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Cos. III. pour Adrien, & Cos. IV. pour Antonin Pie. Ces médailles s’expliquent aisément par le moyen d’un médaillon assez commun d’Antonin Pie, dont le revers représente Jupiter, Junon & Minerve. C’est à ces trois divinités que se rapporte le type des trois oiseaux, dont l’aigle étoit consacré à Jupiter, le paon à Junon, & le hibou à Minerve.

On trouve encore sur les médailles d’autres oiseaux & d’autres animaux, soit poissons, soit monstres fabuleux, & même certaines plantes extraordinaires, qui ne se rencontrent que dans des pays particuliers, comme on peut l’apprendre en détail de l’illustre Spanheim, dans sa troisieme dissertation de præstantiâ & usu numismatum.

Nous devons observer aussi que souvent l’empereur ou l’impératrice, dont la médaille porte la tête en grand volume, se voit encore placé sur le revers, ou debout ou assis, sous la figure d’une déité ou d’un génie, & sa figure est quelquefois gravée avec tant d’art & de délicatesse, que quoique le volume en soit très-petit & très-fin, on y reconnoît néanmoins parfaitement le même visage, qui est en relief de l’autre côté. Ainsi paroît Néron dans sa médaille Decursia. Ainsi l’on voit Adrien, M. Aurele, Sévere, Dece, &c. avec les attributs de certaines déités, sous la forme desquelles on aimoit à les représenter pour honorer leurs vertus civiles ou militaires.

Considérons à présent la maniere dont on peut ranger les différens revers des médailles, pour rendre les cabinets plus utiles ; cet arrangement se peut faire de deux façons ; l’une sans donner au revers d’autre liaison que d’appartenir à un même empereur ; l’autre en les liant par une suite historique, selon l’ordre des tems & des années, que nous marquent les consulats & les différentes puissances de tribun. Rien ne seroit plus instructif que cette liaison, cet ordre chronologique par les consulats & par les années différentes des puissances tribuniciennes ; rien de plus naturel & de plus commode en même tems, que de ranger les médailles suivant ce plan. C’est-là sans doute ce qui a déterminé Occo & Mezzabarba à le suivre. Mais malheureusement le plus grand nombre des médailles n’a aucune de ces marques chronologiques ; & il y en a assez peu dont les rapports a des événemens connus, puissent nous servir à fixer l’époque de l’année où elles ont été frappées. Aussi l’arrangement que les deux antiquaires dont je viens de parler ont donné aux médailles impériales, est-il souvent purement arbitraire. Outre cela, comme dans le bas empire on trouve très-rarement les consulats & les puissances tribunitiennes des empereurs, marqués sur leurs médailles ; qu’on n’y lit même jamais ces sortes d’époques après Constantin le jeune, il est absolument impraticable d’arranger chronologiquement une suite impériale complette.

Il y a un autre ordre plus savant qu’a suivi Oiselius : sans s’arrêter à ranger à part ce qui regarde chaque empereur, il n’a songé qu’à réunir chaque revers à certaines especes de curiosité, & par ce moyen on apprend avec méthode, tout ce qui se peut tirer de la science des médailles. Voici la maniere dont il a exécuté son plan, qu’il a peut-être emprunté de Golztius, & qui paroît venir originairement des dialogues du savant archevêque de Tarragone, Antonio Augustino.

D’abord il s’est contenté de placer une suite de têtes impériales, la plus complette qu’il a pû ; ensuite il a rassemblé tous les revers qui portoient quelque chose de géographique, c’est-à-dire qui marquoient ou des peuples, ou des provinces, ou des villes, ou des fleuves, ou des montagnes. De ces revers il en a fait huit planches ; soit qu’il ait voulu simplement fournir un modele aux curieux, soit qu’en effet il ne connût que les médailles dont il nous

donne la description, & sur lesquelles il dit tout ce qu’il sait.

Il a mis ensuite ce qui regarde les déités des deux sexes, y joignant les vertus, qui sont comme des divinités du second ordre. Telles sont la Constance, la Clémence, la Modération ; ce qui compose une suite assez nombreuse.

On trouve après cela en quatre planches tous les monumens de la paix, les jeux, les théatres, les cirques, les libéralités, les congiaires, les magistrats, les adoptions, les mariages, les arrivées dans les provinces ou dans les villes, &c.

Dans les planches suivantes on voit tout ce qui concerne la guerre, les légions, les armées. les victoires, les trophées, les allocutions, les camps, les armes, enseignes, &c.

Dans une seule planche est réuni tout ce qui appartient à la religion ; les temples, les autels, les sacerdoces, les sacrifices, les instrumens, les ornemens des augures & des pontifes. Il auroit pû fort bien y rapporter les apothéoses ou les consécrations qu’il a mises à part, & qui sont marquées par des aigles, par des paons, par des autels, par des temples, par des buchers, par des chars tirés à deux ou à quatre éléphans, ou à deux mules ou à quatre chevaux.

Enfin il rassemble tous les monumens publics & les édifices qui servent à immortaliser la mémoire des princes ; comme les arcs-de-triomphe, les colonnes, les statues équestres, les ports, les grands chemins, les ponts, les palais.

Mais le R. P. dom Anselme Banduri s’est déterminé à ne donner aux médailles de son grand recueil d’autre arrangement que l’ordre alphabétique des légendes des revers. Cependant-comme dans le haut empire, les consulats, les puissances tribunitiennes, & le renouvellement du titre d’imperator se rencontrent plus fréquemment ; les personnes qui ont des cabinets nombreux pourroient d’abord commencer par ranger suivant l’ordre des années, les médailles de chaque empereur, qui portent ces caracteres chronologiques, & y joindre même les autres médailles dont on peut déterminer la date par celle des événemens auxquels elles font allusion ; & quant aux médailles qui n’ont aucune marque par où l’on puisse surement juger du tems où elles ont été frappées, on les mettroit à la suite des autres, en suivant comme a fait le P. Banduri, l’ordre alphabétique des revers.

Les curieux peut opter entre la méthode d’Oisélius & celle du P. Banduri ; elles n’ont l’une & l’autre qu’un seul desagrément, c’est qu’il faut méler ensemble les têtes, les métaux & les grandeurs ; mais on ne peut pas réunir tous les avantages.

Les revers se trouvent donc souvent chargés des époques des tems ; ils le sont aussi des marques de l’autorité du sénat, du peuple & du prince, du nom des villes où les monnoies ont été frappées, des marques différentes des monétaires ; enfin de celles de la valeur de la monnoie.

Comme les époques marquées sur les médailles servent beaucoup à éclaircir l’histoire par la chronologie, nous en avons fait un article à part. Voyez Médailles, (époques marquées sur les).

Les marques de l’autorité publique sur les revers des médailles quand elles ne sont point en légende ou en inscription, sont ordinairement ou S. C. ou Δ. E. par abreviation ; d’autres fois on iit tout au long Populi jussu : Permissu D. Augusti : Indulgentiâ Augusti ; ou semblables mots.

Quant au nom des villes où les médailles ont été frappées, rien n’est plus ordinaire que de le trouver dans le haut & dans le bas empire, avec cette différence que dans le haut empire, il est souvent en légende ou en inscription ; & dans le bas empire, principalement depuis Constantin, il se trouve toujours