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pée de Paris, sous le nom de massa liquiritia alba & mollis, est de cette derniere espece.

On trouve dans les pharmacopées un autre suc de réglisse blanc, préparé avec la réglisse en poudre, l’iris de Florence aussi en poudre, l’amidon, du sucre, une gomme, &c. auquel quelques auteurs ont donné le nom de confection de Rebecha. Ce remede est absolument inutile, & on l’a abandonné avec juste raison ; car certainement un remede destiné à être roulé dans la bouche comme tous ces sucs qui sont des especes de loocs (voyez Looc), ne doit point être pulvérulent.

La racine de réglisse entre dans la composition d’un grand nombre de remedes officinaux, béchiques ou purgatifs.

Toutes les especes de sucs, soit simples soit composés, dont nous venons de faire mention, sont d’un usage très-commun dans la toux & les maladies du gosier, étant roulés doucement dans la bouche jusqu’à ce qu’ils aient été dissous & avalés avec la salive. Ces remedes sont regardés comme éminemment pectoraux ou béchiques, incrassans & adoucissans. Voyez Incrassant & Pectoral. (b)

RÉGLOIR, s. m. terme de Cordonnier ; c’est un petit instrument de bois ou d’os, dont se servent les Cordonniers & Savetiers. Trévoux.

Régloir, terme d’Epicier Cirier ; c’est un morceau de bouis en forme de petite regle, sur laquelle leur nom est gravé, dont ils se servent pour marquer leurs cierges. Trévoux.

Régloir, terme de Papetier, outil de Papetier pour régler le papier en blanc. Il est composé d’une planchette quarrée très-mince, sur laquelle des cordes à boyau forment de part & d’autre des parallélogrammes de diverses grandeurs, suivant le format du papier ; car ils en ont pour des in-folio, des in quarto, des in-octavo, &c. Ce régloir se met au milieu du cahier qu’on veut régler, qui prend l’impression des cordes sur lesquelles on passe un petit outil à deux dents ordinairement de bouis ou d’ivoire. Dictionnaire du Commerce. (D. J.)

RÉGLURE, s. f. terme de Libraire, ce mot se dit des regles qu’on fait sur le papier & sur les livres en blanc. Les banquiers en cour de Rome sont obligés à la réglure de leurs registres, & ne doivent écrire que dans les intervalles de la réglure. Trévoux. (D. J.)

REGNANT, adj. (Gramm.) se dit d’un roi ou d’une reine qui sont actuellement sur le trône : le Roi regnant, la Reine regnante. Voyez Roi & Reine.

REGNE, EMPIRE, s. m. (Gram. Synonymes.) Empire a une grace particuliere, lorsqu’on parle des peuples ou des nations. Regne convient mieux à l’égard des princes : Ainsi on dit, l’empire des Assyriens, & l’empire des Turcs, le regne des Césars, & le regne des Paléologues.

Le premier de ces mots, outre l’idée d’un pouvoir de gouvernement ou de souveraineté, qui est celle qui le rend synonyme avec le second, a deux autres significations, dont l’une marque l’espece, ou plutôt le nom particulier de certains états ; ce qui peut le rendre synonyme avec le mot de royaume ; l’autre marque une sorte d’autorité qu’on s’est acquise ; ce qui le rend encore synonyme avec les mots d’autorité & de pouvoir. Il n’est point ici question de ces deux derniers sens ; c’est seulement sous la premiere idée, & par rapport à ce qu’il a de commun avec le mot de regne, que nous le considérons à présent, & que nous en faisons le caractere.

L’époque glorieuse de l’empire des Babyloniens, est le regne de Nabucodonozor ; celle de l’empire des Perses, est le regne de Cyrus : celle de l’empire des Grecs, est le regne d’Alexandre : & celle de l’empire des Romains, est le regne d’Auguste.

Le mot d’empire s’adapte au gouvernement dome-

stique des particuliers, aussi-bien qu’au gouvernement public des souverains ; on dit d’un pere, qu’il a un empire despotique sur ses enfans ; d’un maître, qu’il exerce un empire cruel sur ses valets ; d’un tyran, que la flatterie triomphe, & que la vertu gémit sous son empire. Le mot de regne ne s’applique qu’au gouvernement public général, & non au particulier ; on ne dit pas qu’une femme est malheureuse sous le regne, mais bien sous l’empire d’un jaloux. Il entraîne même dans le figuré cette idée de pouvoir souverain & général ; c’est par cette raison qu’on dit le regne, & non l’empire de la vertu ou du vice ; car alors, on ne suppose ni dans l’un ni dans l’autre, un simple pouvoir particulier, mais un pouvoir général sur tout le monde, & en toute occasion. Telle est aussi la raison qui est cause d’une exception dans l’emploi de ce mot, à l’égard des amans qui se succedent dans un même objet, & de ce qu’on qualifie du nom de regne, le tems passager de leurs amours ; parce qu’on suppose que selon l’effet ordinaire de cette passion, chacun d’eux a dominé sur tous les sentimens de la personne qui s’est successivement laissé vaincre.

Ce n’est ni les longs regnes, ni les fréquens changemens qui causent la chûte des empires, c’est l’abus de l’autorité.

Toutes les épithetes qu’on donne à empire, pris dans le sens où il est synonyme avec regne, conviennent aussi à celui-ci ; mais celles qu’on donne à regne, ne conviennent pas toutes à empire, dans le sens même où ils sont synonymes. Par exemple, on ne joint pas avec empire, comme avec regne, les épithetes de long & de glorieux ; on se sert d’un autre tour de phrase pour exprimer la même chose.

L’empire des Romains a été d’une plus longue durée que l’empire des Grecs : mais la gloire de celui-ci a été plus brillante par la rapidité des conquêtes. Le regne de Louis XIV. a été le plus long, & l’un des plus glorieux de la monarchie françoise. Synonymes de l’abbé Girard. (D. J.)

REGNER, v. n. (Gram.) régir, gouverner, commander souverainement à un peuple. L’art de régner est le plus grand de tous les arts : le mot régner a quelques acceptions métaphoriques : on dit un péristil regne tout autour de l’édifice ; l’hyperbole regne dans son discours ; le sage regne sur ses passions ; les ténebres régnoient sur la terre ; ce goût bisarre des petites choses qui regne si généralement aujourd’hui, ne régnera pas long-tems.

REGNI, (Géog. anc.) peuples de la grande Bretagne : Ptolomée, liv. II. c. iij. les place au midi des Attrebatii & des Cantii : on croit qu’ils habitoient le Surrey. (D. J.)

REGNICOLE, s. m. (Jurisprud.) ce terme pris dans son étroite signification, ne présente d’autre idée que celle d’une personne qui demeure dans le royaume.

Néanmoins dans l’usage on a attaché une autre idée au terme de regnicole ; & l’on entend par-là celui qui est né sujet du roi.

Cette qualité de regnicole, est opposée à celle d’aubain ou étranger.

Pour être regnicole dans le sens où l’on prend ordinairement ce terme, il ne suffit pas de demeurer dans le royaume ; le séjour que l’on y feroit, quelque long qu’il fût, ne donneroit pas la qualité de regnicole à celui qui seroit aubain.

La naissance est le seul moyen par lequel on peut devenir vraiment regnicole : car on n’est regnicole que quand on est naturel du pays, & que l’on est né sujet du roi.

On distingue donc celui qui est sujet & citoyen d’un pays, de celui qui n’en est simplement qu’habitant, & l’on donne ordinairement pour principe de