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examen dans lequel on l’interroge sur ce qu’il doit savoir pour bien remplir son état.

Quand il est trouvé capable, on ordonne qu’il sera reçu, on lui fait prêter serment, & on l’instale.

Au reste les démarches nécessaires pour parvenir à la réception, sont différentes selon l’état & office, & selon le tribunal où on est reçu. Voyez le dict. de droit de M. de Ferriere au mot Récipiendaire.

RÉCIPIENT, (Vaisseau chimique.) ce mot n’a pas besoin d’être défini.

Les vaisseaux destinés à recevoir certains produits des opérations chimiques, ne portent le nom de récipient que dans les appareils de distillation. L’usage a restreint ce nom à cet emploi particulier. Ainsi le poudrier, la cucurbite, &c. qu’on emploie dans les filtrations à recevoir la liqueur filtrée, la casse d’un fourneau de fusion ou de raffinage qui reçoit les matieres fondues, &c. encore moins la partie d’un tamis qui reçoit les poudres tamisées ; tout cela, dis-je, n’est point appellé récipient.

Toutes les différentes especes de récipiens, soit simples, soit composés, font énoncées au mot Distillation, & figurés dans les Planches de Chimie. Voyez cet article & ces Planches. (b)

Récipient de la machine pneumatique est un vase de verre, ou d’une autre matiere, qu’on applique sur la platine de la machine pneumatique, & duquel on chasse l’air par le moyen d’une pompe. Voyez Machine pneumatique.

Les choses que l’on met sous le récipient de la machine pneumatique, sont censées être dans le vuide, lorsque l’air est pompé. Voyez Vuide & Machine pneumatique.

Othon de Guericke cherchant à faire le vuide, l’essaya d’abord dans des vaisseaux de bois qui lui réussirent mal à cause de leur grande porosité ; il le tenta plus heureusement dans des globes de cuivre ; enfin il le fit voir dans un ballon de verre qu’on nomme communément récipient dans les laboratoires de Chimie ; & voilà sans doute ce qui a donné lieu de nommer ainsi ces especes de cloches de crystal ou de verre qu’on met sur la machine pneumatique.

Les premiers récipiens étoient des especes d’entonnoirs de verre qui s’ajustoient à la pompe par leur col ; leur ouverture supérieure suffisamment large pour recevoir toutes sortes de corps, dispensoit de les détacher de la pompe toutes les fois qu’on vouloit faire une nouvelle expérience. On arrangeoit à son aise dans la capacité du vaisseau tout ce qu’on vouloit éprouver dans le vuide, & on le couvroit d’un chapiteau qui fermoit exactement, & au-travers duquel on pouvoit communiquer des mouvemens sans laisser rentrer d’air.

Il y a long-tems que le récipient a quitté la forme d’entonnoir pour prendre celle d’une cloche arrondie par le haut dont les bords posent sur une large platine de cuivre garnie d’un cuir mouillé : ce cuir procure une jonction très-exacte du récipient à la platine, & le poids de l’athmosphere, au premier coup de piston, supplée amplement à toutes sortes de luts & de cimens. (O)

RÉCIPROCATION ou Pendule, voyez Pendule.

RÉCIPROQUE, Réfléchi, adj. synonymes dans le langage grammatical, le pronom françois se & soi, en latin sui, sibi & se, en grec οὗ, οἷ, ἕ, est celui que quelques grammairiens nomment réciproque, que d’autres appellent réfléchi, & que d’autres enfin désignent indifféremment par l’une ou par l’autre de ces deux dénominations. Toutes les deux marquent la relation d’une troisieme personne à une troisieme personne, & quand on ne veut rien dire autre chose, on peut regarder ces deux adjectifs comme synonymes ; ainsi on peut les employer peut-être assez in-

différemment, quand on envisage le pronom dont il

s’agit en lui-même, comme une partie d’oraison particuliere & détachée de toute phrase.

