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avoient une couleur brune bleuâtre ; l’ouverture de la bouche étoit longue de cinq pouces ; les dents différoient entr’elles par la forme & par la dureté ; le côté droit de la mâchoire supérieure jusqu’à l’endroit où sont les canines des animaux quadrupedes, avoit un rang de dents pointues, dures & fermes, étant toutes d’un seul os en forme de scie. Les autres dents qui se trouvoient de l’autre côté de cette mâchoire, & toutes celles de la mâchoire inférieure étoient mobiles, triangulaires, un peu pointues, & d’une substance beaucoup moins dure que celle des autres dents ; de sorte qu’il y en avoit qui ne paroissoient être qu’une membrane durcie. La langue étoit entierement adhérente à la mâchoire inférieure, & composée de plusieurs os fermement unis les uns aux autres, & recouverts d’une chair fibreuse. La peau de la langue étoit garnie de petites pointes brillantes qui la rendoient fort âpre & fort rude. Mem. de l’acad. royale des Sciences par M. Perrault, tom. III. part. I. Voyez Poisson.

Renard du Pérou, (Hist. nat. d’Amérique.) cet animal que les naturels appellent chinche, est de la grosseur d’un de nos chats, & a les deux mâchoires formant une gueule fendue jusqu’aux petits angles des yeux ; ses pattes sont divisées en cinq doigts munis à leur extrémité de cinq ongles noirs, longs & pointus, qui lui servent à creuser son terrier. Son dos est voûté, semblable à celui d’un cochon, & le dessous du ventre est tout plat ; sa queue est aussi longue que son corps ; il fait sa demeure dans la terre, comme nos lapins, mais son terrier n’est pas si profond. (D. J.)

Renard, s. m. (Archit.) ce terme a plusieurs significations. Les Maçons appellent ainsi les petits moilons qui pendent au bout de deux lignes attachées à deux lattes, & bandées, pour relever un mur de pareille épaisseur, dans toute sa longueur. Ils donnent aussi ce nom à un mur orbe, décoré pour la symmétrie, d’une architecture pareille à celle d’un bâtiment qui lui est opposé.

Les Fontainiers appellent encore renard un petit pertuis ou fente, par où l’eau d’un bassin, ou d’un réservoir, se perd, parce qu’ils ont de la peine à la découvrir pour la réparer.

Enfin renard est un mot de signal entre des hommes qui battent ensemble des pieux, ou des pilots à la sonnette, de sorte qu’un d’entr’eux criant au renard, ils s’arrêtent tous en même tems ; ou pour se reposer après un certain nombre de coups, ou pour cesser tout-à-fait au refus du mouton. Il crie aussi au lard, pour les faire recommencer. Dict. d’Archit. (D. J.)

Renard, (Marine.) espece de croc de fer avec lequel on prend les pieces de bois qui servent à la construction des vaisseaux, pour les transporter d’un lieu à un autre.

Renard, (Marine.) petite palette sur laquelle on a figuré les 32 airs ou rumbs de vent. A l’extrémité de chaque rumb il y a six petits trous qui sont en ligne droite. Les six trous représentent les six horloges, ou les six demi-heures du quart du timonnier, qui pendant son quart, marque avec une cheville sur chaque air de vent, combien il a été couru de demi-heures ou d’horloges. De maniere que si le sillage du vaisseau a été sur le nord pendant quatre horloges, le timonnier met la cheville au quatrieme trou du nord ; & cela sert à assurer l’estime & le pointage. On attache le renard à l’artimon proche l’habitacle.

On voit bien que ceci est une espece de journal méchanique, par lequel on tient compte du sillage du vaisseau & de sa direction, bien inférieur à un journal véritable. Voyez Journal. Aussi je ne connois que M. Aubin qui ait parlé de cette espece d’ins-

trument ; & on n’en trouve la description dans aucun

traité du pilotage.

RENCAISSER, v. act. (Jardinage.) est consacré aux arbres de fleurs, tels que les orangers, les mirthes, les grenadiers & autres, qu’on est indispensablement obligé de renfermer dans des caisses de bois, afin qu’étant pénétrés de tous côtés de l’ardeur du soleil, ils acquierent un degré de chaleur approchant de celui dont ces arbres jouissoient naturellement dans les pays chauds d’où ils viennent.

Quand la caisse ne vaut plus rien, ou qu’elle est trop petite pour contenir les racines d’un oranger, il faut la changer. Si les terres ne sont usées qu’à demi, on ne fait que donner à l’arbre un demi-rencaissement, c’est-à-dire, qu’on tire avec la houlette, sans toucher aux racines, les terres usées, & qu’on en remet sur le champ de nouvelles, que l’on a bien soin de plomber.

Quand les terres sont entierement usées, on rencaisse un arbre de cette maniere : on l’arrose avant de le sortir de sa caisse, pour affermir la motte ; on met un lit de platras au fond de la caisse, afin de donner passage à l’eau superflue des arrosemens ; ensuite on remplit la caisse à-demi de terre préparée qu’on fait plomber, on jette un peu de terre meuble par-dessus, pour y placer la motte de l’oranger qu’on tire de la vieille caisse ; la moitié de cette motte sera retranchée tout-autour & en-dessous, & on coupera les racines & les chicots qui s’y rencontrent ; c’est ce qu’on appelle égravillonner. Vous plantez cette motte au milieu de la caisse, & vous élevez l’arbre de trois pouces au-dessus des bords de la caisse, parce que les arrosemens & les terres qui se plomberont dans la suite, ne le feront que trop descendre à niveau de la caisse.

On doit mettre un arbre nouvellement encaissé 25 jours à l’ombre, & ensuite l’exposer au grand soleil avec les autres.

Le rencaissement se fait ordinairement au sortir de la serre, avant la grande pousse, & jamais à la fin de l’automne, à cause de la proximité de l’hiver, à moins qu’il n’y ait une nécessité indispensable.

RENCHAINER, v. act. (Gram.) enchaîner de nouveau. On renchaîne les chiens de basse-cour le matin. Voyez Chaine & Enchainer.

RENCHEN, (Géog. mod.) riviere d’Allemagne. Elle a sa source dans l’Ortnaw, & vient se jetter dans le Rhein, à quelques lieues au-dessus de Strasbourg. (D. J.)

RENCHERIR, v. n. (Comm.) devenir plus cher, augmenter de prix. La guerre a fait renchérir le caffé & les autres épiceries que nous tirons du levant & des Indes.

Ce mot se dit encore activement des marchands qui demandent de leurs marchandises plus qu’ils n’ont coutume de les vendre. Vous avez renchéri votre drap, vos toiles, &c. Dictionn. de Comm. & de Trévoux.

RENCHIER, s. m. (terme de Blason.) ce mot se dit d’une espece de grand cerf qui est de plus haute taille & d’un bois plus long que les bois de cerf ordinaire, plus plat & plus large que celui d’un daim ; alors on dit en blasonnant, N. porte d’azur à trois renchiers d’or. (D. J.)

RENCLOUER, v. act. (Gram.) enclouer derechef. Voyez Enclouer.

RENCONTRE, s. f. (Gram.) approche fortuite de deux choses qui se réunissent. Les Epicuriens expliquerent la génération des choses par la rencontre des atomes. On appelle rencontre, dans l’art militaire, l’action de deux petits corps, voyez l’article suivant, & dans la société, l’arrivée de deux personnes dans un même lieu ; il y rencontra son ami, & cette rencontre lui fut très-douce. Aller à la rencontre ou audevant, c’est la même chose ; s’il y a quelque diffé-