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a étendu cet usage aux autres coutumes qui n’en parlent pas.

Le remploi des propres aliénés se prend sur la communauté ; & si les biens de la communauté ne suffisent pas pour le remploi des propres de la femme, le surplus se prend sur les propres du mari ; mais le remploi des propres du mari ne se prend jamais sur celui de la femme.

Lorsqu’il a été aliéné un propre de l’un des conjoints, qu’il a été acquis un autre bien, avec déclaration que c’est pour tenir lieu de remploi du propre aliéné, le conjoint, dont le propre a été ainsi remplacé, ne peut pas demander d’autre remploi.

Quoique le remploi ait souvent pour objet le remplacement d’un immeuble qui a été aliéné, & que l’action de remploi soit elle-même ordinairement stipulée propre, comme l’étoit le bien même dont elle tend à répéter la valeur, cette qualité de propre imprimée à l’action de remploi, n’est relative qu’à la communauté, & cela n’empêche pas que dans la succession du conjoint auquel le remploi est dû, l’action ne soit réputée mobiliaire, & n’appartienne à son héritier mobilier. Voyez les commentateurs sur l’art. 232. de la coutume de Paris ; le Brun, de la communauté ; Renusson, sur la communauté & les propres du remploi, & les mots Emploi, Propre. (A)

REMPLOYER, v. act. c’est employer de rechef. On avoit révoqué ce commis, ensuite on l’a remployé.

REMPLUMER, v. act. c’est regarnir de plume. Remplumer un lit, un oreiller ; un oiseau se remplume. Un joueur qui a perdu dans les premiers tours d’un breland, se remplume quelquefois dans les derniers.

Remplumer, v. act. reprendre ses plumes. Il se dit des oiseaux. On dit aussi remplumer un clavecin. voyez Clavecin.

REMPOISSONNER, v. act. (terme de Pêcheur.) c’est repeupler de poisson un étang & une riviere. Ceux qui achetent la pêche des eaux dormantes, sont ordinairement obligés de les rempoissonner, c’est-à-dire d’y remettre du peuple. Trévoux. (D. J.)

REMPORTER, v. act. (Gramm.) emporter de rechef. Remportez votre marchandise, elle est trop chere pour moi.

Il signifie aussi gagner, obtenir. Nous avons remporté sur l’ennemi des avantages qui ont montré que nos premieres défaites étoient arrivées par le défaut des généraux, & non par le manque du courage des soldats.

Il a remporté le prix de poésie proposé par l’académie Françoise ; cependant son poeme est médiocre.

Il n’a remporté aucun fruit de son travail, de ses voyages, de ses études, de ses connoissances, de son assiduité dans les antichambres.

REMPRISONNER, v. act. (Gramm.) remettre en prison. Voyez Prison & {Emprisonnement.

REMPRUNTER, emprunter de nouveau. Voyez Emprunter.

REMS, le, (Géog. mod.) riviere d’Allemagne, dans la Suabe, au duché de Wirtemberg. Son cours est du levant au couchant, & va se joindre au Necker, au nord de Stutgard. (D. J.)

REMUAGE, s. m. (Gramm.) c’est l’action de remuer.

Les matelots ne peuvent se faire payer du remuage & de l’évent des grains qui sont dans le vaisseau.

Le billet de remuage est celui que les marchands de vin & autres particuliers sont obligés de prendre au bureau des aides, pour faire transporter du vin d’une cave dans une autre.

REMUEMENT, REMUER, (Jardinage.) se dit des terres qu’il faut fouiller & transporter pour faire des terrasses, & dresser des jardins.

REMUER, v. act. (Gramm.) c’est ou mouvoir un corps sans le changer de place, ou le transporter d’un lieu dans un autre. Tu es mort, si tu remues. Il faut remuer souvent les grains. Il faut que l’argent se remue. On dit remuer une mauvaise affaire. Il remuera ciel & terre pour réussir. Il ne fera rien pour vous obliger, il remuera tout pour vous perdre. Il n’y a presque point de questions qu’Aristote n’ait remuées. Ce peuple est remuant. Pourquoi remuer les cendres des morts ?

Remuer un compte, (terme de Teneur de livres.) c’est le porter ou renvoyer d’un folio à un autre folio d’un livre nouveau, lorsqu’il ne reste plus de place dans l’ancien pour le continuer, & cela après qu’on en a fait la balance au pié des pages qui sont remplies. Ricard. (D. J.)

REMUEUR, s. m. (Comm. de blés.) c’est le nom qu’on donne dans les provinces de France à des gens qui n’ont d’autre métier que de remuer dans les greniers publics ou particuliers le blé des marchands & des bourgeois, pour empêcher qu’il ne se gâte. (D. J.)

REMUEUSE, s. f. (Econ. domestiq.) aide qu’on donne à une nourrice. C’est elle qui rechange l’enfant, qui le berce, qui l’endort, en un mot qui lui rend tous les soins, excepté celui de l’allaiter. On dit remuer un enfant pour le changer de langes.

REMUGLE, s. m. (Gramm.) odeur désagréable qu’exhale un corps qui a été enfermé dans un endroit humide.

REMUNÉRATEUR, adj. & subst. (Gramm. & Théolog.) qui récompense & punit avec justice. Parmi les déistes il y en a qui nient un Dieu rémunérateur.

REMUNÉRATOIRE, (Jurisprud.) se dit de ce qui est donné pour récompense de services, comme une donation ou un legs rémunératoire. Ces sortes de dispositions ne sont pas considérées comme de vraies libéralités lorsque les services étoient tels que celui qui les avoit rendus, pouvoit en exiger le salaire. Voyez au code liv. V. tit. 3. la loi 20. & Donation. (A)

RÉMURIES, s. f. (Antiquit. rom.) remuria ; fête instituée en l’honneur de Rémus par Romalus son frere, à dessein d’appaiser ses manes. Servius dit que ce fut par ordre de l’oracle qu’en avoit consulté sur les moyens de faire cesser la peste qui survint après la mort de Rémus, que Romulus pour y satisfaire, lui fit bâtir un tombeau magnifique sur le mont Aventin, & qu’il établit en son honneur des sacrifices annuels qu’on appella de son nom remuria. Il ajoute que lorsqu’il rendoit la justice au peuple, il faisoit mettre à côté de son tribunal un siege semblable au sien, sur lequel étoient posés les ornemens de la dignité royale, comme si Rémus eût été vivant, & qu’il eût régné avec lui, & que c’est sur cela que Virgile a dit Remo cum fratre Quirinus jura dabat.

Ovide explique la chose d’une maniere plus poétique. Il fait paroître à Faustulus & à Acca Laurentia sa femme, fort affligés l’un & l’autre de la perte de Rémus, son ombre sanglante qui les conjure d’engager son frere à honorer sa mémoire par une fête solemnelle. Il ne manque pas pour sauver l’honneur du fondateur de Rome, accusé d’un fratricide, d’en rejetter le crime sur le tribun Céler ; cependant les prieres & les conjurations qui se faisoient pendant cette cérémonie nocturne, & qui avoient beaucoup de rapport avec celles que l’antiquité superstitieuse employoit pour fléchir les manes irrités contre leurs meurtriers, pourroient faire douter de la pureté & du calme de la conscience de Romulus. Quoi qu’il en soit, il paroît que cette fête devint ensuite générale pour tous les morts ; ce qui lui fit donner le nom de lemuriæ, lémuries. Voyez Lémuries.

On nommoit aussi remuria chez les Romains, le