Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/285

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3°. Enfin si le point b (fig. 52. n°. 5.) arrive en D avant les points E, M, l’arc enfoncé pour lors peut être, ou plus grand que le demi cercle, EaM, ou égal au demi cercle, comme eam, ou plus petit comme Eaμ ; or dans chacun de ces trois cas, on voit aisément que le centre C est poussé suivant Cb, & comme CA est pour lors sa direction, l’action conjointe de ces deux forces lui fera parcourir Co, ce qui est évident ; le cercle commencera donc à rentrer dans le fluide d’où il étoit venu, & il ne faut qu’une légere attention pour voir que dans les instans suivans il continuera de remonter ; le point A montera donc vers D, le point B de a vers D suivant aAD, & les points E, M, ou e, m, ou ε, μ, descendront vers a. Or si l’arc enfoncé eam ou εaμ est égal ou moindre que le demi cercle, lorsque la direction est CA, les points e, m, ou ε, μ, rencontreront nécessairement le point B en quelqu’endroit de l’arc ma ou μa ; le cercle présentant alors une moitié entiere au fluide, on voit qu’il cessera de décrire une courbe avant son émersion totale, & sortira par une ligne QG qui fera avec la surface du fluide un angle aigu du côté de G. Voila le ricochet expliqué d’une maniere assez simple. Je suis le premier qui en aye donné cette explication précise dans mon traité des fluides, Paris 1744, auquel je renvoie le lecteur. (O)

Ricochet, Voyez Batterie a ricochet. Nous observerons seulement ici que la meilleure maniere de diriger le ricochet, est de pointer les pieces sous l’angle de 6, 7, 8, 9 & 10 degrés. C’est le moyen de multiplier les bonds du boulet, dont le nombre s’étend alors depuis 15 jusqu’à 20 ou 25. Sous ces différens angles, les boulets s’élevent peu, & ils s’étendent en pleine campagne jusqu’à la distance de 4 ou 5 cens toises, en terrein uni. (Q)

RICOCHON, s m. (terme de Monnoie) nom que les monnoyeurs donnent à leurs apprentifs, qui sont obligés de les servir un an & jour sans aucuns salaires. Boissart nous apprend que les ouvriers sont appellés recuiteurs, pendant la premiere année de leur apprentissage, & les monnoyeurs ricochons ; mais il dit qu’il ignore l’origine de ces deux mots, & qu’il n’a jamais pu l’apprendre des plus anciens monnoyeurs qu’il a consultés. (D. J.)

RICORDANE, s. f. (Lang. franç.) vieux mot employé dans le songe de Vergier, & qui paroît désigner quelque nom mémorial de lieu en France ; il y a, selon M. le Bœuf, plusieurs élévations de pierres & de terres, qui ne doivent leur existence qu’au travail des hommes. On trouve par exemple un de ces tertres dans un canton de Normandie, près sainte Barbe, en Auge, & qui est appellé la montagne de la Ricordande. Ce mot pourroit être dérivé de ricordando, se ressouvenir ; parce que ces sortes de tertres n’étoient élevés que comme des monumens destinés à rappeller la mémoire de ceux à qui ils servoient de sépulture. On en rencontre un autre au-delà de la Loire, un peu plus loin qu’Amboise. M. Spon a parlé d’une montagne artificielle qui sut détruite dans le dernier siecle, & qui étoit située sur la marche limosine. On trouva, dit-il, sous cette montagne, des pierres creuses à divers étages, couvertes d’autres pierres, & dans les creux de ces pierres en forme de sépulcres, des urnes de terre sigillée, & quelques petits chainons d’or qu’on croit être des anciens Gaulois. (D. J.)

RICOVRATI, s. m. pl. (Hist. lit.) recouvrés ; nom d’une académie de Padoue, en Italie.

