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lib. III. qui prouve que ce prognostic général souffre quelques exceptions. Pythyon dans qui il observa ce symptôme au septieme jour d’une fievre continue, fut très-bien guéri. Lorsqu’il se rencontre avec une extrème foiblesse, on peut assurer avec cet habile médecin, qu’il n’y a plus aucun espoir, Coacar. prænot. cap. j. n°. 74. ce qui lui est commun avec toutes les autres convulsions ; voyez Spasme, Spasmodique, Mouvement. Dans d’autres cas, comme Menjot l’a remarqué, il peut préparer & annoncer un mouvement critique, un transport subit des humeurs vers les parties inférieures, ou une hémorrhagie par le nez.

La seule espece de ris sardonique produite par la renoncule, mérite ici une attention particuliere pour le traitement ; les autres especes ou n’en sont pas susceptibles, ou n’exigent d’autres remedes que ceux qui sont appropriés aux maladies dont elles sont symptomes. Le secours le plus efficace & le plus prompt pour ces malades empoisonnés, est sans contredit l’émétique. Aétius, Paul d’Egine, Dioscoride, &c. s’accordent tous à le prescrire, nullement retenus par la causticité qu’ils attribuent à cette plante ; dès que l’émétique a fini son effet, ils conseillent l’hydromel pris abondamment ; le lait, les huileux, les frictions, les douches, les embrocations avec des remedes chauds & pénétrans, celles qu’on fait avec l’huile, excellentes en général dans les convulsions, ne seroient pas employées sans succès : les bains d’hydrelœum, ou d’un mélange d’huile & d’eau, sont aussi très-convenables ; mais il faut avoir soin de frotter & d’oindre le malade au sortir du bain. Du reste, on peut ici employer les toniques, les nervins, les anti-spasmodiques, les amers, le quinquina, le sel sédatif, & tous les médicamens fétides compris dans la classe des anti-hystériques.

Ris sardonique, se prend aussi souvent dans le figuré pour exprimer un ris qu’on est obligé d’affecter sans en avoir le moindre sujet, ou lorsqu’on auroit plutôt lieu d’être triste ou en colere ; tel est l’état d’un homme qui entend raconter une histoire plaisante dont il est lui-même l’objet anonyme & inconnu tourné en ridicule, comme dans les fourberies de Scapin le bon homme Géronte est forcé à rire par le récit de la tromperie qu’on vient de lui faire ; tel est aussi le cas d’un homme qui veut faire paroître du courage en riant lui-même le premier, ou feignant de rire du ridicule dont on le couvre, comme il est arrivé à certain histrion, aristarque de profession, qui bafoué justement en plein théâtre, affecta de mêler ses ris aux éclats qui partoient de toute part ; mais il avoit mangé de la sardoine, & il ne rioit que du bout des levres. (m)

Ris, s. m. (Hist. nat. Botan.) Voyez Riz.

Ris, (Marine.) rang d’œillets, avec des garcettes qui sont en-travers d’une voile, à une certaine hauteur. Les garcettes servent à diminuer les voiles par le haut, quand le tems est mauvais ; ce qui s’appelle prendre un ris. Voyez Prendre un ris.

Ris de veau, terme de boucherie ; glande qui est sous l’ésophage des veaux ; elle a deux parties, l’une qu’on appelle autrement la fagoue, qui est blanche & ridée, & l’autre la gorge. C’est une glande que les médecins appellent dans le corps humain thymus. (D. J.)

RISANA, (Géog. mod.) ville de la Dalmatie, sur la côte du golphe de Venise, au fond du golphe Cataro. Les Turcs l’ont ruinée. (D. J.)

RISANO, le, (Géog. mod.) riviere d’Italie, dans l’Istrie. Elle se jette dans le golphe de Trieste, environ à 3 milles de la ville de Capo-d’Istria. Cette riviere est le Formio des anciens. (D. J.)

