arrive sans une cause suffisante ; lorsque la crise ne se fait pas aux jours convenables, lorsque, comme l’a observé Hippocrate, les urines sont troubles, & que les sueurs sont en même tems copieuses, ou que les urines sont irrégulierement épaisses. Coac. prænot. cap. xxvij. n°. 23. & 39.

Les rechutes sont toujours plus dangereuses que la maladie, à cause de la foiblesse où les accidens & les remedes précédens ont jetté le malade. Si les rechutes sont fréquentes, dit Hippocrate, la phthisie est à craindre. Coac. prænot. cap. iij. n°. 40. Les rechutes, dit-il ailleurs, à la fin desquelles le sang coule du nez, entraînent à la suite des vomissemens de matieres noirâtres, & souvent dégénerent en tremblement, ibid. n°. 17. Dans le traitement des rechutes, il faut suivre la même méthode qui convient dans la maladie premiere ; je ne dis pas celle qu’on a déja employée, parce qu’il est vraissemblable que dès que le malade est retombé, la méthode a été mauvaise ; il faut seulement faire attention, & avoir égard à l’état de foiblesse où doit se trouver le malade. (b)

Rechute, (Fortification.) c’est une élévation de rempart plus haute dans les endroits où il se trouve commandé.

RÉCIDIVE, s. f. (Jurisprud.) est la rechute dans une même faute. La récidive est punie plus rigoureusement que le délit qui est commis pour la premiere fois.

Dans les jugemens qui se rendent en matiere d’in-

jures, rixes & autres excès, on fait défenses aux parties

de récidiver, sous plus grande peine, ou sous telle peine qu’il appartiendra. (A)

RECIF, s. m. (Commerce de mer.) on nomme ainsi à Amsterdam un récépissé que le pilote d’un vaisseau marchand donne aux cargadors, des marchandises qu’il reçoit à bord, & qui doivent faire la cargaison de son navire. Ce récif porte une déclaration de la quantité des balles, tonneaux, ou pieces qui lui ont été remises, & des marques qu’elles ont ; c’est sur cette déclaration que le marchand dresse son connoissement. Dict. de Commerce.

RECINER, le (Lang. franç.) ce vieux mot qu’on trouve dans Rabelais, dans Montagne, & autres, signifie le gouter, la collation qu’on fait après diner. Reciner, dit M. Duchat, vient de recænare, qui selon Festus, signifioit anciennement dîner. J’ai vû dans mon enfance, dit Montagne, les déjeûners, les reciners, les collations plus fréquentes qu’à présent ; seroit-ce qu’en quelque chose nous allassions vers l’amendement ? Vraîment non ; mais c’est que nous sommes devenus plus foibles, plus coints (beaux galans ajustés), plus damerets, &c. (D. J.)

RECINIUM, (Antiq. rom.) le recinium étoit une fête qu’on célebroit tous les ans à Rome le 24 de Février, en mémoire de ce que Tarquin le superbe fut chassé de la ville, & la monarchie détruite. Cette fête se renouvelloit encore le 26 de Mai, jour où le roi des sacrifices nommoit son successeur dans la place des comices ; & le sacrifice achevé, il s’enfuyoit promptement, pour marquer la fuite précipitée du roi Tarquin. (D. J.)

RECINUM ou RECINUS, (Littérature.) c’étoit selon quelques-uns une coeffe que les dames romaines portoient sur leur tête, & selon d’autres, une espece de toge qu’elles portoient attachée par-devant avec un clou quarré de couleur pourpre.

RÈCIPÉ, s. m. (terme de Médecine.) est une ordonnance ou formule, qui prescrit le remede que doit prendre un malade. Voyez Ordonnance.

On appelle ainsi cette formule, parce qu’elle commence par le mot recipe, prenez, que les médecins abregent ordinairement par une R tranchée de cette maniere .

RÉCIPIANGLE, s. m. instrument de Mathématique, qui sert à prendre des angles, & qui est principalement d’usage pour lever des plans.

Le récipiangle est fait ordinairement en forme d’équerre ou de beuveau, & composé de deux branches qui se meuvent autour d’un clou qui les assemble.

Lorsqu’on veut mesurer un angle avec cet instrument, on applique le centre d’un rapporteur à l’endroit où les deux branches du récipiangle se joignent, & l’on observe la quantité de degrés compris entre deux : ou bien on transporte l’angle sur le papier, & on les mesure avec un rapporteur. Voyez Rapporteur.

On ajoute quelquefois un cercle gradué au centre de l’équerre, avec un stile qui montre la quantité de degrés, sans qu’on soit obligé d’avoir recours au rapporteur.

Lorsqu’on veut mesurer un angle avec le récipiangle, on applique le dedans ou le dehors de l’instrument sur les lignes qui le forment, suivant que l’angle est ou saillant ou rentrant. Chambers. (E)

RÉCIPIENDAIRE, s. m. (Jurisprud.) est celui qui se présente pour être admis dans quelque état ou office.

Pour connoître si le récipiendaire a les qualités requises, & s’il n’y a point de causes de l’exclure, on fait une information de ses vie & mœurs.

Le récipiendaire subit ordinairement ensuite un