RIDDER, s. f. (Monnoie.) c’étoit une espece de monnoye d’or, pesant deux deniers dix-huit grains, & qui avoit cours sous François I. Elle avoit d’un côté un homme armé qui tenoit une épée à la main, & qui étoit monté sur un cheval qui avoit l’air de galopper ; & de l’autre côté elle avoit un écusson, au

milieu duquel il y avoit des fleurs-de-lis, & de petits lions avec cette légende, Philippus Dei gratiâ, dux Burgundiæ ; & de l’autre côté elle avoit ces paroles, sit nomen Domini benedictum. (D. J.)

RIDE, s. f. (Physiolog.) espece de pli ou de sillon qui se forme sur le visage, sur la peau, & généralement sur presque tout le corps des hommes, dès qu’ils commencent à vieillir.

La peau s’étend, & croît à mesure que la graisse augmente ; ce gonflement produit le blanc par la tension de la peau, & le rouge par la plénitude des vaisseaux sanguins. Voilà les lits & les roses du bel âge ; tous les fards n’en sont qu’une vaine représentation. Dès que le gonflement diminue, la peau qui n’est plus remplie, se plisse, & les sillons commencent à se former ; ensuite, à mesure qu’on avance en âge, les cartilages, les membranes, la chair, la peau, & toutes les fibres du corps, deviennent plus solides, plus dures, & plus seches ; alors toutes les parties se retirent, se resserrent ; la circulation des fluides se fait avec moins de liberté, la transpiration diminue, les sucs nourriciers sont moins abondans, & ne pouvant être reçus dans la plûpart des fibres devenues trop solides, ils ne servent plus à leur nutrition ; delà vient que ces fibres se retirent, & se plissent. Voilà l’accroissement journalier des rides.

La peau peut toujours s’étendre, tant que le volume du corps augmente ; mais lorsqu’il vient à diminuer, elle n’a point le ressort qu’il faudroit pour se rétablir en entier dans son premier état. Ajoutez à cette raison, les autres causes dont nous venons de parler, & vous verrez sans peine qu’il doit rester alors nécessairement des rides & des plis qui ne s’effaceront jamais.

Les rides du visage dépendent en partie de toutes ces causes ; mais il se trouve encore dans leur production, une espece d’ordre relatif à la forme, aux traits & aux mouvemens habituels du visage ; c’est une remarque fort ingénieuse de M. de Buffon : si, dit-il, on examine bien le visage d’un homme de vingt-cinq à trente ans, on pourra déja y découvrir l’origine de toutes les rides qu’il aura dans sa vieillesse ; il ne faut pour cela que voir le visage dans un état de violente action, comme est celle du ris immoderé, des pleurs, ou seulement d’une forte grimace ; tous les plis qui se formeront dans ces différentes actions, seront un jour des rides ineffaçables ; elles suivent la disposition des muscles, & se gravent plus ou moins par l’habitude plus ou moins répétée des mouvemens qui en dépendent.

Non-seulement le tems produit des rides au-dehors, mais il en produit de semblables au-dedans ; il ride toutes les glandes conglobées, & parmi les conglomerées, le thymus, la glande surrénale, la glande thyroïde, les glandes mammaires, & tant d’autres qui deviennent très-petites, changent leur couleur rougeâtre en couleur brune & noirâtre, perdent leur suc gras, semblable à une espece de crême, se déssechent, & disparoissent enfin tellement avec l’âge, qu’on n’en voit plus que de légeres traces par l’ouverture des cadavres.

L’art le plus savant n’a point de remedes contre ce dépérissement du corps. Les ruines d’une maison peuvent se réparer, mais il n’en est pas de même de celles de notre machine. Les femmes, qui trop éprises de leurs charmes, se sentent finir d’avance par la perte de leurs agrémens, desireroient avec passion de reculer vers la jeunesse, & d’en emprunter les couleurs. Comment ne chercheroient-elles pas à tromper les autres, puisqu’elles font tous leurs efforts pour se tromper elles-mêmes, & pour se dérober la plus affligeante de toutes les idées, celle qu’elles vieillissent ? Combien y en a-t-il qui voudroient placer les rides de leur visage dans cette partie du corps où les