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cette distinction la loi 7. au code de incolis, qui porte que cives origo, domicilium incolas facit.

Les Romains appelloient donc citoyens, ceux que nous appellons regnicoles ; mais ils avoient des idées différentes des nôtres sur ce qui constitue un homme citoyen ou regnicole.

La naissance faisoit bien le citoyen, mais cette qualité de citoyen ne dépendoit pas du lieu où l’enfant étoit né ; soit que sa naissance dans ce lieu fût purement accidentelle, soit que ses pere & mere y eussent constitué leur domicile ; le fils étoit citoyen du lieu d’où le pere tiroit lui-même son origine : filius civitatem ex quâ pater ejus naturalem originem ducit, non domicilium sequitur, dit la loi adsumptio, §. filius, ff. ad municip. & de incol.

Pour connoître l’origine du fils on ne remontoit pas plus haut que le lieu de la naissance du pere : autrement, dit la glose, il auroit fallu remonter jusqu’à Adam.

La naissance de l’enfant dans un lieu ne le rendoit donc pas pour cela citoyen de ce lieu ; il étoit citoyen du lieu où son pere étoit né, & ce pere tiroit lui-même son origine non du lieu où il étoit né, mais de celui de la naissance de son pere ; de sorte que le fils étoit citoyen romain si son pere étoit né à Rome, & celui-ci étoit citoyen de Milan, si son pere étoit né à Milan.

Le domicile du pere dans un lieu au tems de la naissance de l’enfant, n’entroit point en considération pour rendre l’enfant citoyen de ce lieu-là ; parce que, comme dit la loi 17. ff. ad municip. in patris personâ, domicilii ratio temporaria est : le domicile actuel étoit toujours regardé comme purement accidentel & momentané.

En France la qualité de regnicole s’acquiert par la naissance, & ce n’est point le lieu de l’origine ni du domicile du pere, que l’on considere pour déterminer de quel pays l’enfant est citoyen & sujet, c’est le lieu dans lequel il est né ; ainsi toute personne née en France, est sujette du roi & regnicole, quand même elle seroit née de parens demeurans ailleurs, & sujets d’un autre souverain.

Les droits attachés à la qualité de regnicole, sont les mêmes que les droits de cité : ils consistent dans la faculté de plaider en demandant sans donner la caution judicatum solvi, à pouvoir succéder & disposer de ses biens par testament, posséder des offices & des bénéfices dans le royaume.

Au contraire les aubains ou étrangers sont privés de tous ces avantages, à-moins qu’ils n’ayent obtenu des lettres de naturalité ; auquel cas ils deviennent regnicoles, & sont réputés naturels françois. Voyez Bacquet, du droit d’aubaine, chap. j. & les mots Aubain, Aubaine, Etranger, Naturalisation, Naturalité. (A)

REGNIENS, (Hist. anc.) peuple de l’île de la grande Bratagne, qui occupoient du tems des Romains les provinces appellées depuis Surrey, Sussex, & les côtes de Hampshire.

REGNUM, s. m. (Littérature.) ce terme dans l’histoire du bas Empire & dans celle de France a été employé pour désigner une couronne. Il étoit d’usage d’envoyer des couronnes à certains princes. Chilperic en envoya une à Eudes, duc d’Aquitaine, pour le mettre dans ses intérêts, & l’engager à se déclarer contre Charles Martel. On a mis en question, si le don de ce regne ou de cette couronne devoit être regardé comme un présent gratuit, ou comme une reconnoissance tacite de la souveraineté de celui à qui on l’envoyoit. Le P. le Cointe a décidé qu’il ne s’agissoit que d’un simple présent sans attribution de souveraineté. M. de Valois a soutenu au contraire, mais avec moins de vraissemblance, que la reconnoissance de la souveraineté étoit attachée à cette couronne.

Quoi qu’il en soit, il est évident que dans quelques historiens le mot regnum conserve encore son ancienne signification, royaume, indépendance, souveraineté, & qu’en d’autres, par une acception particuliere, ce terme ne signifie plus qu’un présent d’un grand prix que se faisoient les personnes d’un certain rang, & qui consistoit ordinairement en de riches couronnes.

C’est à celui qui veut faire usage de pareilles autorités, à bien étudier le langage ordinaire de son auteur, & par rapport au tems où il a écrit, & par rapport au sujet dont il traite ; à bien examiner ce qui précede & ce qui suit, pour déterminer ensuite, eu égard aux vérités historiques connues, le sens naturel de certains mots que l’ignorance ou le mauvais usage ont extrèmement détournés de leur ancienne & véritable signification. (D. J.)

Regnum, (Géog. anc.) ville de la grande Bretagne. L’itinéraire d’Antonin, iter. 7, la met à 96 milles de Londres ; on croit que c’est présentement Rinewood. M. Thomas Gale soupçonne que c’étoit une colonie venue de la ville Regium ou Reginum dans la Rhétie. Les habitans de cette ville & de son territoire sont appellés Regni par Ptolomée. (D. J.)

REGONFLEMENT, s. m. REGONFLER, v. n. (Gramm.) ils se disent des eaux qui rencontrent un obstacle, des humeurs arrêtées, en un mot de tout fluide. Voyez Gonfler.

REGORGEMENT, s. m. REGORGER, v. n. se dit en Chirurgie de la sortie involontaire & continuelle de l’urine, dans le cas de rétention de ce fluide lorsque la vessie est portée au dernier degré d’extension. Le regorgement est un symptome qui trompe tous les jours les gens qui n’ont pas d’expérience. Ils n’imaginent pas qu’il y ait rétention des urines, puisqu’elles coulent continuellement ; & ils se croient dispensés de mettre la sonde dans la vessie, quoique ce soit le principal secours qui convienne aux malades dans ce cas. Voyez Rétention d’urine. (Y)

REGORGER, v. n. (Hydraul.) se dit de l’eau d’un bassin qui ne pouvant se vuider par le tuyau de décharge à mesure que l’eau y vient, est contrainte de passer par-dessus les bords.

Ce terme s’applique encore à un lit de cailloux de vigne qu’on emploie dans une chemise de ciment, & qui doivent être si garnis de mortier, qu’ils en regorgent de tous côtés. (K)

REGOURMER, v. n. (Gram. & Maréchal.) gourme de rechef. Voyez Gourme.

REGOÛTER, v. act. (Gram.) goûter un seconde fois. Voyez Goût & Goûter.

REGRAT, s. m. (Comm.) petit négoce qui se fait en détail & à petites mesures de certaines especes de marchandises, particulierement des grains & légumes, du sel, du charbon, &c.

Regrat se dit aussi de la place ou commission du regrattier, sur-tout pour ceux qui vendent du sel à la petite mesure. Voyez Regrattier. Dictionn. de Comm. & Trév.

REGRATTER, v. n. faire le regrat, vendre en détail & à petites mesures.

Regratter, v. act. (Architect.) c’est emporter, avec le marteau & la ripe, la superficie d’un vieux mur de pierre de taille pour le blanchir.

REGRATTERIE, s. f. trafic de choses que l’on achete pour revendre. Id. ibid.

REGRATTIER, s. m. (Négoce de blé.) on appelle regrattiers ou blattiers de petits marchands qui achetent une médiocre quantité de blé pour le revendre d’un marché à l’autre ; voici comme ils en usent pour augmenter la mesure du grain, sur-tout lorsqu’il est bien sec : il prennent un gros grès qu’ils font rougir au feu, puis ils le mettent dans une boîte de fer qu’ils fourent au milieu du monceau de blé, & l’arrosent