RISBAN, s. m. (Hydraul.) est un fort de maçonnerie construit dans la mer sur lequel on place de l’artillerie pour la défense d’un port. Tel étoit le fa-

meux risban bati par Louis XIV. au milieu des jettées

qui conduisoient à Dunkerque, & qui a été démoli à la paix de 1712. Ce risban étoit de forme triangulaire, avec de belles cazernes pour 100 hommes de garnison, deux grandes citernes, des magasins pour les munitions de guerre & de bouche, une communication avec la ville, & trois rangs de batterie sur son rempart, où l’on pouvoit mettre 54 pieces de canon. (K)

RISBERME, s. f. (Hydraul.) est une retraite en talus que l’on donne au-delà & au pié de la jettée d’un port pour en assurer les fondations contre les courans d’eau ou affouillemens de la mer. On remplit cet espace de fascines & de grillages, dont les compartimens sont arrêtés par des plançons, & remplis de pierres dures pour les entretenir plus solidement. (K)

RISCUS, s. m. (Littérat.) ce mot signifie quelquefois chez les Romains un coffre, un bahut couvert de peau ; d’autres fois il se prend pour un panier d’osier ou de jonc pour mettre du linge, & d’autres fois pour une espece d’armoire taillée dans le mur d’une maison, & qui servoit pareillement pour y serrer du linge, & autres effets de ménage. (D. J.)

RISENBOURG, (Géog. mod.) petite ville de Prusse, sur la Liebe, avec un château, près de Freystad ; elle étoit autrefois la résidence des évêques de Poméranie. (D. J.)

RISIBILITÉ, (Logiq.) faculté de rire ; tout le monde répete après Aristote, que c’est le propre de l’homme ; cependant en soutenant cette proposition, on avance une chose assez obscure, & peut-être très-contestable ; car si l’on entend par risibilité, le pouvoir de faire l’écartement des angles des lévres, qui a lieu quand on rit, il ne seroit pas, je pense, impossible de dresser des bêtes à y parvenir. Si on comprend dans le mot risibilité, non-seulement le changement que le ris fait dans le visage, mais aussi la pensée qui l’accompagne & qui le produit ; & que par conséquent l’on entende par risibilité, le pouvoir de rire en pensant, toutes les actions des hommes deviendront des propriétés de cette maniere, parce qu’il n’y en a point qui ne soient propres à l’homme seul, si on les joint avec la pensée ; telle sera l’action de marcher, de manger, parce que l’homme pense en marchant & en mangeant ; cependant encore ces exemples ne seront pas certains dans l’esprit de ceux qui attribuent des pensées aux bêtes. (D. J.)

RISIGALLUM, s. m. (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs à l’arsenic d’un jaune vif ou rouge. Voyez Réalgar.

RISQUE, s. m. (Gramm.) c’est le hazard qu’on court d’une perte, d’un dommage, &c. Voyez Hazard.

Il y a un grand risque à prêter son bien à crédit aux grands seigneurs, aux femmes non-autorisées par leurs maris, & aux enfans mineurs.

Skinner fait venir ce mot du terme espagnol risco, roide ; Covarruvias le dérive de rigeo ; dans le grec barbare on dit ριζικαρω pour periclitor, je hazarde, & ριζικον pour lot ou hazard, Skinner croit que ces mots, aussi-bien que le mot risque, peuvent être déduits de ριοτοω, αναρρεπτω τον κυϐον, je jette le dé.

Pour prévenir le risque que courent sur mer les marchandises & envois, on a coutume de les faire assurer. Voyez Police d’assurance.

Le risque de ces marchandises commence au tems où on les porte à bord. C’est une maxime constante que l’on ne doit jamais risquer tout sur un seul fond, ou sur le même vaisseau ; cette maxime apprend à ceux qui assurent, qu’ils doivent agir en cela avec beaucoup de prudence, & ne pas trop hazarder sur un vaisseau unique, attendu qu’il y a moins de risque à courir sur plusieurs ensemble que sur un seul.