Mais si on regarde ce pronom dans quelque emploi actuel, on doit, selon la remarque de M. l’abbé Fromant (supp. au ch. viij. de la II. part. de la gramm. gén.), dire qu’il est réciproque, lorsqu’il s’emploie avec les verbes qui signifient l’action de deux ou de plusieurs sujets qui agissent respectivement les uns sur les autres de la même maniere, comme dans cette phrase, Pierre & Paul s’aiment l’un l’autre, Pierre est un sujet qui aime, l’objet de son amour est Paul ; Paul est en même tems un sujet qui aime, & Pierre est à son tour l’objet de cet amour de Paul ; ce que l’un des deux sujets fait à l’égard du second, le second le fait à l’égard du premier ; ni l’un ni l’autre n’est l’objet de sa propre action ; l’action d’aimer est réciproque.

Dans les phrases au contraire où le sujet qui agit, agit sur lui-même, comme Pierre s’aime, le pronom se que l’on joint au verbe, doit être appellé réfléchi, parce que le sujet qui agit, est alors l’objet de sa propre action ; l’action retourne en quelque maniere vers sa source, comme une balle qui tombe perpendiculairement sur un plan, remonte vers le lieu de son départ ; sa direction est rompue, flectitur, & elle repasse sur la même ligne, reflectitur, c’est-à-dire, retrò flectitur.

Je remarquerai ici une erreur singuliere où est tombé M. l’abbé Regnier, & que M. Restaut a adoptée dans ses principes raisonnés : c’est que l’on ou on, & quelquefois soi, est un nominatif, que de soi en est le génitif, se & à soi le datif, se & soi l’accusatif, & de soi l’ablatif. On prouve cette doctrine par des exemples : au nominatif, on y est soi-même trompé ; au génitif, on agit pour l’amour de soi ; au datif, on dispose de ce qui est à soi, on se donne des libertés ; à l’accusatif, on se trompe, on n’aime que soi ; à l’ablatif, on parle de soi avec complaisance.

J’ai dit ailleurs quels sont les véritables cas de ce pronom & des autres ; & ils different entr’eux, comme dans toutes les langues à cas, & comme l’exige leur dénomination commune de cas par des terminaisons différentes, par des chûtes variées, casibus. Voyez Pronom. Je ne veux donc pas insister ici sur la singularité de l’opinion cent fois détruite dans cet ouvrage, que les prépositions & les articles forment nos cas ; mais je remarquerai que les exemples allégués ne prouvent que soi, de soi, se, à soi, & de soi sont les cas de on, qu’autant qu’ils ont rapport à on. Il faudroit donc dire que soi est un autre nominatif du nom ministre dans cette phrase, le ministre crut qu’il y seroit soi-même trompé ; que de soi est le génitif de chacun dans celle-ci, chacun agit pour l’amour de soi ; que à soi est le datif de Dieu dans cette autre, Dieu rapporte tout à soi ; que soi est l’accusatif de l’homme, quand on dit, l’homme n’aime que soi ; & qu’enfin de soi est l’ablatif du nom philosophe, quand on dit, le philosophe parle rarement de soi. Comment a-t-on pu admettre le principe dont il s’agit, sans en voir les conséquences, ou voir les conséquences sans rejetter le principe ? Est-ce-là ce qu’on appelle raisonner ?

Remarquez qu’il auroit pu arriver qu’il y eût aussi des pronoms réciproques ou réfléchis des deux premieres personnes, puisque les sujets de l’une & de l’autre peuvent être envisagés sous les mêmes aspects que ceux de la troisieme ; par exemple, je me flatte, tu te vantes, nous nous promenons, &c. Mais l’usage n’introduit guere de choses superflues dans les langues ; & les pronoms réfléchis des deux premieres personnes ne pouvoient servir à rien : il n’y a que le sujet qui parle, ou qui est censé parler, qui soit de la premiere personne ; il n’y a que le sujet